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Économie - Électricité

Faute de crédits, Électricité du Liban rationne

Le fournisseur d’électricité a commencé il y a environ une semaine à progressivement diminuer la production pour économiser du carburant.

Le ministère des Finances refuse de débloquer des crédits supplémentaires pour acheter du fuel pour EDL sans passer par le Parlement. Photo P.H.B.

Alors qu’il ne se passe pas une semaine sans que la nécessité de réformer le secteur de l’électricité n’anime le débat public, Électricité du Liban (EDL) fait actuellement face à un nouveau problème d’approvisionnement en carburant. Le ministère des Finances a en effet refusé de débloquer les crédits supplémentaires demandés par le ministère de l’Énergie et de l’Eau pour financer les quantités de fuel nécessaires au fonctionnement, jusqu’à la fin de l’année, des centrales gérées par l’établissement public qui détient le monopole de la production dans le pays.

« Le ministère de l’Énergie a adressé cette demande de crédits via le décret n° 3750 daté du 10 octobre et signé par le président Michel Aoun, le Premier ministre désigné Saad Hariri et le ministre de l’Énergie César Abi Khalil. Le montant demandé est de 642 milliards de livres libanaises (425,9 millions de dollars) », indique à L’Orient-Le Jour une source à EDL. Selon elle, cette somme doit permettre de régler les livraisons de 60 000 tonnes de fuel pour les centrales de Jiyeh (Chouf), Zouk (Kesrouan) et Hrayché (Liban-Nord), ainsi que 35 000 tonnes destinées aux deux navires-centrales installés au Liban depuis 2013 par l’opérateur turc Karadeniz, le Fatmagül Sultan (Zouk) et l’Orhan Bey (Jiyeh). Les unités de production des autres centrales terrestres comme celles de Zahrani ou de Deir Ammar fonctionnent au diesel.


(Lire aussi : La Banque mondiale prête à aider le Liban à réformer le secteur de l’électricité)


Dialogue de sourds

« L’urgence, ce sont les unités de production qui dépendent de ce fuel dans les trois centrales terrestres concernées, soit un total de 450 mégawatts (MW) », indique encore la source précitée. « Les barges (qui totalisent un maximum de 370 MW) ont encore de quoi fonctionner pendant quelques jours », ajoute-t-elle, avant de noter qu’EDL a commencé à augmenter le rationnement, dès le 26 octobre, pour économiser le carburant.

« Nous n’avons, pour l’instant, pas les moyens de prévoir à quel point la fourniture de courant sera affectée si la situation s’enlise », déplore encore la source précitée. Selon le ministère de l’Énergie, le rationnement a atteint 304 heures en octobre, soit une moyenne de 9,8 heures quotidiennes, hors Beyrouth, où les heures de coupure sont plafonnées à 4,5 heures par jour.

Face à cette situation, les deux ministères concernés entretiennent un dialogue de sourds : celui de l’Énergie a multiplié les démarches pour obtenir le déblocage des crédits, tandis que celui des Finances affirmait cette semaine avoir les mains liées par la loi. « Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a assuré qu’il ne pouvait pas légalement débloquer des crédits pour un montant aussi important sans qu’une loi ne l’y autorise », a déclaré son service de presse à L’Orient-Le Jour.


Dépenses urgentes

L’article 85 de la Constitution indique effectivement que l’ouverture de crédits extraordinaires doit être sanctionnée par un vote du Parlement, exception faite des « dépenses urgentes » qui peuvent être débloquées « par le président de la République, par décret pris sur avis conforme du Conseil des ministres ». Le texte dispose également que « ces crédits ne peuvent dépasser un montant maximum fixé dans le budget » et impose une validation a posteriori du Parlement.

Mais pour le ministère des Finances, « le montant demandé est trop important pour contourner le Parlement ». De fait, les transferts à EDL qui ont été plafonnés à 1,4 milliard de dollars dans le budget 2018 avaient dépassé le tiers de cette somme sur les quatre premiers mois de l’année (522 millions de dollars, en hausse de 44 % comparé à la même période un an plus tôt), selon les derniers chiffres du ministère des Finances.

Ces transferts correspondent à des subventions sur le prix du carburant mis en place dans les années 1990, fixant celui-ci à 25 dollars. Or, les cours du brut ont fortement progressé depuis la chute des cours entamée il y a quatre ans, avec un pic en dessous des 30 dollars en février 2016. Aujourd’hui, les cours évoluent au-dessus de 60 dollars pour le WTI et de 70 pour le Brent.

Il n’est toutefois pas clair si la hausse des dépenses de carburant d’EDL est uniquement liée à celle des cours ou si elle a également été sensiblement aggravée par la mobilisation pendant trois mois d’Esra Sultan, la troisième barge dépêchée (gratuitement hors coût du carburant) par Karadeniz cet été. La mise en service de ce navire-centrale avait d’ailleurs été perturbée par un premier retard de plusieurs jours dans le déblocage des crédits alloués au carburant en septembre.


Pour mémoire

Clap de fin pour le navire-centrale Esra Sultan

Alors qu’il ne se passe pas une semaine sans que la nécessité de réformer le secteur de l’électricité n’anime le débat public, Électricité du Liban (EDL) fait actuellement face à un nouveau problème d’approvisionnement en carburant. Le ministère des Finances a en effet refusé de débloquer les crédits supplémentaires demandés par le ministère de l’Énergie et de l’Eau...

commentaires (5)

NO COMMENT....

roland rezzouali

22 h 43, le 03 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • NO COMMENT....

    roland rezzouali

    22 h 43, le 03 novembre 2018

  • Que quelque (ir)responsable m'explique enfin pourquoi à l'heure du rationnement électrique les réverbères de la municipalité demeurent allumés jour ET nuit. Déjà aux plus sombres heures de la guerre la kahraba de la baladye nous narguait nuit et jour!!!

    Tina Chamoun

    13 h 56, le 03 novembre 2018

  • LA GANGRENE QUI RONGE L,ECONOMIE DU PAYS ET LE NOIE DANS LA DETTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 26, le 03 novembre 2018

  • Un gouvernement ÉCOLO.

    DAMMOUS Hanna

    13 h 20, le 03 novembre 2018

  • Pourvu qu'ils trouvent un moyen de nous em... Il faut reconnaître qu'ils ont une immagination débordante, quel que soit le secteur... Jamais à court d'idées... Cher gouvernement (quel qu'il soit), donnez nous notre souci quotidien...

    NAUFAL SORAYA

    12 h 33, le 03 novembre 2018

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