Quand l’affiche s’affiche

L’affiche de cinéma est le premier contact qui s’établit entre le spectateur et l’image. Indissociable du film, elle en est l’un des piliers publicitaires. C’est dans le cadre du Festival du cinéma européen que huit illustrateurs libanais ont présenté à la galerie Station leurs visions propres de films européens en réinterprétant des affiches de leur choix. Le cahier des charges était très clair. Il fallait choisir un film parmi ceux projetés par le festival depuis un quart de siècle, notamment dans son affiche d’origine, et non celles revisitées par les maisons de production. Tracy Chahwan a opté pour un film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, en livrant une interprétation qui mêle à la fois cinéma et musique. Le jeune Ghadi Ghosn a, lui, respecté une certaine typographie, très évidente dans l’affiche initiale d’Alphaville, film de Jean-Luc Godard sorti en 1965. Carla Habib, attirée par un metteur en scène qu’elle affectionne particulièrement, à savoir Michael Haneke, lui rend hommage par une interprétation de son film Code Unknown qui sort des sentiers battus. Nour Hifaoui offre à voir son labyrinthe infernal pour le film The Square. Et pour Joseph Kai, membre de Samandal, le film Lawrence of Arabia est une occasion d’explorer la jeunesse et ses tabous et flirter avec l’orientalisme. Pour sa part, Karen Keyrouz redécompose l’image et joue la mise en abyme. De Festen (Thomas Vinterberg) à La mauvaise éducation de Pedro Almodovar, Mohamad Kraytem se sert de l’affiche pour immortaliser des instants évocateurs des deux films. Enfin, Raphaëlle Macaron réussit à faire courir Lola à la crinière rousse, à sa façon et avec ses propres couleurs.

Via une référence à des couleurs, une typographie, une déclinaison d’idée ou une idée nouvelle, ces artistes dévoilent, grâce à leurs œuvres, l’importance de la conception d’affiches de film avec un apport très personnel de l’interprétation du film ainsi que de leurs univers personnels.

D. M.