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Moyen Orient et Monde - Élections législatives

Réélu, Nikol Pachinian face aux défis sociétaux en Arménie

Le parti du Premier ministre a obtenu 70 % des votes.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s’exprimant à Erevan. Hayk Baghdasaryan/Photolure/Reuters

Lors des élections législatives anticipées qui se sont déroulées ce dimanche en Arménie, l’alliance des partis « Mon pas » de Nikol Pachinian a obtenu 70 % des votes. Un succès sans surprise pour le Premier ministre au pouvoir depuis huit mois, également chef de file de la « révolution de velours » de mai dernier, qui doit à présent appliquer de vastes réformes économiques et sociétales.

À la sortie du collège du quartier populaire d’Erebouni, au sud de la capitale arménienne, Armen vient de voter. « Nikol Pachinian doit aider les Arméniens à avoir plus de travail », soutient le physicien de 44 ans, qui a lui-même deux emplois pour subvenir aux besoins de sa famille. Un autre votant précise que « ces élections transparentes » sont déjà une preuve que Nikol Pachinian tient ses promesses issues de la révolution.

Pour le gouvernement de Nikol Pachinian, l’économie est l’une des pierres angulaires du changement en Arménie, malgré un taux de chômage pour l’instant de près de 20 % selon la Banque mondiale. Lors d’une conférence de presse à Erevan ce lundi 10 décembre, le nouveau Premier ministre a déclaré à L’Orient-Le Jour : « Nous allons faire une révolution économique. Dans ce cadre, les efforts individuels de chacun des Arméniens permettront de créer plus d’emplois. » Il a ainsi cité la prochaine réforme des impôts qui exempteraient les micro-entreprises de taxes. L’ancien journaliste de 43 ans a aussi précisé vouloir « transformer l’Arménie d’un pays d’agriculture en un pays d’industrie », en investissant dans les énergies renouvelables et le numérique.

L’ancien opposant politique depuis 10 ans met aussi un point d’honneur à lutter contre la corruption. Le nouveau gouvernement a d’ores et déjà ouvert plusieurs procédures pour corruption contre une entreprise britannique exploitant des mines en Arménie ou encore des oligarques. Une façon de montrer que la corruption de l’ancien parti au pouvoir, les Républicains, dirigé alors par Serge Sarkissian, n’a plus droit de cité en Arménie.


(Pour mémoire : En Arménie l'opposant Pachinian élu Premier ministre, le peuple fait la fête)


Pas suffisamment de ressources humaines

Des voix s’élèvent depuis longtemps pour réclamer la rénovation des infrastructures, comme les routes, les canalisations, datant de l’ère soviétique. Parmi ces critiques, les membres du nouveau parti social-démocrate « Décision citoyenne », ancré à gauche, qualifient le gouvernement de Nikol Pachinian de trop « libéral ». Debout au cœur du parc Mashtots, dans le centre-ville d’Erevan, une jeune femme discute au coin d’un barbecue improvisé par le nouveau parti. Membre fondatrice, Arpiné Zargarian a commencé à militer en 2012 lors des différentes manifestations citoyennes qui ont mené l’Arménie à la révolution de mai dernier. Elle a notamment participé à celle contre l’augmentation des prix de l’électricité (« Electric Yerevan »). Pour Arpiné Zargarian, le combat continue. Elle critique le fait que les « membres du nouveau gouvernement soient parfois issus des Républicains » et insiste sur « l’importance de la démocratie directe ».

La société civile au cœur de la révolution de velours de mai dernier, où des milliers d’Arméniens étaient descendus dans les rues d’Erevan, espère trouver sa place durable au sein des nouvelles institutions. Dans le nord d’Erevan, plusieurs ONG sont réunies pour une conférence organisée par la Maison des droits humains (« Human Rights House »). Arpi Minossian, de l’association Socioscope, étudie les droits humains. « Une partie de la société civile fera partie du gouvernement de Nikol Pachinian. Les activistes qui resteront en dehors auront un rôle important de chien de garde à jouer, sans compromission avec les militants au pouvoir », analyse-t-elle. Elle craint que le dialogue entre l’État et les ONG ne reste « superficiel comme il l’était avec les gouvernements précédents ». Elle cite l’exemple de la loi pour lutter contre les violences domestiques qui a « largement été modifiée par le parti des Républicains, sans que par exemple les policiers soient formés à recevoir les plaintes des victimes ».

Se décrivant comme « sans étiquette politique », Nikol Pachinian s’appuie pour l’instant sur un large soutien populaire. Pour Armen Khachikyan, sociologue à l’Université d’État d’Erevan, « Pachinian n’a pas suffisamment de ressources économiques et humaines pour mener à bien les réformes qu’il a promises pendant la révolution ». En attendant, le Premier ministre doit réussir le grand écart entre une société civile déjà méfiante face à son absence d’idéologie politique et un contexte économique difficile, lié à l’isolement du pays.


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commentaires (1)

70 % des votes oui, mais avec une abstention importante toutefois (52% environs). C'est un homme qui a été élu par le peuple pour son intégrité et sa volonté de mettre un terme à la corruption et l'oligarchie (comme partout dans les pays de l'ex-union soviétique). Il a l'air de réussir pour le moment. Certains observateurs le considère "faible" notamment en raison de son manque d'expérience et l'absence de ressources humaines autour de lui ... mais en même temps, il a l'air de bien gérer toutes les situations. Parallèlement il a mécontenté le principal allié de l'Arménie, la Russie à plusieurs occasions ... (en inculpant par exemple le secrétaire général L’OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective, qui regroupe la Russie et certains pays de l'ex-union soviétique) Yuri Khachaturov pour des faits remontant à plusieurs années. Très vite, Pchinian réussi à remettre le curseur à sa bonne place évitant évitant une crise avec la Russie. Au fond peu importe la couleur ou la vision du dirigeant, l'essentiel c'est qu'il serve le pays avec ses tripes, avec volonté et intégrité et générosité. Bonne chance à l'Arménie

Sarkis Serge Tateossian

01 h 32, le 11 décembre 2018

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Commentaires (1)

  • 70 % des votes oui, mais avec une abstention importante toutefois (52% environs). C'est un homme qui a été élu par le peuple pour son intégrité et sa volonté de mettre un terme à la corruption et l'oligarchie (comme partout dans les pays de l'ex-union soviétique). Il a l'air de réussir pour le moment. Certains observateurs le considère "faible" notamment en raison de son manque d'expérience et l'absence de ressources humaines autour de lui ... mais en même temps, il a l'air de bien gérer toutes les situations. Parallèlement il a mécontenté le principal allié de l'Arménie, la Russie à plusieurs occasions ... (en inculpant par exemple le secrétaire général L’OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective, qui regroupe la Russie et certains pays de l'ex-union soviétique) Yuri Khachaturov pour des faits remontant à plusieurs années. Très vite, Pchinian réussi à remettre le curseur à sa bonne place évitant évitant une crise avec la Russie. Au fond peu importe la couleur ou la vision du dirigeant, l'essentiel c'est qu'il serve le pays avec ses tripes, avec volonté et intégrité et générosité. Bonne chance à l'Arménie

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 32, le 11 décembre 2018

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