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Québec : dépôt d'un projet de loi controversé sur la laïcité

Le gouvernement du Québec a déposé jeudi un projet de loi controversé sur la laïcité de l'Etat, qui prévoit l'interdiction du port de signes religieux à certains fonctionnaires, dont les policiers, les juges et les enseignants.
Selon ce projet de loi, les fonctionnaires en position d'autorité devront aussi "exercer leurs fonctions à visage découvert".
Une personne désirant recevoir un service de l'Etat devra avoir le visage découvert "pour permettre la vérification de son identité ou pour des motifs de sécurité", a indiqué le ministre de l'Immigration Simon Jolin-Barrette devant l'Assemblée provinciale.
"Certains trouveront que nous allons trop loin, d'autres pas assez. Pour notre part, nous sommes convaincus d'avoir trouvé le juste équilibre", a-t-il déclaré plus tard lors d'une conférence de presse, précisant "qu'aucun accommodement ne pourrait être accordé en ce qui concerne l'interdiction de porter un signe religieux".
Le crucifix présent dans la salle principale de l'Assemblée nationale du Québec sera déplacé dans une autre salle du bâtiment si le projet de loi est approuvé, selon une motion votée à l'unanimité par les députés.
L'interdiction prônée par le projet de loi, s'il est adopté, ne sera pas rétroactive et ne s'appliquera donc pas aux personnes portant déjà un signe religieux dans le cadre de leurs fonctions tant que celles-ci conservent "la même fonction dans la même organisation", a précisé M. Jolin-Barrette.
"Je veux que ce débat se fasse sans dérapage, ou avec le moins de dérapage possible", a souligné peu avant le dépôt du projet de loi le Premier ministre du Québec, François Legault, arrivé au pouvoir en octobre 2018 avec la promesse d'interdire le port de signes religieux pour les employés de l'Etat en position d'autorité et de réduire l'immigration.
"Ce projet de loi constitue un véritable geste d'affirmation. Il s'agit d'inscrire pour la toute première fois dans les lois du Québec le principe de laïcité de l'Etat", a-t-il fait valoir.
Ce projet de loi est la quatrième tentative en un peu plus d'une décennie d'inscrire dans la loi le principe de neutralité religieuse de l'Etat québécois.

"Impensable"
Cette promesse de campagne de M. Legault est venue relancer un débat qui déchire depuis plus de dix ans le Québec et que les précédents gouvernements du Parti libéral et du Parti Québécois n'ont jamais tranché.
Pour parvenir à ses fins, le nouveau gouvernement provincial invoque une clause constitutionnelle qui lui permet de soustraire, pour une période de cinq ans, son projet de loi de l'application de la Charte canadienne des droits et libertés. Or ce document constitutionnel garantit "la liberté de religion" et, à ce titre, le port de signes religieux ostentatoires.
Le projet de loi est aux antipodes des positions défendues par le Premier ministre libéral du Canada, Justin Trudeau, chantre du multiculturalisme.
"Pour moi, il est impensable que dans une société libre, nous légitimions la discrimination contre des citoyens en raison de leur religion", a réagi le Premier ministre canadien Justin Trudeau à la suite du dépôt du projet de loi, qu'il a reconnu n'avoir pas encore lu.
Le gouvernement québécois n'a pas proposé de définition claire des signes religieux, préférant invoquer le "sens commun" pour cibler "tous les signes religieux de toutes les religions", selon M. Jolin-Barrette.
Le Parti libéral du Québec (opposition) a décrié le manque de temps donné aux députés pour débattre de cet enjeu de société "complexe", la session parlementaire se terminant en juin.
"Pensez-vous vraiment qu'on ne parlera plus de l'importance du vivre-ensemble ? Pensez-vous qu'on va avoir réglé toutes les questions par rapport à ce vivre-ensemble et cette inclusion ? C'est totalement utopique", a déclaré Hélène David, porte-parole du Parti libéral du Québec.
Le projet de loi est déjà contesté par des directions scolaires et des syndicats d'enseignants, qui n'entendent pas se conformer à cette interdiction.

Le gouvernement du Québec a déposé jeudi un projet de loi controversé sur la laïcité de l'Etat, qui prévoit l'interdiction du port de signes religieux à certains fonctionnaires, dont les policiers, les juges et les enseignants.Selon ce projet de loi, les fonctionnaires en position d'autorité devront aussi "exercer leurs fonctions à visage découvert".Une personne désirant recevoir un...