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Culture - Concert

Feu! Chatterton et la flamme d'un premier amour

Pour son premier concert à Beyrouth dans le cadre du festival French Vibes, le groupe français a envoûté le public du MusicHall de sa poésie langoureuse sur fond de pop-rock électrisant.

Il y avait le Feu! Chatteron au Music Hall. Photo Hélène de Lacoste

Alors qu’aux platines de notre collègue Medea Azoury, les tons graves de Serge Gainsbourg embaument la salle du MusicHall (centre Starco), un public d’âge mûr prend place sur les rangées de sièges au velours rouge. Se distingue rapidement, néanmoins, un groupe plus jeune et majoritairement féminin qui s’approche de la petite fosse.

Entrent alors sur scène deux guitaristes, un bassiste, un batteur, et un chanteur. Les notes légères des musiciens de Feu! Chatterton ouvrent la nuit en douceur, laissant planer les syllabes languissantes du chanteur Arthur Teboul. Articulé avec tendresse et lyrisme, le texte de Côte Concorde frappe, et alors, l’attention, à peine captée, se fait souveraine.

La conversation ainsi lancée, le jeu de la séduction peut commencer. Sourcils froncés, regard grave, le chanteur à la voix éraillée est aussi habité que saisissant. Devant sa suave gestuelle, la lumière rougit, et le public aussi. À ses cris du cœur, les musiciens répondent de bonds palpitants et de chants irrépressibles. C’est maintenant indéniable : ce soir, Arthur Teboul est venu en conquérant. Et ses musiciens, en comparses avertis, s’effaceront parfois trop dans son ombre. Exhalant sa prose mélancolique, son corps se déchire de plaisir : cette musique, il ne la contrôle pas, il l’incarne. Fort d’interludes chatoyants, entre verbe soigné et humour poétisé, le chanteur-charmeur sait passer d’un sujet à l’autre sans jamais rompre la fluidité de l’instant. Dans un geste aussi évident qu’inévitable, sa veste s’envole pour mieux provoquer la stridence des jeunes femmes. Le tour est déjà presque joué.

Pas de fumée sans Feu !

Plus tard, dans une fosse mieux fournie, les bras s’enlacent et se délassent. Au son de L’oiseau, le groupe invite à roucouler, pendant que les volutes de fumée prohibée tournoient autour des yeux subtilement fermés. Chez ces douces rockstars, la musique est un exutoire sans brutalité. Faisant du public son Ophélie, Feu! Chatterton confesse ses ambitions passionnelles, “Je veux faire l’amour maintenant” et, pour y parvenir, la bande galante cherche à désorienter son audience. Au terme d’un Erussel Baled a cappella qui a figé l’atmosphère, le chanteur désarticulé se fond dans la foule pour en remonter encore plus déchaîné. Ceux qu’il nomme les “mesdames et messieurs sur les transats du fond”, bien qu’impassibles jusqu’alors, se prennent enfin au jeu de cette rencontre jouissive. Embrigadés dans une techno électrisante tapissée d’un rock survolté, ils ont quitté leurs velours solitaires à jamais. Les auteurs de Boeing, redoublant d’invitations au voyage vers mille natures méconnues, ont fini par avoir raison de tous.

Livrer son corps à une fragilité vigoureuse, faire rêver d’horizons perdus, enivrer par une indolence narquoise et empoigner chacun en quelques accords : tel est l’art de la sérénade de Feu! Chatterton. En bons séducteurs, les poètes du rock parisien savent surfaire l’émotion pour mieux la fixer. D’une simple et ultime chanson triste, ils annoncent la nostalgie des premières amours. Si le temps de la liaison de Feu! Chatterton et du MusicHall se fit trop court, c’est le souvenir savoureux de cette romance fugace qui persistera.



Pour mémoire

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