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Culture - Festival

Parce qu’on a tous un besoin énorme de cinéma(s)...

Ayyam Beirut Cinemai’ya, ou les Journées cinématographiques de Beyrouth, fêtent leurs 20 printemps. Vingt ans depuis que ce noyau de jeunes cinéastes a voulu créer ce festival pour faire entendre la voix du 7e art libanais et arabe. La fougue est la même, la passion aussi. La preuve est tangible, palpable. En films.

Jad Abi Khalil, Maya de Freige, Zeina Sfeir, Jessica Khoury et Hania Mroué lancent le programme de la Semaine du cinéma de Beyrouth au cours d’une conférence au Bristol. Photo Michel Sayegh

Plus que jamais, les associations qui œuvrent pour un cinéma nouveau au Liban sont unies. Plus que jamais, elles joignent leurs efforts, afin de restaurer un 7e art naissant, grandissant, florissant et vibrant. Aujourd’hui, l’heure est au combat. Plus on est nombreux, plus on est fort et plus on peut défier les adversités. Et elles sont nombreuses, entre guerres et conflits qui traversent le monde arabe et absence de soutien financier à l’industrie du film, sans compter le manque de curiosité de certaines classes pour ce qu’on appelle communément le cinéma d’art et d’essai. Dans les pays développés et riches, c’est en général le ministère de la Culture qui pourvoit à ces manques et est présent pour soutenir tout bon projet cinématographique. Pour les pays du tiers-monde, ce n’est pas le cas, et seules la volonté, la passion, la persévérance de certains « illuminés du cinéma » sont le moteur de cette machine infernale mais tellement enrichissante.

Les Journées cinématographiques de Beyrouth ont dévoilé leurs activités hier au Bristol. Aujourd’hui, ce festival regroupe sous le titre de la « Semaine du Cinéma à Beyrouth » des activités multiples et des projets différents, issus de l’association Beyrouth DC, de la Fondation Liban Cinéma ainsi que de l’association Metropolis. Mais avant toute chose, ces journées accueillent des films de jeunes talents venus des quatre coins du monde arabe. Les films de cette cuvée 2019, qui traitent des problèmes de cet Orient si compliqué, sont nombreux, et le choix difficile, mais on retiendrait, certainement, comme temps fort, l’ouverture du festival avec le documentaire du réalisateur syrien Talal Derki, Of Fathers and Sons, qui avait été choisi pour représenter la Syrie aux Oscars, dans la catégorie documentaire. Le film de clôture Yomeddine, du réalisateur égyptien Abu Bakr Shawky, sera projeté le 6 avril. Ce premier long-métrage de Shawky avait été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2018.


(Lire aussi : De l’écriture jusqu’à l’écran : quand le cinéma libanais se retrousse véritablement les manches...)


Cinq productions égyptiennes, dont le documentaire Amal du réalisateur Mohammad Siam ; des œuvres du Maghreb ; des films de jeunes talents libanais, comme The Swing de Cyril Aris, et d’autres expérimentaux, dont le Erased, Ascent of the Invisible de Ghassan Halawani, figurent aux côtés du documentaire Warda – une rose ouverte du très confirmé Ghassan Salhab.

Dans la section « Un regard sur Gaza », on notera le film Samouni Road du réalisateur italien Stefano Savona, qui a remporté l’Œil d’or (prix du meilleur documentaire) lors de la 71e édition du Festival de Cannes. Enfin, un hommage sera rendu à la réalisatrice Jocelyne Saab, décédée en janvier dernier, avec une table ronde modérée par le cinéaste Hady Zaccak à Dar el-Nimer. Y participeront Fawwaz Traboulsi, Michèle Tyan et Malak Mroueh, qui porteront trois regards différents sur le parcours de la cinéaste disparue. Une soirée spéciale de clips musicaux clôturera le festival à l’espace KED à la Quarantaine. « Les projections auront lieu dans les salles du Metropolis Empire Sofil, alors que les films portant sur la Palestine seront diffusés à Dar el-Nimer. D’autres se dérouleront aussi à la Lebanese American University (LAU), afin d’encourager la visibilité de ces films par les étudiants, a dit Jessica Khoury, directrice exécutive des Journées cinématographiques de Beyrouth. Nous sommes aussi contents cette année d’accueillir de nouveaux pays comme le Soudan et de nous décentraliser, puisque nous allons vers le cinéma Ishbilia de Saïda et à la Hammana Artist House. »


(Pour mémoire : Comment gifler l’intelligence des Libanais...)


