Le Royaume-Uni a revu à la hausse hier son engagement envers le Liban dans le cadre de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), tenue le 6 avril dernier à Paris. Le secrétaire d’État britannique au Commerce international, Liam Fox, a annoncé un don supplémentaire de 30 millions de livres sterling (près de 38 millions de dollars), alors qu’il intervenait dans le cadre du Forum libano-britannique des affaires et de l’investissement, qui s’est tenu hier à Londres. Cette enveloppe s’ajoute ainsi au don de 57 millions de dollars, promis en avril par le Royaume-Uni.
Une décision surprenante, alors que le déblocage de ce don supplémentaire avait pourtant été conditionné durant la conférence de Paris à deux objectifs qui non pas encore été atteints : la mise en œuvre du programme d’investissement (Capital Investment Program, CIP) visant à moderniser les infrastructures du Liban et des mécanismes de suivi du processus CEDRE. Sans doute une manière pour Londres de réaffirmer son soutien à Beyrouth, au moment où Paris accentue la pression sur les responsables libanais pour débloquer le processus de formation du gouvernement. « Nos relations avec le Liban sont extrêmement importantes – couvrant la sécurité, l’économie et l’aide nécessaire pour faire face à la crise des réfugiés – et le forum d’aujourd’hui est un moment crucial pour soutenir le Liban et célébrer nos liens solides en matière de commerce et d’investissement. Un Liban stable et prospère est essentiel à la sécurité et à la stabilité au Moyen-Orient », a ainsi déclaré le secrétaire d’État britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth, Jeremy Hunt.
(Lire aussi : CEDRE : un forum à Londres pour promouvoir les PPP au Liban)
De son côté, le Premier ministre désigné Saad Hariri a tenu à assurer que « le retard dans la formation du gouvernement n’a pas arrêté (les) progrès dans la mise en œuvre des projets et des réformes prévues durant la CEDRE ». La communauté internationale s’était engagée au cours de cette conférence à mobiliser en faveur du Liban près de 11 milliards de dollars de prêts et de dons, conditionnés à des réformes structurelles, en vue de financer la première phase du CIP. M. Hariri a ainsi rappelé que, depuis, trois projets du CIP ont été lancés sous la forme de partenariats public-privé (l’extension de l’Aéroport international de Beyrouth, l’autoroute périphérique de Beyrouth reliant Khaldé à Nahr Ibrahim, et la création d’un centre national de données), et que le Parlement a voté des lois s’inscrivant dans le cadre des réformes exigées durant la CEDRE.
Mais pour Saad Hariri et la délégation libanaise, ce forum bilatéral avait surtout pour objectif de convaincre les entreprises britanniques d’investir dans les projets du CIP. « J’invite les hommes d’affaires britanniques à s’intéresser aux vastes opportunités qu’offre le CIP et aux 200 projets dans les secteurs des transports, de l’énergie et de l’eau auxquels ils pourront candidater », a demandé M. Hariri. « Je suis ravi de voir autant d’opportunités pour les entreprises britanniques au Liban et mon département est prêt à aider toute entreprise qui souhaite se développer ou lancer son activité d’exportation vers le pays avec un soutien solide », a pour sa part affirmé Liam Fox. Environ 400 représentants du secteur privé, britanniques et libanais, ont pris part à ce forum.
Par ailleurs, Saad Hariri et le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, ont aussi appelé les entreprises britanniques à considérer le Liban comme « une plate-forme pour la reconstruction de la Syrie et de l’Irak », en mettant en avant les projets de développement d’infrastructures adéquates dans ce sens.
Le forum a également été l’occasion pour le ministre sortant de l’Énergie, César Abi Khalil, de promouvoir le second round d’attribution de licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore. Tandis que le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a été interviewé par la journaliste libano-britannique Joumana Bercetche (CNBC) « pour rassurer les investisseurs londoniens sur les eurobonds » lors de la session de clôture du forum.
Pour mémoire
CEDRE : des avancées possibles, même sans gouvernement
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LA LIBRE EXPRESSION
22 h 49, le 13 décembre 2018