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À La Une - Repère

Le Pacte mondial sur les Migrations avalisé aujourd'hui : ce qu'il faut savoir

Ce pacte déchaîne les passions et polarise les critiques des nationalistes et des anti-migrations.

Sara Arteaga, une migrante du Honduras, s'est embarquée dans la caravane de migrants originaires d'Amérique centrale et cherchant à entrer aux États-Unis. Elle porte son fils sur ses épaules, non loin du mur séparant le Mexique des États-Unis, le 9 décembre 2018. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

Le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies a été formellement approuvé lundi à Marrakech (Maroc), après la proclamation orale et le traditionnel coup de marteau, devant quelques 150 pays réunis en conférence intergouvernementale. Ce texte est destiné à renforcer la coopération internationale pour une "migration sûre, ordonnée et régulière". Non contraignant, le Pacte recense des principes - défense des droits de l'homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale - et liste des propositions pour aider les pays à faire face aux migrations - échanges d'information et d'expertises, intégration des migrants. Il interdit les détentions arbitraires, n'autorisant les arrestations qu'en dernier recours. Il y a environ 258 millions de personnes en mobilité et migrants dans le monde, soit 3,4% de la population mondiale.

"Ce moment est le produit inspiré d'efforts", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture des débats. "Nous ne devons pas succomber à la peur ou aux faux narratifs" sur la migration, a-t-il dit. M. Guterres a dénoncé les "nombreux mensonges" propagés sur cet accord, qui doit désormais faire l'objet d'un ultime vote de ratification, le 19 décembre à l'Assemblée générale des Nations unies.

Ce pacte déchaîne les passions et polarise les critiques des nationalistes et des anti-migrations. Une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision. "Il est étonnant qu'il y ait eu autant de désinformation à propos de ce que le Pacte est et de ce qu'il dit (...), il ne crée aucun droit de migrer, il ne place aucune obligation sur les Etats", avait martelé Louise Arbour, la représentante spéciale de l'ONU pour les migrations, dimanche soir au cours d'une conférence de presse à Marrakech. Lundi matin, il était encore impossible de connaître dans les détails les présents et les absents, en l'absence de toute liste officielle.

Les défenseurs des droits de l'Homme le trouvent insuffisant, notamment sur l'accès des migrants à l'aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants.


VOICI LES PRINCIPAUX POINTS DU PACTE

COOPÉRATION ET SOUVERAINETÉ

D'environ 40 pages, le Pacte "favorise la coopération internationale en matière de migration entre tous les acteurs compétents, sachant qu'aucun État ne peut gérer seul la question des migrations". Il "respecte la souveraineté des États et les obligations que leur fait le droit international".

"Les migrations ont indéniablement des répercussions très différentes et parfois imprévisibles sur nos pays ainsi que sur les communautés et les migrants et leur famille". Mais "il est crucial que nous ne nous laissions pas diviser et que nous restions unis face aux difficultés que posent les migrations internationales et aux occasions qu'elles offrent". "Les migrations font partie intégrante de la mondialisation, reliant entre elles les sociétés d'une même région et d'une région à l'autre et faisant de nous tous des pays d'origine, de transit et de destination", affirme aussi le document.


OBJECTIFS DU PACTE

"Grâce à cette démarche globale, nous comptons faciliter des migrations sûres, ordonnées et régulières, tout en réduisant l'incidence et les répercussions négatives de la migration irrégulière grâce à la coopération internationale et à l'ensemble de mesures proposé dans le présent Pacte mondial". "La migration ne devrait jamais être un acte désespéré. Lorsque c'est le cas, nous devons coopérer en vue de répondre aux besoins des migrants en situation de vulnérabilité et de résoudre les problèmes qui se posent. Nous devons oeuvrer de concert pour créer des conditions qui permettent aux communautés et aux individus de vivre en sécurité et dans la dignité dans leur propre pays".

Le Pacte détaille 23 objectifs. Parmi eux: "lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d'origine", "sauver des vies", "renforcer l'action transnationale face au trafic de migrants", "ne recourir au placement en rétention administrative des migrants qu'en dernier ressort", ou "assurer l'accès des migrants aux services de base".


MISE EN OEUVRE

"Nous mettrons en œuvre le Pacte mondial en coopérant aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral et en donnant un nouveau souffle au partenariat mondial, dans un esprit de solidarité", indique le texte. "Nous décidons, en nous inspirant des initiatives existantes, de créer un mécanisme de renforcement des capacités au sein du système des Nations unies, dont le rôle sera d'appuyer les efforts déployés par les États membres pour mettre en oeuvre le Pacte mondial". Les signataires s'engagent aussi à créer "une plateforme mondiale de connaissances qui servira de source publique de données en ligne" sur les migrations, ainsi qu'un "réseau des Nations unies consacré aux migrations" confié à l'Organisation internationale pour les migrations.


QUI SOUTIENT ET QUI REJETTE LE PACTE


QUE DISENT LES DÉTRACTEURS DU PACTE

Les détracteurs du Pacte le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.

