Rechercher
Rechercher

À La Une - Analyse

"Éradiquer l'EI", une gageure que Trump laisse à Erdogan en Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, reçu à la Maison Blanche par le président US Donald Trump, le 16 mai 2017. AFP / Olivier Douliery

Le départ des troupes américaines de Syrie laissera les mains libres à la Turquie pour traquer les partenaires kurdes de Washington dans la lutte antijihadiste mais des doutes subsistent sur la capacité d'Ankara d'"éradiquer" seul le groupe Etat islamique (EI).

Selon des responsables turcs, le président Recep Tayyip Erdogan a lourdement pesé dans la décision de son homologue américain Donald Trump de retirer les quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie en le convaincant que la Turquie était capable, seule, d'éliminer les poches restantes de l'EI après une série de défaites militaires que le groupe a subies.

En effet M. Erdogan entend, à la faveur du retrait américain, en finir avec la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), pourtant fer de lance sur le terrain en Syrie de la lutte contre l'EI. Car Ankara, qui redoute de voir s'instaurer une entité kurde à ses portes, susceptible de renforcer les velléités séparatistes de la minorité kurde sur son propre territoire, est farouchement hostile aux YPG en raison de leur liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux.

"Nous avons la force nécessaire pour neutraliser l'EI seuls", a ainsi assuré mardi le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.


(Lire aussi : Quels scénarios possibles en Syrie après le retrait américain?)


"Victime de son succès"
M. Trump a affirmé dimanche après un entretien téléphonique avec son homologue turc qu'il comptait sur lui pour "éradiquer" l'EI, estimant que le groupe jihadiste était déjà "en grande partie vaincu".

"Erdogan a été victime de son propre succès en vendant à Trump l'idée que la Turquie était prête à prendre indéfiniment le contrôle de la mission contre l'EI en Syrie", estime Nicolas Heras, chercheur du Center for New American Security. "La Turquie n'a pas actuellement à sa disposition une force rebelle syrienne suffisamment grande ou expérimentée pour tenir l'Est de la Syrie. Et il lui faudra plusieurs mois, même avec l'aide des Etats-Unis, pour bâtir une telle force", explique-t-il.

Les dernières poches de l'EI se trouvent en effet dans l'Est et le centre de la Syrie, à des centaines de kilomètres des zones du nord du pays où l'armée turque et ses supplétifs syriens ont l'habitude d'opérer et où ils ont mené deux offensives d'envergure en 2016 et en 2018.

"L'EI est à côté de Boukamal, à plus de 400 km de la Turquie, impossible pour la Turquie d'aller jusque là. L'armée syrienne et les milices chiites irakiennes s'en occuperont après le retrait américain", estime l'expert sur la Syrie Fabrice Balanche. "La Turquie n'est pas capable d'éliminer Hayat Tahrir al-Cham (HTS), c'est à dire el-Qaëda, de sa frontière à Idleb, je la vois mal éliminer l'EI avec l'aide des milices arabes", ajoute-il. Selon lui, la Turquie pourra, tout au plus, "empêcher une résurgence de l'EI en fermant sa frontière avec la Syrie aux jihadistes et en menant des opérations ponctuelles comme à al-Bab (nord) en 2016".


(Lire aussi : Satisfaction mais prudence dans le « protectorat » turc en Syrie)


"Réel problème logistique"
Sinan Ulgen, du centre de réflexion Edam à Istanbul, convient que la distance entre les dernières poches de l'EI et la frontière turque "pose un réel problème logistique". "On ne voit pas bien comment la Turquie peut orchestrer une campagne militaire à des distances aussi grandes de ses frontières et dans un territoire hostile", souligne-t-il.

Lina Khatib, experte à Chatham house à Londres, estime que M. Erdogan a donné des assurances à M. Trump sur sa capacité à éradiquer l'EI sans disposer d'"un plan" pour y parvenir. Le réel objectif du dirigeant turc, selon elle, est de "saisir l'opportunité (du retrait américain) pour sévir contre les YPG". "Eradiquer l'EI ne peut se faire qu'à travers une stratégie globale. Or même la coalition internationale anti-EI -- qui se concentre sur l'action militaire sans tenir compte des aspects socio-économiques et politiques dans la lutte contre l'EI -- ne dispose pas d'une telle stratégie", explique-t-elle. "Si la Turquie venait à assumer seule la lutte contre l'EI, elle laisserait ses supplétifs syriens mener la bataille mais ils ne seront pas très efficaces car ils sont plus faible que l'EI", ajoute-elle. "Cela exposera aussi la Turquie à des attaques de représailles de l'EI".



