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Liban - Justice

La polémique enfle autour d’Hannibal Kadhafi avec en arrière-plan le sommet arabe

La famille de Moussa Sadr s’est prononcée dans un communiqué hier, affirmant que le fils de l’ex-dictateur libyen avait « donné des informations inédites sur la disparition » de l’imam chiite.

Le PDG de la NBN annonce un boycott du sommet. Photo ANI

L’affaire Hannibal Kadhafi ressemble de plus en plus à l’une de ces polémiques tout droit sorties du chapeau, prenant une ampleur insoupçonnée en vue d’un objectif bien précis : cette fois, serait-ce l’exigence d’un report du sommet économique de la Ligue arabe sous prétexte qu’une partie politique ne veut pas accueillir les Libyens sur notre sol ?

L’arrestation d’Hannibal Kadhafi, fils du dictateur libyen déchu et assassiné Mouammar Kadhafi, date de 2015, mais c’est mercredi qu’une polémique à son sujet a éclaté entre le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, du bloc aouniste, et le député, Ali Bazzi, membre d’Amal (le parti qu’avait fondé l’imam Moussa Sadr, qui a disparu en Libye en 1978 avec deux de ses compagnons, poussant le Liban à exiger des informations sur son sort).

M. Jreissati, donc, avait décidé mercredi de s’en remettre à la direction de l’Inspection judiciaire pour faire le point sur le dossier de la détention de Kadhafi et s’assurer des circonstances et de la pertinence judiciaire de la poursuite de son incarcération. Le ministre sortant avait justifié son initiative par une série de requêtes qui lui sont parvenues pour mettre au clair les tenants et aboutissants de ce dossier. Il a notamment évoqué une lettre datée de mai 2018 qui lui est parvenue du rapporteur du Comité des droits de l’homme des Nations unies, basé à Genève et chargé de lutter contre la torture, ainsi que les campagnes médiatiques « qui se sont récemment accentuées sur les plans local et international à ce propos ». Il cite au passage les requêtes formulées par l’État libyen et la Syrie, d’où M. Kadhafi avait été kidnappé avant d’être acheminé à Beyrouth et remis aux autorités libanaises. Les sources de la LBCI parlent d’une campagne soutenue menée par la Russie pour faire libérer Hannibal Kadhafi. Or cette initiative du ministre de la Justice a provoqué une violente charge de la part de Ali Bazzi, qui a accusé le ministre Jreissati de « distiller du poison », le mettant au défi de prouver qu’il a réellement « reçu une correspondance de Genève comme il le prétend ».

Hier, c’est la famille de Moussa Sadr qui s’est mise de la partie, soutenant la position d’Amal en faveur d’une détention prolongée de Kadhafi. « Hannibal Kadhafi a livré des informations importantes qui n’étaient pas disponibles dans le dossier et qui concernent le lieu de détention de l’imam (Sadr) et des agents sécuritaires libyens qui ont usurpé l’identité de l’imam et de ses compagnons en effectuant un voyage à Rome », a affirmé la famille du dignitaire chiite libanais, dans un communiqué.

« Dire que Hannibal Kadhafi était un enfant en 1978 ne sert qu’à jeter de la poudre aux yeux. Personne ne lui impute un rôle dans l’enlèvement à l’époque. Mais le crime a perduré, et Hannibal Kadhafi était devenu un responsable sécuritaire au sein du régime de son père (...) », poursuit la famille Sadr. « Le fait qu’Hannibal Kadhafi était un réfugié politique dans un État arabe frère ne lui accorde aucune immunité et ne produit aucun effet juridique », ajoute-t-elle.


Le boycott de la NBN
L’hostilité à l’encontre de la Libye semblait hier monter d’un cran, et plusieurs analystes n’ont pas hésité à la lier aux demandes de plus en plus insistantes en vue d’un report du sommet arabe, la dernière provenant du président du Parlement Nabih Berry (également président d’Amal), qui a considéré mercredi que le sommet arabe ne « peut pas avoir lieu sans la Syrie », des propos rapportés par le député sunnite prosyrien Abdel-Rahim Mrad.

D’autres indices sont venus renforcer cette impression hier : selon les sources du site al-Nachra, « des partisans d’Amal comptent fermer la route de l’aéroport de Beyrouth pour interdire l’entrée de la délégation libyenne qui doit prendre part au sommet ». Ces sources affirment au site « la volonté des partisans d’organiser des protestations monstres et fermer Beyrouth à cette fin ». Autre indice : une annonce parue dans l’Agence nationale d’information, provenant du PDG de la chaîne NBN (NDLR : qui est la voix d’Amal), Qassem Soueid, qui rapporte la décision de la NBN de boycotter le sommet arabe au cas où il se tiendrait quand même le 19 janvier. « La NBN a décidé de boycotter ce sommet en réponse aux appels de son report, en raison du fait que la Syrie n’a pas été conviée à ce sommet, et en signe de refus d’entrer dans le jeu des tiraillements et de la propagande médiatique en vue de régler des comptes entre pays arabes sur la terre du Liban », souligne le communiqué. Troisième indice, s’il en fallait : le Conseil supérieur chiite a appelé à une réunion urgente aujourd’hui vendredi pour discuter des conséquences de l’invitation de la Libye à ce sommet.