Les Etats-Unis, qui s'étaient retirés de l'élaboration du texte en décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique d'immigration du président Donald Trump, avaient ainsi lancé, vendredi, une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de "gouvernance mondiale". "Les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu'un pays peut prendre", a fustigé la mission diplomatique américaine à l'ONU dans un communiqué. Les Etats-Unis ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois pour partager leur conception du Pacte avec plusieurs pays signataires, notamment en Europe, selon des diplomates de l'ONU.

Une quinzaine de pays (Autriche, Australie, Bulgarie, Chili, Estonie, Hongrie, Italie, République tchèque, République dominicaine, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et Suisse) ont annoncé leur retrait ou le gel de leur décision après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York.


CEUX QUI SONT FAVORABLES AU TEXTE

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, est favorable au pacte. "Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d'immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c'est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin", selon lui. Tout le monde ne l'entend pas de cette oreille : Samedi, à Ottawa, des échauffourées ont opposé des groupes pro-immigration et des militants de droite opposés à l'adhésion au Pacte.

En Belgique, la décision du Premier ministre belge Charles Michel de se rendre à Marrakech a fait exploser sa coalition gouvernementale avec les nationalistes flamands du N-VA, après plusieurs jours de bras de fer. Ce parti anti-immigration a tenu samedi un meeting à Bruxelles avec Marine Le Pen, patronne de l'extrême droite française, et Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, pour dénoncer le Pacte, brandi comme épouvantail par les populistes à travers l'UE à l'approche des élections européennes en mai prochain.

Alors que les nationalistes européens se mobilisent contre le Pacte à l'approche des élections européennes de mai 2019, la chancelière allemande Angela Merkel est venue le soutenir en personne, comme plusieurs premiers ministres européens : l'Espagnol Pedro Sanchez, le Portugais Antonio Costa, le Grec Alexis Tsipras, le Danois Lars Løkke Rasmussen --qui vient de resserrer la politique migratoire de son pays-- et le Belge Charles Michel, qui a donc maintenu son déplacement au prix de l'unité de sa coalition.

Dans un discours très applaudi, Mme Merkel a plaidé avec passion pour le multilatéralisme en rappelant l'histoire de son pays, marqué par le nazisme. "La réponse au nationalisme pur a été la fondation des Nations unies et l'engagement de trouver ensemble des réponses à nos problèmes communs", a-t-elle dit. "Ce modèle de coopération est complexe, il comprend parfois des pas en avant et parfois des peaux de banane (...) mais c'est le seul moyen pour ceux qui veulent un monde meilleur", a lancé, pour sa part, le Premier ministre belge. Sans regret face au prix politique à payer, Charles Michel s'est dit "debout, droit et fier des convictions portées par la Belgique".

Le président français Emmanuel Macron a, quant à lui, délégué à Marrakech le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne, alors que le sujet suscite l'opposition de la droite, de l'extrême droite mais aussi de certains "gilets jaunes", ces Français qui manifestent depuis trois semaines dans les rues contre la politique fiscale et sociale.


LES FLUX DE MIGRATION DANS LE MONDE



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Le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies a été formellement approuvé lundi à Marrakech (Maroc), après la proclamation orale et le traditionnel coup de marteau, devant quelques 150 pays réunis en conférence intergouvernementale. Ce texte est destiné à renforcer la coopération internationale pour une "migration sûre, ordonnée et régulière". Non contraignant, le Pacte...

commentaires (3)

Le debut de la fin pour l’Europe.

Cadige William

14 h 58, le 10 décembre 2018

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Commentaires (3)

  • Le debut de la fin pour l’Europe.

    Cadige William

    14 h 58, le 10 décembre 2018

  • Avant de signer les pays arabes dont le Liban devraiENt penser a ceci Les migrants Palestiniens auraient due avoir tous leurs droits de vivre dans ces pays , d'y travailler et eventuellement de prendre la nationalite de ces pays comme la loi de ces pays l'autorise apres un delai de sejour dans le pays d'accueil et sans avoir eu un casier judiciaire SI CELA AVAIT ETE APPLIQUE AUX PALESTINIENS RIEN DE TOUT CE QUI C'EST PASSE AU LIBAN ET MEME EN PALESTINE/ISRAEL NE SERAIT ARRIVE VRAIMENT DOMMAGE QUE CES DECISIONS NEGATIVES ARABES AIENT EU LIEU ALORS QU'AUJOURDH'UI ILS S'EMPRESSENT D'APPUYER CE PROJET AU MAROC

    LA VERITE

    13 h 30, le 10 décembre 2018

  • DU PIPEAU ! COMMENT ACCEPTER DES MIGRANTS AUX CROYANCES ET AUX MOEURS DIFFERENTS ENORMEMENT ET DONT CERTAINS PAR SURCROIT VOUS CONSIDERENT DES MECREANTS ET SANS AUCUN ESPOIR DE CHANGEMENT DE CE CONCEPT ENRACINE DANS LEUR DNA DES LEUR PLUS TENDRE ENFANCE ! EXPLIQUEZ ! TRUMP A RAISON ET LES NATIONALISTES PARTOUT DE MEME...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 54, le 10 décembre 2018

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