La tempête atteindra son paroxysme aujourd’hui

La tempête baptisée Norma qui s’est abattue sur le pays dimanche dernier s’est accompagnée de sensibles baisses de la température dans l’ensemble du pays, de fortes précipitations neigeuses qui ont interrompu le trafic sur un grand nombre de routes de montagne et de nombreuses pannes de courant. La dépression devrait atteindre aujourd’hui son paroxysme, avec de la neige à partir de 700 m d’altitude, notamment dans le nord du pays, ainsi que de fortes pluies le matin.

« La tempête risque de perdurer pendant les 60 prochaines heures », a indiqué hier le directeur général de l’Institut libanais de recherche agricole (LARI), Michel Afram, dans un communiqué. M. Afram a dit s’attendre à des formations de verglas aujourd’hui et demain, à partir de 600 m d’altitude, notamment dans la Békaa, ainsi qu’à des bourrasques de vents qui pourraient dépasser les 110 km/heure.

Malgré les fortes pluies et le vent, le trafic aérien n’a pas connu hier de réelle perturbation, mis à part de légers retards au niveau de certains vols, selon une source autorisée à l’aéroport de Beyrouth. « Il n’y a pas eu d’incidents à cause de la tempête, mais des retards de 15 à 20 minutes pour certains vols au décollage ou à l’atterrissage, en fonction de la vitesse du vent. Pour l’instant, aucun avion atterrissant à Beyrouth n’a été obligé de changer de direction », a indiqué la source à L’Orient-Le Jour. « Nous nous attendons aujourd’hui également à un retard de certains vols, voire à des déviations vers Chypre, par exemple, si les appareils ne peuvent pas atterrir ici », a-t-elle ajouté.

On apprenait quand même, de source privée, qu’un appareil d’Air France en provenance de Paris, touché par la foudre, n’a pu redécoller pour le vol retour, en attendant que les réparations d’usage soient achevées.

Dans le port de pêche de Saïda, le trafic maritime et la pêche ont été suspendus. À Tyr, la municipalité a coupé la circulation sur certaines routes inondées. Les fortes pluies ont conduit à une élévation des cours de la rivière Awali ainsi qu’à une crue de la rivière Hasbani qui a inondé les cafés, vergers et champs agricoles alentour et causé de nombreux dégâts. Dans l’ensemble du pays, les torrents et rivières sont sortis de leur lit.

(Lire aussi : Au Liban, les pistes de ski prêtes à accueillir les amateurs de sports d’hiver)

Accouchement dans une ambulance

Jouant de malchance, une femme enceinte de Fneïdek (Akkar), bloquée par la neige, a finalement donné naissance à une petite fille dans une ambulance de la Croix-Rouge. À Rachaya, un prêtre de l’évêché grec-orthodoxe, qui s’est cassé une jambe, a dû patienter pendant plusieurs heures avant d’être évacué vers un hôpital par les volontaires de la Croix-Rouge libanaise.

La neige n’a pas non plus épargné les camps de réfugiés syriens, qui ont ployé sous le froid, à Ersal, Jeb Jennine, Ketermaya ou Kab Élias. La neige a envahi les lieux et plusieurs tentes ont été déchirées par le vent ou inondées. Le ministre d’État sortant pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, a appelé le Haut-Commissariat des réfugiés de l’ONU et le ministère des Affaires sociales à assumer leurs responsabilités à l’égard des déplacés syriens vivant dans ces camps.

Baalbeck sous la neige

Le patrimoine archéologique n’a pas été sans subir quelques dégâts. Dans la vieille ville de Jbeil, une partie d’une rue adjacente à la citadelle s’est creusée dimanche sous la violence du courant d’eau dans les canalisations. Il était impossible de dire hier si le château de la mer à Saïda et le port historique de Byblos, battus par les vagues, ont subi des dégâts, mais des spécialistes plaident pour une meilleure protection de ces trésors patrimoniaux. Par contre, les bulldozers ont dégagé les routes enneigées de Baalbeck, pour la joie des amateurs de photographie qui ont mitraillé de leurs portables les ruines de la ville couvertes d’un splendide manteau d’hermine. Sur un autre plan, des dizaines de localités ont eu leur lot de pannes de courant, tandis que de nombreuses routes de montagne étaient bloquées par la neige. Ce scénario se répétera aujourd’hui, et il est donc recommandé de ne se déplacer sur les routes de montagne qu’en cas de nécessité, sachant que sur de nombreux tronçons, des éboulements sont possibles, comme cela s’est produit hier sur la route reliant la vallée de Nahr Ibrahim à Yahchouche (Kesrouan).

Enfin, il faut éviter tous les cols routiers reliant le Mont-Liban à la Békaa, notamment les routes Tarchiche-Zahlé, Aïnata-Les Cèdres et Hermel-Kobeyate.

Le col de Dahr el-Baïdar, axe routier vital pour l’économie, était uniquement accessible hier aux 4 x 4. Si les prévisions météo se vérifient, il en sera de même aujourd’hui et sans doute demain.

Recommandations

Sur leur compte Twitter, les Forces de sécurité intérieure ont de leur côté publié les recommandations à suivre par les automobilistes qui seraient bloqués par la neige. Pour s’informer de l’état des routes, on peut ainsi joindre la ligne d’urgence de la brigade de la circulation sur le numéro 1720. Dans le cas où un véhicule est bloqué, la procédure à suivre est la suivante : appeler les FSI au 112 ou la Défense civile au 125, en indiquant la position du véhicule ; attendre à l’intérieur de la voiture l’arrivée des agents ; couper le moteur du véhicule et l’allumer par intermittence ; limiter le temps de fonctionnement du chauffage pour éviter les émanations de dioxyde de carbone pouvant causer l’asphyxie. Les FSI recommandent également de s’écarter des panneaux publicitaires et des arbres en bordure de la route, pendant les bourrasques.

Lire aussi
Les montagnes du Liban ont revêtu leur blanc manteau

Fermeture des écoles