Plusieurs responsables et sources d’Amal étaient injoignables hier pour un commentaire. Toutefois, des analystes indépendants, interrogés sous le sceau de l’anonymat, ont fait le lien entre cette nouvelle crise libyenne et l’appel au report du sommet pour des raisons ayant à voir avec la Syrie. « Cette nouvelle polémique est l’une des étapes du feuilleton qui dure depuis des années entre le CPL et Amal, souligne un analyste. Comme pour les « nœuds » qui empêchent la formation du gouvernement, l’exigence du report de ce sommet signifie que certains refusent de voir le Liban en dehors du giron syro-iranien. » Quelle sera la prise de position de la présidence de la République, attachée à l’organisation de ce sommet ? » se demande-t-il.

Un autre analyste souligne que l’affaire Kadhafi obéit, dans ce contexte, à des impératifs politiques et pas du tout juridiques. Il s’interroge sur le manque de pertinence du président du Parlement qui, d’une part, appelle au report du sommet en invoquant, entre autres, l’absence d’un gouvernement, et d’autre part ne se formalise pas qu’un gouvernement d’expédition des affaires courantes soit sollicité pour traiter de questions aussi importantes que le vote du budget.

« Le problème libyen n’est qu’un prétexte pour empêcher qu’un sommet sans la Syrie n’ait lieu au Liban, poursuit-il. Or ce sommet est important pour le pays. Nous renvoyons déjà l’image d’un État en faillite, que serait-ce si nous acceptions que ce sommet soit ajourné ? Et il y a pire : si les partisans d’Amal s’engagent dans des mouvements chaotiques dans les rues, la capacité du Liban à assurer la sécurité des dirigeants arabes sera remise en question. Ce sera un scandale pour la partie qui se cache derrière un tel mouvement, mais aussi pour le Liban. »


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commentaires (5)

Avec un nom si phoenicien, Hannibaal aura du mal à s'en sortir de ce bourbier...la blague que son père lui a infligé (ricanement de l'audience svp)

Wlek Sanferlou

17 h 13, le 11 janvier 2019

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Commentaires (5)

  • Avec un nom si phoenicien, Hannibaal aura du mal à s'en sortir de ce bourbier...la blague que son père lui a infligé (ricanement de l'audience svp)

    Wlek Sanferlou

    17 h 13, le 11 janvier 2019

  • On sait qui gouverne ce pays reelement donc aucune surprise Emprisonner un fils de dictateur qui n'a rien eu affaire avec l'Immam Moussa Sadr et qui a probablement dit tout ce qu'il savait deja est une honte pour un pays qui se dit honorer la justice Annuler la conference economique au Liban qui n'a pas le pouvoir d'inviter la Syrie ou si les Lybiens viennent ( eux qui ont lutte contre kadhafi ) est une heresie Le Liban montre une image qui denature sa vraie raison de vivre et d'exister dans ce Moyen Orient moyenageux

    LA VERITE

    15 h 29, le 11 janvier 2019

  • Qui a tué Kaddafi ? c'est pas la "milice" chiite . On oublie ça et on se rabat sur une revendication juste de recherche de la vérité sur l'assassinat du plus sage des hommes de l'époque de la guerre civile ? Un peu de respect vis à vis de cette communauté . Si on devait parler d'un nazi de 95 ans recherché par les usurpateurs , beaucoup se seraient tourné la langue fourchue 10 fois avant de cracher leur venin .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 50, le 11 janvier 2019

  • C,EST UNE MASCARADE ! JUSTICE OU RANCOEUR ET REVANCHE CONTRE UN FILS DU DICTATEUR QUI ETAIT UN BEBE EN CE TEMPS-LA ? OU SCENE DE THEATRE DES BLOQUERS POUR BLOQUER ET JUSTIFIER L,INJUSTIFIABLE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 20, le 11 janvier 2019

  • Lamentable. Le pays livré à des bandits, à des milices, et mis sous le fait accompli" ou bien le tyran Assad participe au sommet, ou bien le chaos. Il est ou le regime FORT ?? Risible et nauséeux.

    Tabet Karim

    08 h 14, le 11 janvier 2019

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