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Culture - Concert

Hot 8 Brass Band : « Comme chez vous, Libanais, notre joie de vie exulte dès qu’on en a l’occasion... »

Voilà vingt ans que ce groupe formé à La Nouvelles-Orléans brave les tempêtes de la vie en y opposant ses sonorités festives, fabriquées dans (et pour) la rue, et où se mêlent soul, jazz et R&B. Interview avec le trompettiste du groupe, Chris Cotton, quelques jours avant un concert à Beyrouth*, à l’initiative de Liban Jazz, dimanche 24 février.

Hot 8 Brass Band, des musiciens venus de La Nouvelle-Orléans.

À la croisée du R&B, du jazz, du rap et du funk, comment décrivez-vous la singularité de votre son ?

Il est évident que nos sonorités découlent de la fusion de ces genres musicaux ainsi que de nos diverses influences. Mais leur singularité provient surtout du fait que nous formons un groupe uni, soudé par le temps et une histoire partagée. Au bout de 20 ans, nous sommes un peu comme une famille…

Avec l’évolution du marché de la musique, croyez-vous encore aux groupes qui démarrent spontanément sur les bancs de l’école, comme cela a été votre cas à vous ?

Il y a de la place pour tout le monde. Reste à savoir quelles sont les raisons qui motivent une personne à faire de la musique le centre de sa vie et surtout ce qu’elle est capable d’endurer pour faire fleurir sa passion. Car le chemin vers la reconnaissance reste long et ardu, et le succès ne vient que lorsqu’on travaille dur. Sauf que ce succès-là ne doit jamais être le moteur. L’essence de la musique, en tout cas la nôtre, est de véhiculer des émotions fortes, qu’elles soient joyeuses ou tristes.

Vous avez fait face à des épreuves difficiles tout au long de votre parcours, notamment la mort de l’un de vos musiciens et un accident grave qui a coûté l’usage de ses jambes à un autre. Quel impact ont-elles eu sur votre musique ?

Tout au long de notre vie en Louisiane, avec ce qu’on a dû affronter comme aléas, que ce soit les ouragans ou les guerres de gangs, la misère est une partie intégrante de nous et, bien sûr, de notre musique. Nous jouons autant dans les parades que dans des funérailles, surtout que l’on a vu beaucoup de nos amis partir, emportés par les tempêtes et la violence. Tout cela est gravé dans notre musique, et je le ressens à chaque fois que je souffle dans mon instrument.

Malgré ces tragédies, votre musique reste un appel à la fête. Comment l’expliquez-vous ?

Comme c’est le cas chez vous au Liban, quand nous vivons des moments difficiles, notre joie de vivre exulte dès que nous en avons l’occasion. Nous apprenons à relativiser les choses de la vie. Je crois qu’il ne faut jamais arrêter de s’aimer, rire, danser et partager ces moments, surtout.

Comment trouvez-vous

votre équilibre à huit ?

Nous jouons à 5, à 8, il nous est même arrivé d’être 15. Le nombre n’a vraiment pas d’importance, c’est la musique qui compte. Ces moments de communion nous permettent de partager des émotions sincères.

Vous avez l’habitude de réinventer des chansons, votre célèbre reprise du « Sexual Healing » de Marvin Gaye, ou des titres de Sade, Joy Division et Stevie Wonder. Quelle place ont ces reprises dans votre répertoire?

L’histoire du R&B, de la pop et de la soul noire a façonné notre style. Il est important pour nous d’interpréter le répertoire des artistes que nous admirons. Dernièrement, après avoir collaboré avec Lauren Hill et Mary J. Blige, nous jouons souvent leurs chansons ainsi qu’un titre de Bob Marley. Nosu y prenons beaucoup de plaisir. Notre répertoire live n’est jamais défini à l’avance. Nous dressons la liste des chansons selon l’inspiration, avec pour seul but de faire du bien à ceux qui nous écoutent.

Votre musique est en quelque sorte façonnée par les parades et donc la rue. Comment vivez-vous ces rencontres avec le public?

Se retrouver dans la rue nous rapproche inévitablement des gens qui nous écoutent. Nous avons aussi la chance de nous produire sur les plus belles scènes du monde. Il y a quelques jours, nous étions au Roundhouse à Londres devant des milliers d’auditeurs, et je peux vous dire qu’ils ont tous fini la soirée sur scène avec nous !

Quel est votre lien avec La Nouvelle-Orléans?

C’est tout simplement notre « hometown », là où se trouvent nos familles.

Un instant important ou marquant de votre carrière ?

Tous les moments où nous partageons notre musique avec des gens nouveaux.

Que signifie pour vous de venir vous produire au Liban ? Et que réserve ce concert ?

Nous verrons sur le moment. Nous sommes curieux car c’est la première fois qu’on nous invite à jouer dans cette partie du monde. La culture y est très différente. Pour nous inspirer et surtout pressentir les choses, nous avons écouté un peu de musique de votre pays, Feyrouz surtout.

Nous pourrions vous réserver quelques surprises à notre façon. En tout cas, nous sommes heureux de venir à votre rencontre, et j’espère que le public sera prêt à danser et chanter avec nous parce que… We Brass Hard !

*Hot 8 Brass Band en concert, dimanche 24 février 2019 à 21h, au MusicHall, centre Starco, Beyrouth.

À la croisée du R&B, du jazz, du rap et du funk, comment décrivez-vous la singularité de votre son ? Il est évident que nos sonorités découlent de la fusion de ces genres musicaux ainsi que de nos diverses influences. Mais leur singularité provient surtout du fait que nous formons un groupe uni, soudé par le temps et une histoire partagée. Au bout de 20 ans, nous sommes un peu comme...

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