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Culture - Sélection

Huit beaux (et bons) livres à glisser sous le sapin

Les livres font de magnifiques cadeaux à (s’)offrir pour les fêtes. En voici donc une sélection où il y en a pour tous les goûts, du plus dense au plus léger, du roman saphique à la bande dessinée rebelle, en passant par l’essai philosophique sartrien, le livre de cuisine levantine revisitée ou les pérégrinations photographiques et textuelles sur la Corniche de Beyrouth...

Goncourt 2018

Leurs enfants après eux / Nicolas Mathieu

Il y a un mois de cela, Nicolas Mathieu recevait le prix Goncourt pour son roman Leurs enfants après eux (Actes Sud). Un ouvrage d’une beauté crépusculaire qui relate, sur quatre étés, le désarroi d’Anthony, Hacinte et Steph qui ne cherchent qu’à « foutre le camp » d’Heillange, une agglomération imaginaire du Grand Est morose et désindustrialisée. Pourtant, à la lourde apathie de ces antihéros aux ailes coupées, Nicolas Mathieu oppose, avec brio, toute la magie de l’adolescence. Avec une manière fulgurante de nous plonger dans cette période, il raconte les étincelles des premières fois et des libertés illusoires. Si ce livre est un drame social français qui résonne bien avec l’actualité, il est aussi, et surtout, l’ode à une jeunesse qu’en cette période de fêtes on aimerait tant ressusciter.

Art culinaire

Levantine Harvest / Lara Ariss

L’ouvrage de cuisine Récolte levantine (éditions Rawiya) propose une sélection de recettes locales faciles à préparer. C’est selon la chef elle-même une « cuisine contemporaine du Moyen-Orient » : des plats de notre enfance revisités avec une touche de modernité comme la siyyadyé, le poulet beryani, mais aussi le smoky aubergine and tahini bruschetta (une forme de baba ghannouj présenté sur du pain) et dont la photo se trouve sur la couverture du livre. Lara Ariss, qui a commencé par suivre son premier cours de cuisine à l’âge de 9 ans avant de rejoindre l’école de cuisine Le Cordon bleu à Londres, rappelle à notre mémoire des saveurs passées mais inédites. Préfacé par Greg Malouf, chef australien d’origine libanaise célèbre pour sa réinterprétation de la cuisine du Moyen-Orient et récompensé par une étoile Michelin, il est illustré par Nathalie Naccache, dans une direction artistique signée Ali Akel.

Premier roman

Play boy / Constance Debré

Issue d’une famille d’aristocrates et petite-fille de ministre, Constance Debré se livre dans son premier roman, dans une langue délibérément crue, sur ses expériences charnelles. Il s’agit d’une femme dans la quarantaine qui s’ennuie ferme dans son couple et dans sa vie d’avocate rangée et qui dévoile son nouvel intérêt pour les amours saphiques. Les phrases sont courtes, le style arrogant et le rythme saccadé. On lit ce livre sorti aux éditions Stock d’un trait, avec une curiosité de voyeur qui devient témoin d’une fougue, d’une jouissance et d’une rébellion attardée touchantes. Car au-delà du récit d’une aristo en mal de repères, c’est une ode à la lucidité percutante d’une femme dont les détails des ébats ne sont plus qu’un décor à une pudeur subtile et au sujet plus que jamais d’actualité des questions de genre.

Bande Dessinée

Mafalda intégrale / Quino

Même si elle ne les fait pas du tout, elle a 54 ans au compteur et toutes ses dents ! Mafalda, petite fille qui découvre la vie, ses joies, ses absurdités et ses horreurs, et qui compte Gabriel García Márquez et Umberto Eco parmi ses plus grands fans, est l’héroïne de la série du dessinateur argentin Quino, aux éditions Glénat. Ce dernier, à travers l’éveil de cette brunette contestataire et anticonformiste de 10 ans, livre sa réflexion sur le monde et sur l’étrange animal qui le peuple : l’être humain.

Mafalda fait partie de ces chefs-d’œuvre que tout le monde devrait posséder dans sa bibliothèque. Cette nouvelle édition se présente entièrement en noir et blanc et bénéficie d’un appareil critique savant et inédit, reprenant l’intégralité des strips de la BD de Quino ! Enfin l’intégrale ultime d’un indispensable de la bande dessinée internationale.

