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Moyen Orient et Monde - guerre syrienne

Malgré les Américains, Erdogan prêt à dégainer contre les Kurdes

L’offensive annoncée par le président turc dans l’est de la Syrie se heurte à la présence américaine qui a récemment procédé à la fortification des positions kurdes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’adressant à ses partisans à Konya, en Turquie, le 17 décembre 2018. Cem Oksuz/Bureau de presse du président/Reuters

Le reïs s’impatiente. La Turquie pourrait, « dans les prochains jours », lancer une opération militaire contre les milices kurdes des YPG (branche syrienne du PKK, considéré comme un groupe terroriste par la Turquie) dans ses fiefs situés à l’est de l’Euphrate. « La Turquie a perdu assez de temps jusqu’ici pour intervenir contre le marécage terroriste à l’est de l’Euphrate. Nous n’avons plus la patience d’attendre ne serait-ce qu’un jour de plus », a affirmé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan, lors d’une réunion de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul. Le chef de l’État turc a surenchéri hier et s’est dit déterminé à « se débarrasser » des milices kurdes dans le nord de la Syrie si leur parrain américain, qui les soutient dans le cadre de la lutte contre le groupe État islamique, ne les invitait pas à s’en retirer.

Ankara veut bouleverser les règles mises en place en coordination avec Washington, qui supposaient que les forces proturques ne franchissent pas l’Euphrate. Un accord avait été trouvé concernant la ville de Manbij, majoritairement arabe, qui prévoyait notamment le retrait des forces kurdes de la ville. La Turquie considère que la feuille de route n’a pas été respectée, et voit d’un très mauvais œil la mise en place de postes d’observation américano-kurdes du côté syrien de la frontière. Ceux-ci, censés empêcher toute confrontation directe entre les Turcs et les YPG, ont été qualifiés par M. Erdogan de moyen mis en place par Washington « pour protéger les terroristes de la Turquie ». Le ministre turc de l’Intérieur Suleyman Soylu a surenchéri en déclarant hier que les Américains « ont essayé de nous (la Turquie) encercler dans le nord de l’Irak et notamment à Afrine. Maintenant, ils essaieront de nous encercler à l’est de l’Euphrate. Ankara ne l’avait pas permis par le passé et ne le permettra pas maintenant ».


(Lire aussi : Erdogan et Trump veulent mieux se coordonner en Syrie alors qu'Ankara menace d'offensive)


« Pas trop profondément »

Dans ce contexte, « les Turcs veulent montrer qu’ils sont déterminés à aller jusqu’au bout de leurs ambitions. Mais cela ne veut pas forcément dire qu’une offensive de grande ampleur sera menée. Celle-ci serait très coûteuse financièrement et aussi en termes d’effectifs militaires », estime Bayram Balci, enseignant à Sciences Po et spécialiste de la Turquie.

Principale problématique : la présence de troupes américaines sur le terrain. Selon le président Erdogan, cité par Reuters, Washington aurait donné le feu vert à Ankara pour qu’il puisse intervenir contre les Kurdes. « Nous avons officiellement annoncé que nous allions lancer une opération militaire à l’est de l’Euphrate (...), nous en avons discuté avec monsieur Trump et il a donné une réponse positive », a affirmé le président turc, cité par l’agence américaine. Washington n’a pas confirmé l’information, mais le Pentagone avait qualifié jeudi d’« inacceptable (…) une action militaire unilatérale dans une zone où du personnel américain pourrait être présent ».

Difficile d’envisager une opération turque qui mettrait en danger des soldats américains, alors que les deux pays, bien qu’entretenant des relations en dents de scie, sont partenaires au sein de l’OTAN. L’opération pourrait toutefois avoir des objectifs limités et concentrés aux environs de la frontière turque. « L’armée turque pourrait opérer un ancrage territorial physique en Syrie sans aller trop profondément dans les terres pour ne pas se retrouver au contact des Américains », poursuit Bayram Balci.


