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À La Une - Algérie

Malgré la police, nouvelle manifestation à Alger contre un 5e mandat de Bouteflika

Selon Soufiane Djilali, coordinateur du mouvement "citoyen" Mouwatana -à l'origine de l'appel au rassemblement-, "15 cadres" de ce collectif ainsi que "des dizaines de citoyens" ont été interpellés. 



Des manifestants protestent à Alger, le 24 février 2019. AFP / RYAD KRAMDI

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche, malgré un important dispositif policier, dans le centre d'Alger pour s'opposer à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui devait pour sa part s'envoler dans la journée pour des examens médicaux en Suisse.

En ce premier jour de semaine, la mobilisation a été bien plus faible que lors des manifestations massives de vendredi, qui ont surpris par leur ampleur et ont marqué les esprits. Des dizaines de milliers de personnes, répondant à des appels lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux, étaient alors descendues dans la rue, notamment dans la capitale, où les manifestations sont pourtant strictement interdites et où la police, débordée par le nombre, n'avait pu les en empêcher.

Dimanche midi, répondant à l'appel du collectif d'opposition Mouwatana, le petit groupe de protestataires --initialement une cinquantaine-- n'a toutefois cessé de gonfler jusqu'à atteindre plusieurs centaines, malgré les jets de gaz lacrymogènes de la police pour les disperser et des arrestations, selon une journaliste de l'AFP.

Les protestataires ont tenu la rue plusieurs heures avant d'en partir dans l'après-midi. Après leur départ, des petits groupes de jeunes Algériens ont longtemps continué à scander des slogans contre le 5e mandat du président Bouteflika, malgré de nouveaux jets de gaz lacrymogènes de la police. Vers 17H00 (16H00 GMT), l'important dispositif policier déployé depuis le matin dans le centre d'Alger, survolé sans interruption par un hélicoptère, a été considérablement allégé.

Les commerces, qui avaient baissé leur rideau à mesure que gonflait la manifestation et le nombre de policiers anti-émeutes, commençaient timidement à rouvrir. Soufiane Djilali, coordinateur de Mouwatana, a affirmé à l'AFP que "15 cadres" de ce mouvement "citoyen" ainsi que "des dizaines" d'autres personnes" avaient été interpellés. Ce chiffre n'a pas pu être vérifié par l'AFP.


Samedi, le directeur de campagne d'un candidat déclaré à la présidentielle en Algérie, a indiqué que ce dernier a été contraint par la police de quitter Alger samedi, après avoir drainé plusieurs centaines de personnes dans la capitale. Rachid Nekkaz, homme d'affaires de 47 ans, né en France où il a passé l'essentiel de sa vie, s'est rendu dans le centre d'Alger samedi, après l'avoir annoncé sur sa page Facebook suivie par 1,5 million de personnes, pour y récolter une partie des 60.000 parrainages d'électeurs nécessaires pour présenter sa candidature à la présidentielle du 18 avril. "La police m'a contacté pour m'informer qu'ils emmenaient M. Nekkaz à Chlef", à environ 150 km au sud-ouest d'Alger, région où il est domicilié en Algérie, expliqué à l'AFP son directeur de campagne Lotfi Derradji. "Je n'ai pas pu lui parler depuis, son téléphone a été confisqué, on pourra lui parler quand il sera chez lui", a-t-il ajouté.


(Lire aussi : La mobilisation contre Bouteflika change la donne à 2 mois de la présidentielle algérienne)


"Algérie libre et démocratique!"

En France, des centaines de personnes ont également manifesté à Paris, aux cris de "Non au 5e mandat", arborant des drapeaux algériens et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Pouvoir assassin" ou "Système, dégage".

A Alger, la police a tenté d'empêcher le rassemblement de Mouwatana en évacuant avant même qu'il ne débute la Place Audin où une cinquantaine de militants étaient déjà réunis. Ceux-ci se sont alors regroupés aux cris d'"Algérie libre et démocratique!" et "Non au 5e mandat!" sur l'un des principaux axes adjacents du centre de la capitale, où les ont rejoints d'autres manifestants.

Fondé en juin 2018 pour s'opposer à un 5e mandat annoncé, le mouvement "citoyen" Mouwatana, composé d'intellectuels (partis d'opposition, militants associatifs, journalistes, avocats, artistes...), peine traditionnellement à mobiliser au-delà de son milieu d'origine.


(Lire aussi : Manifestations émaillées de heurts à Alger contre un cinquième mandat de Bouteflika)


"Maintenir la pression"

"Vendredi, c'était (une mobilisation) populaire. Mouwatana, c'est un peu plus élitiste", a expliqué à l'AFP le sociologue algérien Nacer Djabi à l'approche de ce rassemblement.

Soufiane Djilali, qui est aussi chef du parti d'opposition Jil Jadid, a lui confié ne pas s'attendre "à une grande foule". "Mais le but est de maintenir la pression contre ce pouvoir", a expliqué ce responsable, qui s'est déjà opposé à un 4e mandat de M. Bouteflika en 2014. La date de dimanche --premier jour de la semaine en Algérie-- avait été choisie, car une rare sortie publique de M. Bouteflika, 81 ans, avait été annoncée ce jour-là, sans jamais être confirmée officiellement.

Affaibli par un AVC dont il a été victime en 2013, le chef de l'Etat, cloué sur un fauteuil roulant, n'apparaît que rarement en public. La présidence a finalement annoncé que M. Bouteflika devait s'envoler dimanche à destination de Genève pour un "court séjour afin d'y effectuer des contrôles médicaux périodiques".

Au pouvoir depuis 1999, M. Bouteflika a mis fin le 10 février à des mois d'interrogations sur ses intentions, en annonçant dans une "lettre à la Nation" qu'il briguerait un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril, scrutin qui est présenté comme joué d'avance.

Dimanche, un vent de révolte a également soufflé sur la radio nationale algérienne: des journalistes ont dénoncé le silence imposé à l'antenne par leur hiérarchie sur les manifestations massives de vendredi, dont les médias audiovisuels publics n'ont pas fait état. Dans une lettre, ils ont notamment fustigé le "non-respect de la neutralité dans le traitement de l'information au sein" des rédactions de la radio et "le traitement exceptionnel" réservé au camp présidentiel au détriment de l'opposition.


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commentaires (1)

Cette réélection c'est le comble caricaturale du sordide et de l'ironie. C'est pitoyable , mais on en rit .

FRIK-A-FRAK

17 h 30, le 24 février 2019

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Commentaires (1)

  • Cette réélection c'est le comble caricaturale du sordide et de l'ironie. C'est pitoyable , mais on en rit .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 30, le 24 février 2019

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