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13 approches différentes de l’indépendance

Émile Lahoud ou la priorité à la résistance

En compagnie du président égyptien Husni Moubarak. Photo Pascal Beaudenon

Après les années de tutelle syrienne et de déclin des chrétiens face à la montée de l’influence sunnite et chiite, pendant le mandat d’Élias Hraoui, l’élection du commandant en chef de l’armée le général Émile Lahoud à la tête de l’État, en 1998, a été perçue comme un message fort de souveraineté et d’indépendance, en même temps qu’une volonté de relancer les institutions et de renforcer l’armée affaiblie par l’éviction du général Michel Aoun en 1990.

En militaire, Lahoud pensait pouvoir mener la politique comme il le faisait avec ses troupes, avec en tête un plan simple : la refonte de l’armée sur une base nationale, en restaurant le service militaire obligatoire et en procédant à un mélange confessionnel dans chaque brigade, l’instauration d’une coopération de facto entre l’armée et la résistance du Hezbollah, qui passe par la reconnaissance du fait qu’Israël est l’ennemi, et la relance des institutions. Il s’est rapidement heurté à une classe politique issue principalement des milices, qui avait trouvé en certaines personnalités syriennes influentes au Liban des alliés indéfectibles.

Émile Lahoud a donc dû affronter la classe politique protégée en grande partie par le chef des troupes syriennes au Liban, Ghazi Kanaan, et par le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam. Il a dû solliciter à plusieurs reprises l’intervention du président syrien Hafez el-Assad pour régler les nombreux conflits entre lui et les différents leaders politiques. Il s’est aussi heurté au nouvel homme fort sunnite Rafic Hariri, qu’il a écarté dans un premier temps de la présidence du Conseil avant de s’incliner devant son retour après les élections législatives. Ayant des visions économiques totalement opposées, Lahoud et Hariri ont décidé de se partager les responsabilités, le premier prenant en charge la sécurité et les questions militaires et le second les questions économiques et sociales.

Son mandat, avec une prorogation de 3 ans, a été marqué par de nombreux événements, qui lui ont laissé peu de temps pour s’occuper des problèmes sociaux et économiques : le retrait israélien de 2000, l’adoption de la résolution 1559 (en août 2004), l’assassinat de Rafic Hariri (février 2005) et la guerre israélienne de 2006.

Lahoud a supervisé le retrait des troupes israéliennes du Liban en 2000. Dans sa vision de la souveraineté, les Israéliens devaient se retirer sans conditions. Il a ainsi refusé la proposition du président Jacques Chirac de créer une force spéciale pour protéger les chrétiens après le départ des Israéliens du Sud, et il a mis fin de façon brusque à une conversation téléphonique avec Madeleine Albright, alors secrétaire d’État, sur le même sujet. Ses positions claires contre les Israéliens et en faveur de la résistance n’ont jamais été démenties, et pendant la guerre de 2006, en dépit du boycott occidental dont il faisait l’objet après la prorogation de son mandat en 2004, il était en tête des défenseurs du Hezbollah. Il était si intraitable sur le sujet qu’il a été surnommé « le président résistant ». Mais il n’a pas pu empêcher la scission politique intervenue après l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri. Le 14 Mars a réclamé sa démission, mais il est resté à Baabda jusqu’à la fin de son mandat prorogé (novembre 2007), laissant le pays dans une période de vacance présidentielle qui a duré jusqu’en mai 2008.


Après les années de tutelle syrienne et de déclin des chrétiens face à la montée de l’influence sunnite et chiite, pendant le mandat d’Élias Hraoui, l’élection du commandant en chef de l’armée le général Émile Lahoud à la tête de l’État, en 1998, a été perçue comme un message fort de souveraineté et d’indépendance, en même temps qu’une volonté de relancer les...

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