(Lire aussi : Erdogan annonce une offensive imminente contre les milices kurdes)


Couper le corridor kurde

Si le président turc est coutumier des sorties bellicistes, « il n’y a cette fois pas de doute sur le fait que la bataille va avoir lieu », a affirmé hier le porte-parole de l’Armée nationale, contacté par L’Orient-Le Jour. Concernant le déroulé de l’opération, un porte-parole de la coalition rebelle pro-Ankara al-Jaïch al-Watani (« L’Armée nationale »), Youssef Hammoud, a indiqué jeudi que « toutes les régions seront concernées, de Manbij à Tal Abyad (centre nord) sans exception (…) Les factions de l’Armée nationale ont été mises au courant il y a un moment », affirmant que des entraînements sont actuellement supervisés par des officiers turcs. « La bataille sera lancée simultanément sur plusieurs fronts, à Manbij, à Tal Abyad, à Ras al-Aïn (Nord-Est) », a-t-il affirmé à l’agence Reuters. Le quotidien turc Yeni Safak a également fait savoir samedi dernier que « des groupes d’opposition syriens avaient été envoyés dans l’est de l’Euphrate pour participer à l’opération ».

L’opération représenterait la troisième incursion de l’armée turque en Syrie contre les milices kurdes après l’opération « Bouclier de l’Euphrate » en août 2016 et l’opération « Rameau d’olivier » débutée en janvier dernier, et qui a notamment abouti à la prise de la région de Afrine en mars dernier.

Ankara avait déjà, en guise d’avertissement, procédé à des bombardements de positions kurdes à l’ouest de la ville de Kobané et de Tal Abyad (peuplée majoritairement d’Arabes) en octobre. Le président turc avait d’ailleurs affirmé que des opérations « de grande envergure » allaient « bientôt » être lancées. Les manœuvres militaires turques pourraient certes s’effectuer dans la continuité de « Rameau d’olivier », mais ne devraient pas, en tout cas selon les experts, mobiliser de trop grands effectifs. « Le but d’Ankara n’est pas d’agrandir le territoire turc, mais plutôt de parvenir à couper le corridor kurde en Syrie et ainsi être en position de force pour pouvoir négocier (…) Les Turcs se disent “On pense à nos intérêts et on va jusqu’au bout” », ajoute-t-il.


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commentaires (4)

Par contre ce qu'on ne dit pas c'est que cette girouette frappe à la porte de Damas et du héros BASHAR EL ASSAD. Il attend patiemment qu'elle s'ouvre comme pas mal d'autres arabes. J'annonce les prochaines NOUVELLES auxquelles on n'y coupera pas. On va encore me traiter de prétentieux etc.... alors que je ne fais que SAVOIR m'informer. MERCI.

FRIK-A-FRAK

19 h 08, le 18 décembre 2018

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Commentaires (4)

  • Par contre ce qu'on ne dit pas c'est que cette girouette frappe à la porte de Damas et du héros BASHAR EL ASSAD. Il attend patiemment qu'elle s'ouvre comme pas mal d'autres arabes. J'annonce les prochaines NOUVELLES auxquelles on n'y coupera pas. On va encore me traiter de prétentieux etc.... alors que je ne fais que SAVOIR m'informer. MERCI.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 08, le 18 décembre 2018

  • Êtes vous sûr que c'est malgré l'opposition des américains ?? Vous ne semblez pas connaître " les americains" . Mais tant mieux pour eux ça les exonère à moindre frais. Revoyez votre histoire sur les "américains " quand même. Jalonnée de coups bas et de trahison d'ex alliés, ou même actuels alliés.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 38, le 18 décembre 2018

  • CELUI-LA IL VA CAUSER UNE GUERRE REGIONALE. CE SONT DES VANDALES. ILS AVAIENT VANDALISER TOUTES LES MAISONS, RESTAURANTS ET HOTELS ET EGLISES DANS LA PARTIE NORD DE CHYPRE QU,ILS AVAIENT ENVAHIE. LES CAMIONS DE LEUR ARMEE SE DIRIGEAIENT VERS LA TURQUIE CHARGES DE BUTINS. LISEZ L,OLJ DE CES JOURS NOIRS DE LEUR HISTOIRE INHUMAINE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 46, le 18 décembre 2018

  • Ce type annonce ce qu'il sait faire le mieux. MASSACRER ! Les américains ont inventé le "terminator" ? Küçük efendi a inventé le "terroristator" ... Et adore assassiner des kurdes. Big bazar....complet.

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 59, le 18 décembre 2018

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