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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

Ni l’Inde ni le Pakistan n’ont « intérêt à transformer l’accrochage en véritable guerre »

« L’Orient-Le Jour » a interrogé Karim Pakzad, spécialiste de la région au sein de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

Des manifestants pakistanais criant des slogans nationalistes devant une effigie brûlante du Premier ministre indien Narendra Modi lors d’une manifestation à Quetta le 27 février 2019. Banaras Khan/AFP

Nouveau regain de tension entre l’Inde et le Pakistan. La région du Cachemire, disputée entre les deux pays depuis leur indépendance respective en 1947, a été le théâtre d’affrontements entre les aviations des deux pays.

Au lendemain d’une opération présentée mardi par New Delhi comme une « frappe préventive » contre le camp islamiste du groupe Jaish-e-Mahomet au Pakistan, qui avait revendiqué il y a deux semaines un attentat contre un bus des forces armées indiennes faisant 41 morts, l’armée de l’air pakistanaise a riposté en annonçant hier avoir abattu deux avions indiens qui s’étaient de nouveau introduits dans son espace aérien. Un des pilotes a même été capturé.

Dans ce contexte, malgré le redoublement des tensions, Islamabad et New Delhi ont néanmoins souhaité ne pas voir l’escalade se développer. Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a exprimé son inquiétude et a invité l’Inde à revenir à la table des négociations. Cela n’empêche pas la crainte d’une nouvelle guerre entre les deux puissances nucléaires de hanter bon nombre d’habitants des deux côtés. Plusieurs milliers d’habitants de la région du Cachemire (indien et pakistanais) ont d’ailleurs quitté leurs villages. La communauté internationale dans son ensemble à appelé les deux pays au calme.

Islamabad et New Delhi peuvent-ils entrer en conflit ou cette crise n’est-elle que temporaire ? Le point sur la situation avec Karim Pakzad, spécialiste de la région au sein de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), contacté par L’Orient-Le Jour.


(Lire aussi : Le Pakistan au cœur de l’actualité géopolitique)


Q : Cette crise entre les deux pays diffère-t-elle des précédentes ?

R : Trois guerres ont eu lieu entre l’Inde et le Pakistan depuis 1947 et de nombreux accrochages se sont produits en 1999 près de la ligne actuelle (appelée Kargil) qui sépare les deux pays. Ces accrochages ont fait plusieurs milliers de morts de chaque côté sans qu’il n’y ait de guerre généralisée par la suite. Après cette période, une série de crises ont semé le trouble entre Islamabad et New Delhi après des attentats commis en Inde par des terroristes, dont certains venaient du Pakistan. On peut par exemple citer la prise d’otages de 2008 à Mumbai (Bombay) qui a fait des centaines de morts.

Mais la nouvelle crise qui a émergé ces derniers jours, également due à un attentat, est différente des précédentes, surtout que l’auteur de l’attentat n’est pas pakistanais, mais un Indien kashmiri (venant de la région du Cachemire). Elle se situe aussi dans un contexte de veille d’élections en Inde où le Premier ministre actuel Narendra Modi (conservateur), qui remet son poste en jeu, est en mauvaise posture face à la montée en puissance du Parti du Congrès (opposition). Le chef du gouvernement indien a besoin d’un discours nationaliste afin de mobiliser davantage son électorat. Le problème, c’est que le Pakistan a aussi réagi et a même marqué un point en capturant un pilote indien.

Cette escalade laisse-t-elle craindre un nouveau conflit ?

Aucun des deux acteurs n’a intérêt à aggraver la situation et à transformer cet accrochage en véritable guerre. Cependant, si l’escalade actuelle débouche sur un conflit, plusieurs hypothèses sont envisageables concernant le type d’armes qui pourraient être utilisées. Le Premier ministre pakistanais l’a implicitement reconnu hier en disant qu’Islamabad n’avait « pas intérêt à aller vers une confrontation (…) avec des moyens militaires énormes et notamment des armes nucléaires ». De son côté, l’Inde ne va sûrement pas répondre à la main tendue du Pakistan, synonyme de perte de points pour Modi, à un moment où Narendra Modi a besoin de montrer ses muscles.

Mais, encore une fois, l’éventualité d’une guerre est peu probable, même si on ne peut pas totalement l’écarter d’un revers de la main. L’Inde ne peut cependant maintenir la pression sur le Pakistan jusqu’aux élections, notamment en ce qui concerne le sort du groupe Jaish-e-Mahomet et sa liberté de mouvement dans le Cachemire pakistanais, sans risquer une confrontation militaire généralisée.

Quelles puissances pourraient intervenir et éventuellement calmer le jeu entre New Delhi et Islamabad ?

Plusieurs puissances n’ont pas intérêt à ce qu’un conflit éclate entre New Delhi et Islamabad. Les Américains ne peuvent pas accepter que l’Inde, leur principal allié dans la région, notamment après la détérioration de leurs relations avec le Pakistan, et seul rempart contre la puissance chinoise, soit affaibli. Pékin, qui a également des revendications sur le territoire du Cachemire, n’a pas non plus intérêt à ce que les accrochages débouchent sur une guerre parce qu’elle ne veut pas y être impliquée. L’Arabie saoudite, la Turquie, les Américains, mais aussi les Européens ont enfin appelé les deux parties au calme et n’ont pas envie qu’une quatrième guerre entre deux puissances nucléaires éclate.

Nouveau regain de tension entre l’Inde et le Pakistan. La région du Cachemire, disputée entre les deux pays depuis leur indépendance respective en 1947, a été le théâtre d’affrontements entre les aviations des deux pays.Au lendemain d’une opération présentée mardi par New Delhi comme une « frappe préventive » contre le camp islamiste du groupe Jaish-e-Mahomet au...
commentaires (3)

Des limites?? Avec 2 pays nucléaires? C'est idiot de parler de limite que d'un côté. Il suffirait d'une petite bombinette et c'est fini pour les 2 .

FRIK-A-FRAK

11 h 02, le 28 février 2019

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Commentaires (3)

  • Des limites?? Avec 2 pays nucléaires? C'est idiot de parler de limite que d'un côté. Il suffirait d'une petite bombinette et c'est fini pour les 2 .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 02, le 28 février 2019

  • L’Inde a frappé sans aucune coordination avec le Pakistan, ce qui constitue donc un acte hostile. Le Pakistan ne peut que se défendre face à de tels actes, cela-dit les voilà déjà tendant la main à l’Inde... C’est plutôt à l’Inde de connaître ses limites. Les puissances de la région, notamment l’Inde et l’Iran, devraient se concerter et déterminer une approchr commune à suivre vis-à-vis du Pakistan et du terrorisme présent sur le sol de ce dernier.

    Chady

    11 h 00, le 28 février 2019

  • DEUX TETES CHAUDES ET DANGEREUSES. LE PAKISTAN DEVRAIT SAVOIR SES LIMITES ...

    ECLAIR

    08 h 32, le 28 février 2019

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