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Liban - Faune et flore

Les raies, ces discrètes habitantes des profondeurs

La raie pastenague, photographiée ici en mer. (Photo Bigstock)

Tout comme pour les requins, la plupart de nos concitoyens seraient certainement surpris de savoir qu’il existe plusieurs espèces de raies qui habitent les profondeurs de la Méditerranée au large de nos côtes. Ces poissons plats si caractéristiques ne sont pas dangereux, comme le suggère leur réputation selon laquelle ils seraient des sources d’électrochocs. Bien au contraire, elles sont souvent victimes de la pêche intensive, même si elles sont rarement recherchées pour leur chair. La scientifique Myriam Lteif, docteure en océanographie et chercheuse au sein du Centre de recherches marines du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), préconise de sensibiliser la population, et notamment les pêcheurs, à la protection de ces belles espèces, dont elle en a recensé quatorze dans sa thèse de doctorat.


Noms scientifiques :

Les espèces de raies ou batoïdes (Batoidea ou Rajomorphii) recensées par Myriam Lteif au Liban dans le cadre de sa thèse de doctorat sont au nombre de quatorze. En voici les noms scientifiques et vernaculaires :

– Dasyatis marmorata – raie marbrée

– Dasyatis pastinaca – raie pastenague ou pastenague commune

– Dasyatis tortonesei – pastenague de tortonese

– Dipturus oxyrinchus - pocheteau noir ou raie-capucin

– Gymnura altavela – raie papillon ou pastenague ailée

– Aetomylaeus bovinus - aigle vachette

– Pteroplatytrygon violacea – pastenague violette

– Raja clavata – raie bouclée

– Raja miraletus – raie miroir, raie miraillée ou raie florifère

– Glaucostegus cemiculus - raie-guitare fouisseuse, guitare de mer fouisseuse

– Rhinobatos rhinobatos – appelées « raies guitares » en raison de leur forme allongée

– Taeniura grabata – pastenague africaine ou pastenague ronde

– Torpedo marmorata – torpille marbrée

– Torpedo nobiliana – torpille noire.

Rien ne prouve qu’il n’y ait pas davantage d’espèces dans nos eaux, mais il s’agit là du plus grand recensement effectué à cette date au Liban.


Description :

Les raies ou batoïdes forment un superordre (multitude de genres et de familles) de poissons cartilagineux au corps plat. Les raies que l’on trouve dans les eaux méditerranéennes au large du Liban sont de taille petite à moyenne, généralement entre 13 et 60 centimètres, bien qu’il soit arrivé à Myriam Lteif d’en trouver des spécimens d’un mètre et demi, notamment de l’espèce Rhinobatos rhinobatos, ou raies guitares. Par ailleurs, les raies ont la réputation de donner des décharges électriques pour se défendre. Cela est vrai pour certaines espèces comme celles du genre Torpedo par exemple, mais pas pour toutes.


Mode de vie et d’alimentation :

Les raies sont ce qu’on appelle des animaux benthiques, c’est-à-dire qu’elles se déplacent sur le fond marin en le rasant, de préférence les fonds sablonneux. C’est ce qui explique que leur ventre soit généralement décoloré, contrairement à leur dos. Ces poissons vivent généralement à des profondeurs de 10 à 100 mètres, d’où le fait que la lumière du jour n’a pratiquement pas d’incidence sur leur quotidien. Et du fait que les raies nagent à même le sous-sol marin, elles comptent beaucoup sur les sédiments pour y trouver leurs sources d’alimentation, se nourrissant principalement de crustacés et de petits poissons.


Impact positif en milieu naturel :

Comme pour toutes les créatures marines, les raies trouvent leur place dans la chaîne alimentaire, ce qui les rend très utiles pour leur environnement et pour la biodiversité marine. À l’instar des autres espèces, elles sont cruciales pour garder l’équilibre naturel entre prédateurs et proies.


Menaces et dangers :

La pêche intensive est le plus grand danger auquel les raies font face. Ces beaux poissons se trouvent ainsi souvent pris au piège des grands filets. Voilà comment ils finissent sur l’étalage des poissonniers, même si ce n’est franchement pas le poisson que l’on recherche le plus souvent pour la saveur de sa chair. Mais les pêcheurs, eux, ne rechignent pas à le consommer ou à le vendre en filets. Des espèces de raies que l’on trouve en Méditerranée, c’est celle de Rhinobatos rhinobatos qui est placée sur la liste rouge des espèces en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce qui ne signifie pas que les autres ne sont pas à risque, mais certaines ont d’autres statuts comme celui de « vulnérables », de « presque menacées » ou « de statut indécis en raison de données insuffisantes ».


Moyens de protection :

Même si la majorité des espèces de raies ne sont pas considérées en danger d’extinction (suivant les données dont on dispose actuellement), cela ne minimise en rien la nécessité de les préserver et de les protéger, notamment de la menace la plus importante, celle de la pêche intensive. Myriam Lteif fait remarquer que les raies sont souvent pêchées non intentionnellement. Selon elle, il est important de sensibiliser les pêcheurs à la nécessité de rejeter ces poissons en mer au lieu de les placer sur l’étalage. Sensibiliser le grand public à l’importance de ces poissons plats est également très utile, surtout que la simple évocation des raies suffit à imaginer un danger d’électrocution tout à fait injustifié !


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