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Ils ont dit


Zeina Sfeir, directrice artistique d’Ayyam :

Les Journées cinématographiques de Beyrouth sont nées d’un rêve commun à Éliane Raheb, Dimitri Khodr et Hania Mroué. D’un besoin intense que le cinéma parle de nous et de notre identité culturelle. Il se tenait d’abord tous les deux ans, vu la pauvreté de la production cinématographique. Les festivals qui ont été créés au Moyen-Orient ayant par la suite soutenu cette industrie, un certain essor a pointé à l’horizon. Mais vite, et dû aux circonstances de la région, les festivals arabes ont cessé. Nous, nous avons su résister et nous sommes là pour longtemps encore grâce aux partenariats qu’on a créés au cours des années et à cette vision unique qui ne nous lâche plus.


Maya de Freige, présidente de la FLC :

La Fondation Liban Cinéma, fidèle à son partenariat avec Beirut DC et Metropolis depuis 4 ans, a tenu à redonner un souffle nouveau à ses activités. Cela se matérialise par ces projets : du 27 au 29 mars, une collaboration avec Torino Film Lab (TFL), véritable laboratoire d’apprentissage pour les talents qui en sont à leur premier ou deuxième film. Cette année, c’est la productrice Greta Nordio qui partage son expérience avec six porteurs d’un projet scénaristique en développement. Ce rendez-vous sera désormais annuel. Du 25 au 29 mars, les ateliers d’écriture se poursuivent sous l’égide de l’Institut français pour la 9e année consécutive. Le porteur du meilleur projet décrochera une résidence d’artistes à la Cité des arts, à Paris. Enfin du 1er au 4 avril, l’association Film Independent présente en la personne du réalisateur Aaron Katz un cycle d’apprentissage dans la direction d’acteurs. 20 réalisateurs ont soumis leur demande de participation et nous n’en avons refusé aucune. De plus, une autre collaboration s’inscrit cette année avec Medienboard, le centre cinématographique en Allemagne qui offre une résidence à un artiste pour deux mois afin de développer son scénario à Berlin. Je profite de cette occasion pour annoncer une nouvelle coproduction avec la Belgique, avec un accord qui sera signé, j’espère, dans les jours à venir. Enfin, un comité qui regroupe six centres cinématographiques de six pays arabes qui auront la charge de réfléchir sur les problèmes du cinéma de la région.


Jad Abi Khalil, directeur de la plateforme Cinéma de Beyrouth :

La 4e édition du BCP se tient du 29 au 31 mars. Elle est organisée en collaboration avec Beirut DC et la Fondation Liban Cinema (FLC), en partenariat entre autres avec la Ford Foundation, le British Council, le Doha Film Institute et l’Investment Development Authority du Liban (IDAL), mais aussi avec le soutien d’autres festivals internationaux ou ambassades. Distributeurs ou producteurs venus de différents pays seront présents pour aller à la rencontre de projets cinématographiques en développement ou en postproduction durant trois jours à l’hôtel Bristol. Cette année, nous avons choisi 21 projets venus notamment du Liban, de la Tunisie, d’Égypte, du Soudan, de Jordanie ou de Palestine, et des prix seront offerts à la fin de ces journées.

Également dans le cadre du programme « Good Pitch », un atelier de travail de quatre jours vise à entraîner des personnes désireuses de jouer le rôle de « producteur à impact », un nouveau profil dans le milieu du cinéma qui vise à sonder les audiences capables d’accueillir un projet cinématographique et de l’accompagner dans ce parcours.


Hania Mroué, directrice de l’association Metropolis :

On travaille sur une collaboration avec l’académie cinématographique de Locarno depuis quatre ans déjà afin de créer une plateforme qui apporterait son aide pour que la sortie des films arabes soit assurée dans plusieurs salles, ou que les films soient distribués ailleurs afin qu’ils vivent longtemps et hors festival. Les ateliers de travail auront lieu durant quatre jours en même temps que les ateliers du BCP.



Pour mémoire

Le Liban et son éventail de films hauts en couleur

Plus que jamais, les associations qui œuvrent pour un cinéma nouveau au Liban sont unies. Plus que jamais, elles joignent leurs efforts, afin de restaurer un 7e art naissant, grandissant, florissant et vibrant. Aujourd’hui, l’heure est au combat. Plus on est nombreux, plus on est fort et plus on peut défier les adversités. Et elles sont nombreuses, entre guerres et conflits qui...

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Du haut de la pyramide de mon âge, je pose une question : Qui se souvient du film "Mother India" projeté au cinéma Rivoli depuis plus de 60 ans et qui avait fait pleurer des milliers de spectateurs dont votre serviteur ?

Un Libanais

19 h 05, le 23 mars 2019

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Commentaires (1)

  • Du haut de la pyramide de mon âge, je pose une question : Qui se souvient du film "Mother India" projeté au cinéma Rivoli depuis plus de 60 ans et qui avait fait pleurer des milliers de spectateurs dont votre serviteur ?

    Un Libanais

    19 h 05, le 23 mars 2019

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