Le drapeau américain flottant au vent, quatre véhicules blindés traversent Manbij, dans le nord de la Syrie, avec à leur bord des soldats américains armés qui, dotés de lunettes aux verres opaques, scrutent d'un regard attentif les environs. La patrouille américaine continue son tour de la ville, située à 30 km de la frontière turque, bien que le 19 décembre, le président Donald Trump a annoncé à la surprise générale le retrait des troupes américaines de Syrie.
Près de huit ans après le début d'une guerre dévastatrice, Manbij et une large partie du nord-est de la Syrie sont sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), constituée de combattants arabes et kurdes. Elles étaient jusqu'à présent soutenues dans leur lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) par les Etats-Unis, à la tête d'une coalition internationale.
L'annonce de leur retrait a poussé les Kurdes à appeler à l'aide l'armée syrienne, qui s'est déployée vendredi pour la première fois en six ans autour de Manbij, face aux menaces d'une offensive de la Turquie voisine pour qui certains groupes armés kurdes sont des "terroristes". Mais malgré l'annonce de M. Trump, les troupes américaines étaient toujours à Manbij dimanche, a observé un correspondant de l'AFP, tandis que des habitants regardaient deux patrouilles américaines effectuer leur ronde avec un soupir de soulagement.
"La présence des Américains rassure les gens, étant donné que la situation est devenue très tendue depuis que nous avons entendu parler de leur décision de partir", dit à l'AFP Mohammed Ahmad, un commerçant de 28 ans. La vie au marché semblait suivre son cours: les habitants, en manteaux pour lutter contre le froid, passaient d'un étal à un autre, et des mères portaient contre elles leurs enfants parfois enveloppés dans d'épaisses couvertures.
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Pas de retrait visible
"La présence de la coalition menée par les Etats-Unis est une force pour Manbij", assure M. Ahmad, estimant que leur départ laisserait la ville "affaiblie face à la Turquie" et les groupes rebelles pro-Ankara.
Dimanche, Nouri Mahmoud, porte-parole des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde de Syrie), a affirmé à l'AFP que "le retrait (des troupes américaines) n'avait pas commencé". Donald Trump a justifié sa décision en estimant que les 2.000 soldats américains présents en Syrie n'y étaient plus utiles car l'EI était "en grande partie vaincu".
Après avoir conquis de vastes territoires en 2014 en Syrie, l'organisation jihadiste a essuyé de nombreux revers ces deux dernières années sous le coup d'offensives distinctes menées par l'armée syrienne et ses alliés, ainsi que par les FDS.
Le groupe est désormais confiné dans quelques poches éparses dans l'est du pays et dans la badiya, un désert qui s'étend de la province de Homs (centre) jusqu'à la frontière irakienne. "Si (les Américains) partent, le retour du régime dans la ville serait une meilleure chose" que l'arrivée de groupes pro-Ankara, affirme M. Ahmad, qui vend dans son magasin des vêtements chauds pour affronter l'hiver.
Grâce à l'intervention militaire cruciale de l'allié russe depuis 2015 et au soutien de l'Iran et du Hezbollah, l'armée syrienne contrôle près des deux-tiers du pays après en avoir chassé rebelles ou jihadistes. Elle vise désormais à reprendre la main sur des zones contrôlées par les FDS, riches en pétrole.
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"Prêts à entrer" dans Manbij
L'armée syrienne s'est déployée autour de Manbij pour protéger la ville d'une éventuelle offensive des forces turques et des groupes pro-Ankara qui sont, eux, massés au nord-ouest de la cité. Seuls 500 mètres séparent les premières positions des forces du régime syrien de celles des combattants pro-Ankara, a dit une source sur le terrain à l'AFP, précisant que l'armée russe était également présente, aux côtés des troupes de Damas.
La Turquie a déjà mené deux incursions en Syrie, dont l'une en mars contre les YPG dans la ville d'Afrine (nord), majoritairement kurde.
Ankara considère les YPG comme un "groupe terroriste", les accusant d'être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. Les YPG constituent la majeure partie des FDS.
Samedi, un autre correspondant de l'AFP a observé des rebelles pro-Ankara vêtus d'imperméables aux imprimés militaires marcher à environ 70 km à l'ouest de Manbij.
"Les combattants (...) sont prêts à entrer dans la ville de Manbij et dans l'ensemble de la zone Est (du fleuve) de l'Euphrate", a déclaré à l'AFP le commandant rebelle Youssef Abou Mamdouh, évoquant des zones sous contrôle des FDS. "Nous réunirons toutes nos forces, nos armes et munitions pour obtenir la victoire et la liberté des personnes y habitant", a-t-il lancé.
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Intérêts électoraux...contre intérêts stratégiques... Statut quo pour l'instant...trêve de nouvel an? On ne verra probablement pas de changement de stratégie américaine avant plusieurs mois... Le temps pour les syriens de tous bords et de leurs soutiens de "compter leurs billes" Car c'est bien pourquoi Mr Trump va "ralentir so retrait... Ce temps suffira t il pour "bricoler une nouvelle constitution" qui permettrait la création de zone sémite autonomes? Il est permis d'en douter Les "Parrains" des diverses factions ne sont pas presses, chacun pensant que l'incertitude actuelle pourrait résulter en une solution, " plus favorable à leurs intérêts" C'est bien ce que l'on devrait retirer des diverses rencontres de "Parrains" a Astana ... En l'absence, apparemment, de "l'enfant à baptiser" Et du "parent " qui refuse paternité et parrainage.,,, poker menteur ou vrai retour des USA du proche orient? On peut miser à chances égales!
13 h 23, le 31 décembre 2018