Lire aussi

Conflit syrien : Ankara met en garde Paris au sujet des milices kurdes

Netanyahu cherche à rassurer après l’annonce d’un retrait américain en Syrie


Le départ des troupes américaines de Syrie laissera les mains libres à la Turquie pour traquer les partenaires kurdes de Washington dans la lutte antijihadiste mais des doutes subsistent sur la capacité d'Ankara d'"éradiquer" seul le groupe Etat islamique (EI).Selon des responsables turcs, le président Recep Tayyip Erdogan a lourdement pesé dans la décision de son homologue américain...

commentaires (4)

LES POURVOYEURS NOMMES POUR SOIDISANT ERADIQUER LEURS POURVOYES ! ET SE DECHAINER SUR LES KURDES. DES ACCORDS ONT ETE CONCLUS POUR LE RETRAIT AMERICAIN DE SYRIE DONT ON CONNAITRAIT LES DETAILS PROCHAINEMENT.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 17, le 26 décembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • LES POURVOYEURS NOMMES POUR SOIDISANT ERADIQUER LEURS POURVOYES ! ET SE DECHAINER SUR LES KURDES. DES ACCORDS ONT ETE CONCLUS POUR LE RETRAIT AMERICAIN DE SYRIE DONT ON CONNAITRAIT LES DETAILS PROCHAINEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 17, le 26 décembre 2018

  • SI ON SE POSE LA QUESTION, POURQUOI CET ACCORD ENTRE TRUMP ET ERDOGAN ? LA LOGIQUE NOUS DIT: PREMIÈREMENT, ON A BIEN VU QUE TRUMP, MALGRÉ QUE LES SAOUDIENS ONT DÉCOUPÉ LE MALHEUREUX JOURNALISTE LIBRE, TRUMP PRÉFÈRE GARDER SON AMITIÉ INTACTE AVEC EUX. ET ÇA C'EST LUI QU'IL A DIT SANS AVOIR HONTE. DEUXIÈMEMENT, ET COMME IL N'Y A PAS DE FUMÉ SANS FEU, LES RUMEURS DISENT QUE L'ARABIE SAOUDITE ONT FINANCÉ LARGEMENT LA COMPAGNE DE TRUMPS. ET QUE TRUMPS EST LIÉ AVEC PAS MAL D'AFFAIRES "BUSINESS IS BUSINESS" EN ARABIE. LA LOGIQUE DIT QUE L'ARABIE A FAIT LA PRESSION SUR TRUMP ET CONTINUE À LE FAIRE POUR QU'IL LEUR CALME ERDOGAN ET ÉTOUFFER L'AFFAIRE DU JOURNALISTE KHASHOGGI. SINON, ILS SONT CAPABLES DE DÉVOILER CES AFFAIRES EN ARABIE SAOUDITE. ET SI CA SE CONFIRME, TRUMP SERA CUIT. ENCORE UNE FOIS, LA LOGIQUE A PARLÉ. DONC IL DOIT Y AVOIR UN ACCORD ENTRE TRUMP ET ERDOGAN. TU FERMES TES YEUX SUR L'AFFAIRE KHASHOGGI ET JE FERME MES YEUX SUR MES ALLIÉS LES KURDS. ET C'EST CE QU'IL VOULAIT ERDOGAN. AFFAIRE CONCLUE.

    Gebran Eid

    13 h 47, le 26 décembre 2018

  • Les semaines et les mois à venir nous dévoileront ce qui se cache derrière cette décision absurde de Trump. Quant à la Turquie elle n'a qu'un seul objectif. MASSACRER des kuordes. Erdogan les appelle ses frères... Comme toujours Devant les médias sont ses frères et dans sa tête ce sont des animaux à abattre. Depuis des siècles le turc est formaté pour MASSACRER d'autres peuples. Si non comment vous expliquez, Constantinople, perle de Byzance devenue Istanbul, l'Arménie occidentale, devenu Turquie, Chypre du Nord devenu turc, Cilicie l'arménienne devenue turque, Iskandarie syrienne devenue turque la partie kurde de l'Anatolie devenue turque, et la liste est longue... Toute l'histoire de ce pays nomade et barbare est chargée de massacres...pour s'emparer des terres d'autrui.

    Sarkis Serge Tateossian

    13 h 07, le 26 décembre 2018

  • Vous connaissez l'histoire de celui qui demande à un autre : raconte moi un BEAU mensonge que je serai prêt à croire. Dans ce monde de voyous erdo a le beau rôle, il ment à tous et tous veulent y croire dans la mesure où ça arrange ses affaires. L'occident complètement sur les rotules n'a pas d'autre choix que de lâcher les pauvres kurdes utilisés à merci. Poutine est heureux d'avoir pu jouer un mauvais tour à ces alliés otanistes là. L'Amérique IMPUISSANTE à s'imposer avec ses 2000 mauviettes donne carte blanche au loup qui va entrer dans la bergerie kurde. Et la France qui veut jouer au coq va se faire deplumer vite fait puisque c'est pas la Turquie seule qui va lui rentrer dedans et la transformer en dindon de la farce kurde. Et voilà le résultat D'UN COMPLOT CONTRE LA SYRIE D'UN HÉROS, BASHAR EL ASSAD , QUI CONTINUERA DE NOUS FAIRE RIRE AUX LARMES DU DÉSESPOIR DE VOIR CE QUE CE MONDE OCCIDENTAL EXEMPLAIRE ET INFAILLIBLE EST TOMBÉ AUSSI BAS DANS SES CALCULS FOIREUX .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 51, le 26 décembre 2018

Retour en haut