Claude Abou Nader Hindi a lancé encore une fois, dans deux épisodes consécutifs de Tehkik, un appel à la légalisation du cannabis au Liban à travers un reportage dont la gestation a pris deux mois. Selon l’enquête menée par la journaliste, les bienfaits du cannabis sont nombreux non seulement sur le plan économique mais également sur le plan médical et social.
Suite à plusieurs visites effectuées dans les hauteurs de Baalbeck, la situation socio-économique relevée par le reporter est lamentable : « Privés d’un minimum de services au niveau sanitaire et éducatif, les habitants de cette région, pour la plupart des membres de familles claniques, se sentent marginalisés par l’État et la société qui leur portent un regard biaisé vu que leur seul revenu provient d’un commerce classé comme illégal, à savoir le commerce du cannabis (haschisch). » Ces habitants qui vivent dans la clandestinité presque totale sont poursuivis par la justice dès qu’ils se lancent dans cette agriculture toujours bannie et pénalisée par le code pénal. « La légalisation de la plantation du cannabis peut donc leur permettre une vie libre, normale et semblable au reste de la population vivant au Liban », explique Claude Abi Nader Hindi. Le chômage et les conditions de vie précaires dans ces régions rurales et isolées font de cette pratique la seule alternative à un futur condamné à l’avance par un niveau de pauvreté extrême et un manque d’éducation par manque de moyens.
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D’autres arguments retenus pour la défense de la légalisation du cannabis viennent s’ajouter aux raisons économiques, à savoir les raisons thérapeutiques. En effet, plusieurs études effectuées aux États-Unis, ainsi que l’expliquent dans le reportage le Dr Mroué et son équipe de la LAU au Liban, prouvent que des traitements à base de l’huile extraite du cannabis permettraient aux malades de reprendre espoir, notamment les malades du cancer du sein, les épileptiques ou encore ceux qui souffrent d’arthrose ou d’inflammations aiguës. Le cannabis libanais, dont la qualité est exceptionnelle, serait d’ailleurs un vrai trésor, selon le spécialiste. « La légalisation de l’utilisation du cannabis pour des raisons thérapeutiques ne signifie pas pour autant que nous encourageons la consommation du cannabis par nos jeunes ou la totalité de la société », tient à préciser Mme Hindi.
« La proposition de légaliser le cannabis qui tient à cœur au député Yassine Jaber, président de la commission parlementaire chargée d’étudier cette question et son éventuelle faisabilité, permettra un développement économique de la région de Baalbeck-Hermel ainsi qu’une amélioration du niveau de vie d’une centaine de familles agricoles et constituera une recette supplémentaire pour les caisses de l’État », affirme-t-elle.
Des pays comme les Pays-Bas ou le Canada peuvent servir d’exemples aux responsables libanais car ils ont trouvé le moyen de régulariser la consommation et la plantation de cette plante en tirant tout le bénéfice et en limitant les effets néfastes d’une consommation non surveillée. « Les principaux bénéficiaires de cette légalisation seront en premier lieu les agriculteurs des régions concernées par cette agriculture et, en second lieu, les industries pharmaceutiques au Liban dont le nombre s’élève à une dizaine et qui produisent des médicaments libanais pouvant être facilement exportés par la suite », conclut Mme Hindi.
Pour des détails supplémentaires, vous trouverez ci-dessous les liens des deux épisodes du reportage dans lequel la journaliste expose le processus de la fabrication de cette plante ancestrale, depuis la semence jusqu’à la récolte, pour arriver ensuite à l’atelier où on transforme la plante du cannabis en poudre prête à la vente et la consommation.
http://www.mtv.com.lb/vod/#!/en/video/194362
Tehkik, mercredi sur la MTV à 21h40.
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commentaires (9)
Parfois l'ignare inoffensif est plus dangereux qu'un ennemi intelligent. Nous sommes ainsi faits, les humains.
Sarkis Serge Tateossian
20 h 03, le 18 novembre 2018