7e art

Le cinéma au Liban / Raphaël Millet

L’ouvrage à couverture rigide de 464 pages, paru aux éditions Rawiya, retrace la tumultueuse histoire du 7e art au Liban depuis 1897, date à laquelle Alexandre Promio réalise le premier film jamais tourné au Liban pour le compte des frères Lumière, jusqu’à 2015. Dans Le cinéma au Liban, Raphaël Millet propose, outre le parcours de l’industrie cinématographique, une large sélection iconographique, des conversations menées avec des gens du milieu, notamment avec Mounir Maasri, Jocelyne Saab, Mohamed Soueid, Nadine Labaki, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ou Georges Shoucair. Mais aussi une riche filmographie et des analyses de films détaillées. Raphaël Millet, qui a enseigné le cinéma à l’Université Paris III Sorbonne nouvelle, ainsi qu’à l’École supérieure d’études cinématographiques à Paris, a déjà publié différents ouvrages et multiplié les conférences abordant les cinémas asiatiques, africains ou méditerranéens.

Jeunesse

Dessine-moi un proverbe / Torbey et Thomas

C’est souvent autour d’un repas familial que les grands-parents, dépassés par les changements de mœurs et coutumes, ressentent le devoir de remettre les pendules à l’heure, pour éclairer la nouvelle génération. Et quoi de plus efficace qu’un bon proverbe basé sur l’expérience et l’observation, avec un brin d’humour et parfois un rien ironique pour tout illustrer et surtout conseiller sans froisser ? Après un premier tome très bien accueilli, Caroline Torbey autrice et Renée Thomas illustratrice continuent dans leur heureuse initiative pour un second tome, édité à compte d’auteur, Dessine-moi un proverbe ou Les proverbes libanais racontés à nos enfants, qui a surtout le mérite de raconter une histoire ludique autour de chaque proverbe et de l’illustrer afin de continuer à transmettre aux générations futures ce qui fait la richesse d’un pays : ses traditions...

Beau livre

Le chariot de Farah / Carla Henoud

La mer pour horizon… et ses camaïeux de bleus observés depuis la Corniche de Beyrouth que Carla Henoud ne se lasse pas d’arpenter ont inspiré à notre consœur un livre original, hybride, où l’on plonge avec délectation. À travers les pérégrinations de Farah, vendeuse ambulante de jus de fruits, qui a repris avec passion le métier de son père et de son grand-père, poussant tous les jours son chariot jusqu’au « 32e réverbère de la Corniche », l’auteure et journaliste à L’Orient-Le Jour brosse, d’une plume tendre et élégante, toute une galerie de personnages vrais et touchants. Au fil des mots, le lecteur redécouvre d’un œil nouveau les habitués de cette promenade côtière beyrouthine : ces pêcheurs, plongeurs, joggeurs matinaux ou promeneurs du soir qui hantent ce lieu rassembleur ouvert à tous et à tous les possibles… Il les retrouve aussi, au gré des prises de vue captant un saut de l’ange, un ballet de cannes à pêche ou une narguilé installée sur un rocher, dans les belles images, également signées Carla Henoud, qui accompagnent le texte (version simple livre ou coffret, édité à compte d’auteur) d’une intense déclinaison de bleus, entre ciel et mer…

Philosophie

L’existentialisme est un humanisme / Jean-Paul Sartre

À lire ou à relire urgemment : l’époque le veut. Ce petit livre (éditions Nagel) d’une centaine de pages publié au lendemain de la Seconde Guerre mondiale doit faire office de vade mecum à tout citoyen en quête de réponse à propos de son rôle dans la société humaine. Très accessible, L’existentialisme est un humanisme est la transcription d’une conférence donnée en 1946 dans un discours clair et concis qui résume la pensée d’un des philosophes les plus influents du XXe siècle. Un must pour aborder les défis qui se présentent à nous en 2019. Quel est l’impact de notre action sur le monde? Quelle est la responsabilité de l’homme dans la destinée des choses ? Les sociétés occidentales vont-elles s’empêtrer dans un nihilisme ? Que faire de la question de Dieu ? L’éclairage que nous propose Sartre est d’une étonnante actualité : il nous met devant des impasses intellectuelles où l’action seule saura être déterminante. Assumer ses actes, les faire en pleine conscience, comme un appel puissant au courage, à la volonté, à la responsabilité la plus engageante, voilà de quoi se secouer un peu les ailes avant d’entrer avec front dans cette nouvelle année…


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