Un aveu d’impuissance, selon un constitutionnaliste

« Adresser un message au Parlement ne résoudra pas la crise, et cette initiative ne saurait être interprétée comme dirigée contre le Premier ministre désigné », a affirmé hier à L’OLJ un constitutionnaliste qui a requis l’anonymat. Selon lui, cet avertissement ou cette mise en demeure « s’adresserait davantage au Parlement qu’à un gouvernement d’unité nationale en gestation qui n’est en fait qu’un mini-Parlement. Placer le Parlement devant ses responsabilités est un aveu d’impuissance ; le chef de l’État rejette sur le législatif une responsabilité qu’il était en devoir d’assumer lui-même ».

Et le juriste d’imputer le blocage actuel au concept de gouvernement d’entente nationale qu’on a érigé en règle après Taëf, mettant par là fin au principe de la séparation des pouvoirs et subordonnant le pays rendu ingouvernable à l’existence d’un arbitre extérieur.

« Nous ne sommes pas en présence d’une crise de système politique, assure la source citée, mais d’une pratique politique où la violation de la Constitution est corrigée par une autre violation. Ce ne sont plus le chef de l’État et le Premier ministre seulement qui forment le gouvernement. Tout le pays s’y met. On a dénaturé le système. Du reste, un vote de défiance à l’égard du Premier ministre ne se fait pas avant, mais après la formation du gouvernement; toutefoid, en l’occurrence, si le gouvernement est un mini-Parlement, le vote de confiance n’est plus qu’une comédie. »