Rechercher
Rechercher

Liban - Commémoration

Rifi à « L’OLJ » : L’arrestation de Michel Samaha a sans doute précipité la mort de Wissam el-Hassan

Six ans après le meurtre de l’ancien patron des SR des FSI, les assassins courent toujours.

Achraf Rifi et Wissam el-Hassan. Photo d’archives/L’OLJ

Le 19 octobre 2012, le général Wissam el-Hassan, alors directeur des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), trouvait la mort dans un attentat à la voiture piégée en plein cœur d’Achrafieh. Six ans plus tard, les assassins courent toujours et aucun suspect n’a été officiellement désigné.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, l’ancien directeur général des FSI et ancien ministre de la Justice le général Achraf Rifi, qui a étroitement collaboré avec le général Hassan, a réitéré les accusations des ténors du 14 Mars à l’encontre du Hezbollah, et plus insidieusement la Syrie. De la coopération entre les deux généraux au sein des FSI avait découlé, le 9 août 2012, l’arrestation de l’ancien ministre Michel Samaha, proche du pouvoir syrien et accusé d’avoir fomenté des attentats contre le mufti de Tripoli et du Liban-Nord Malek Chaar et le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, à l’instigation du chef des renseignements syriens Ali Mamlouk. Une arrestation qui, selon M. Rifi, pourrait avoir coûté la vie au général Hassan.


(Pour mémoire : TSL : Wissam el-Hassan dans le collimateur de la défense)


« Lignes rouges »

« Lorsque nous avons arrêté Michel Samaha, les Syriens ont considéré que nous avions franchi les lignes rouges et ils nous ont alors menacés. Cette arrestation pourrait avoir précipité la mort de Wissam el-Hassan, même si elle n’est sans doute pas l’unique cause de sa mort », admet M. Rifi. « Il s’agissait toutefois d’un devoir national et nous ne pouvions pas prendre la sécurité du pays à la légère, quels que soient les dangers », ajoute-t-il.

« Le relevé des caméras de surveillance présentes dans la rue où l’explosion a eu lieu a permis de repérer quatre tentatives durant les deux mois précédant l’attentat pour positionner la voiture piégée. Les caméras de surveillance de la capitale ont permis de retracer la provenance de cette voiture jusqu’à la banlieue sud de Beyrouth », souligne M. Rifi.

L’attentat qui a visé Wissam el-Hassan avait fait huit morts et près de 86 blessés, selon les chiffres officiels. Le général Hassan, qui avait dirigé la partie libanaise de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005, était pressenti pour prendre la tête des FSI à la fin de l’année 2012. Wissam el-Hassan était le responsable de la sécurité de Rafic Hariri lors de son assassinat, ce qui a fait de lui brièvement l’un des suspects du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Cependant, aucun lien avec l’assassinat n’a été prouvé et M. Hassan est resté proche du courant du Futur et d’Achraf Rifi.

« Le Hezbollah nous met face à l’équation suivante : si vous laissez tomber la justice, vous aurez la sécurité. Sinon, notre sécurité et celle de nos familles ne sont plus assurées. Mais que le Hezbollah n’essaie pas de nous faire peur. La justice nous protège et nous n’accepterons pas cette équation. Ils pourront tuer autant qu’ils voudront », lance Achraf Rifi, qui déplore le fait que l’enquête piétine depuis quatre ans, « alors que les données sont suffisantes pour porter des accusations ».

Concernant sa propre sécurité, mise à mal depuis que les effectifs de ses officiers de sécurité ont été réduits de vingt à six, et alors qu’il a été maintes fois menacé, le général Rifi estime qu’il est « inacceptable de (le) mettre à découvert sur le plan sécuritaire ». « Ceux qui étaient nos amis ont amoindri notre protection malheureusement, comme s’ils voulaient présenter leurs lettres de créance au Hezbollah », a-t-il dit dans une allusion à peine voilée au Premier ministre désigné Saad Hariri, qu’il accuse d’avoir cédé au parti chiite.


(Pour mémoire : Les parents et amis de Wissam el-Hassan se rappellent des circonstances de son assassinat)


Hommages au général Hassan

Par ailleurs, plusieurs responsables ont salué hier la mémoire de Wissam el-Hassan, parmi lesquels Saad Hariri. « À l’occasion de l’assassinat du général martyr Wissam el-Hassan il y a six ans, je commémore le souvenir d’un frère et d’un compagnon de route qui a œuvré pour la protection de la stabilité du Liban et la sécurité des Libanais. Tu nous manques », a écrit M. Hariri sur son compte Twitter.

Dans l’après-midi, le Premier ministre désigné a participé à la cérémonie de commémoration de l’assassinat du général Hassan au siège de la direction des Forces de sécurité intérieure, à Achrafieh, en présence du ministre sortant de l’Intérieur Nouhad Machnouk.

Ce dernier a déclaré que le sang de l’ancien chef des SR des FSI « n’aura pas coulé en vain » car « le temps de la justice est venu alors que quelques mois nous séparent du verdict du TSL qui juge les exécutants de l’assassinat de Rafic Hariri ». « Le second gouvernement du mandat de Michel Aoun, qui est à deux doigts d’être formé, constitue un test de loyauté envers les martyrs », a-t-il ajouté, soulignant que le prochain cabinet devait être celui « de la justice et de la réconciliation ».

« Nous demeurons à la hauteur de nos responsabilités et nous resterons sur le chemin tracé par Wissam el-Hassan », a pour sa part déclaré le directeur général des FSI, le général Imad Osman.Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a également rendu hommage au général. « Ton sang n’aura pas été versé en vain, quoi qu’en disent certains », a écrit M. Geagea sur son compte Twitter.

Le 19 octobre 2012, le général Wissam el-Hassan, alors directeur des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), trouvait la mort dans un attentat à la voiture piégée en plein cœur d’Achrafieh. Six ans plus tard, les assassins courent toujours et aucun suspect n’a été officiellement désigné.Interrogé par L’Orient-Le Jour, l’ancien directeur général des FSI et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut