La rencontre entre Samir Geagea, chef des Forces libanaises, et Sleiman Frangié, président du parti des Marada, serait imminente et aurait lieu « à tout moment ». C’est à peu près tout ce qu’il était possible d’apprendre hier sur cet événement attendu, et qui alimente toutes les rumeurs depuis près d’une semaine.
Selon des sources interrogées par L’Orient-Le Jour et celles de l’agence al-Markaziya, la rencontre reste entourée du plus grand secret, elle ne sera pas ouverte à la couverture médiatique et sera probablement révélée a posteriori. Même s’il a été impossible de confirmer si elle aura lieu dans les jours qui viennent, les informations semblaient suggérer qu’elle était imminente. Une telle rencontre au sommet des deux partis viendrait couronner des mois de contacts en vue d’aplanir les obstacles qui empêchaient, jusque-là, une collaboration réelle entre ces deux formations, fortement implantées au Liban-Nord. L’affaire n’était pas simple car l’origine de l’animosité entre les deux formations remonte aux jours noirs de la guerre civile, plus précisément à l’assassinat de Tony Frangié, père de Sleiman, et de sa famille à Ehden en 1978, dans le cadre du conflit qui opposait en ce temps-là les Marada et les Kataëb, dont Samir Geagea était déjà un cadre militaire.
(Pour mémoire : Rencontre Geagea-Frangié : pas imminente, mais de plus en plus inéluctable)
Outre la symbolique historico-politique que revêtira une telle rencontre, elle permettra aux deux partis, fortement opposés sur des questions stratégiques comme les armes du Hezbollah et la relation avec la Syrie, de s’entendre sur des affaires ayant trait à la vie quotidienne des Libanais, ce qui est apparemment leur volonté commune (voir L’OLJ du 2 octobre). Le rapprochement permettrait aussi de détendre l’atmosphère et de régler un contentieux lourd qui pesait encore sur la scène chrétienne : celle-ci avait déjà connu une réconciliation importante entre les FL et le Courant patriotique libre du président Michel Aoun en janvier 2016, mise à mal par des conflits depuis.
Les répercussions positives sur la scène chrétienne d’un tel rapprochement trouvent de bons échos auprès du patriarcat maronite à Bkerké, dont les sources assurent à al-Markaziya « encourager toute réconciliation entre deux partis qui s’étaient retrouvés un jour ou l’autre en situation de conflit, car il est temps de dépasser les obstacles du passé ». Les sources de Bkerké estiment que la rencontre aura probablement lieu en l’absence du patriarche Béchara Raï, en déplacement à Rome, mais assurent que celui-ci « bénit tout rapprochement entre les frères, lui qui a été pionnier dans ses efforts pour réunir les leaders chrétiens à Bkerké ».
Reste à savoir si le timing d’un tel rapprochement revêt lui aussi une signification importante : les deux partis, malgré leurs différences, entretiennent depuis plus ou moins longtemps une relation tendue avec le CPL. Toutefois, les sources des deux parties continuent de nier vigoureusement tout lien entre cette rencontre, qui intervient après des mois de préparations et de contacts, et une action dirigée contre une quelconque tierce partie.
Pour mémoire
Le « petit pas » de Nadim Gemayel à Zghorta
Nadim Gemayel se recueille sur la tombe de Tony Frangié
Espérons que cela soit sincère...des deux côtés ! Irène Saïd
17 h 51, le 08 octobre 2018