Les autorités égyptiennes ont demandé à CBS de ne pas diffuser une interview du président Abdel Fattah al-Sissi dans laquelle il parle de la coopération de son pays avec Israël dans le Sinaï, a annoncé le groupe de médias américain. La chaîne a cependant souligné qu'elle diffuserait dimanche dans l'émission "60 minutes" "l'interview que le gouvernement égyptien ne veut pas voir à la télévision".
L'Egypte affronte une branche locale du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la péninsule du Sinaï, voisine d'Israël. La coopération militaire avec l'Etat hébreu, démentie par Le Caire malgré les liens diplomatiques entre les deux pays, reste un sujet tabou.
"L'ambassadeur d'Egypte a contacté l'équipe de +60 Minutes+ peu après (l'interview, ndlr) pour lui dire que l'interview ne pouvait pas être diffusée", a indiqué jeudi soir CBS sur son site.
Dans cet entretien, M. Sissi "a confirmé que son armée travaillait avec Israël contre les terroristes dans le Nord-Sinaï", selon CBS. A la question de savoir si cette coopération était la plus étroite qui ait jamais existé entre les deux anciens ennemis, M. Sissi répondu : "c'est exact", a ajouté la chaîne. "Nous avons un large éventail de coopération avec les Israéliens", a encore dit le président égyptien, selon CBS.
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En février, les forces de sécurité égyptiennes ont lancé une vaste campagne contre l'EI dans le Nord-Sinaï, où les jihadistes ont mené de très nombreuses attaques meurtrières. Le même mois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait assuré que son pays ferait "tout" ce qui était nécessaire pour se défendre, après la publication d'un article du New York Times faisant état de dizaines de frappes israéliennes contre des jihadistes dans le Sinaï.
L'Egypte et la Jordanie sont les deux seuls pays arabes à avoir signé des traités de paix avec Israël, mais les populations s'opposent majoritairement à la normalisation des relations avec l'Etat hébreu.
Dans un extrait de l'interview de M. Sissi publié sur le site de CBS, le président égyptien a par ailleurs affirmé que son pays ne comptait "pas de prisonniers politiques ou d'opinion".
Ancien ministre de la Défense, M. Sissi est arrivé au pouvoir en 2014, un an après avoir participé à la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi. Les groupes de défense des droits de l'Homme accusent régulièrement le régime de M. Sissi de graves violations. L'Egypte nie systématiquement ces allégations, assurant mener un combat contre les extrémistes et le terrorisme.
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10 h 53, le 05 janvier 2019