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Culture - DESIGN

Quand Marc Dibeh crée pour se souvenir

C’est un designer (3e prix L’OLJ-SGBL de la saison 1 de Génération Orient) qui part toujours d’histoires à (se) raconter pour créer des meubles et des objets. Cette fois, le récit est personnel. Il est même intime, touchant et tendre, aussi plein que l’amour maternel...

Marc Dibeh a fait de ses souvenirs d’enfance une installation mobilière transmetteuse d’émotions...

« Les bras des mères sont faits de tendresse », affirmait Victor Hugo. Ce n’est pas Marc Dibeh qui le contredira. Le designer, qui avoue sans complexes avoir été collé, enfant, aux jupons de sa maman, lui rend un émouvant hommage à travers une collection d’objets toute en géométrie douce, présentée jusqu’au 3 novembre chez Joy Mardini Design Gallery sous l’intitulé Dimanche 6.

On connaissait la propension de Marc Dibeh à raconter des histoires. Non pas avec des images ou des mots, mais avec des meubles et des objets. On savait l’audace que ce talentueux architecte et designer mettait en œuvre dans la recherche de son inspiration. Ainsi, outre son Love the Bird, sa fameuse lampe de chevet dissimulant un sex-toy qui a contribué à le faire connaître il y a quelques années, on se souvient entre autres de sa série sur L’art de recevoir, pour laquelle il s’était effrontément invité à dîner chez des gens qu’il ne connaissait que de nom. Bref, ce jeune homme de 33 ans cultivait, jusque-là, une image de sympathique désinvolture – qui ne se répercutait cependant pas sur son travail, d’une facture toujours impeccable. Sauf qu’à travers l’exposition que lui consacre actuellement Joy Mardini, c’est une facette différente, plus intime, plus sensible, plus touchante qu’il dévoile au public. Et pour cause : les pièces mobilières qu’elle rassemble, dans une sorte d’installation à la blancheur ouatée, sont inspirées de son attachement à la femme qui lui a donné la vie et qui a quitté ce monde. Un certain dimanche 6...

Le déchirement de l’oubli

Faire de quelques objets, matières, formes et couleurs minimalistes les réceptacles d’une mémoire filiale à jamais liée au souvenir d’une mère aimante partie trop tôt, il y a trois ans. C’est ce qu’a entrepris, cette fois, Marc Dibeh. S’appuyant sur une phrase tirée du Journal de deuil de Roland Barthes ( « Écrire pour se souvenir ? Non pour me souvenir, mais pour combattre le déchirement de l’oubli (…) » ), il a décidé d’affronter, lui aussi, ce « souvenir qui s’intensifie de plus en plus » malgré (ou avec) le temps qui passe. En élaborant une collection de quelques objets censés refléter la plénitude de son enfance bercée par la présence protectrice de sa mère. Mais aussi l’inversion de cette relation de protection à l’irruption de la maladie.

Comment raconter cette histoire à la fois si singulière et si universelle, ce lien à la fois si heureux et si douloureux ? En revisitant des objets ayant appartenu à sa mère ? En repensant des traditions auxquelles elle était attachée ? La question a longtemps taraudé le designer, qui a finalement choisi de traduire, en croquis d’abord puis en lignes, en formes et finalement en objets, sa perception, toute auréolée du filtre de l’enfance, des images, des expériences et des moments forts partagés avec la chère disparue.

Se basant donc uniquement sur la mémoire, forcément floue, de son enfance, il a aussi été chercher sa perception de certains objets d’avant 1995, dont il a repris les couleurs (claires, blanches et beiges) et les matériaux (chrome, travertin, ciment, miroir ou encore un tissu à la texture pelucheuse) pour concevoir une ligne d’éléments mobiliers (canapé, luminaire, table d’appoint, miroir et vase au sol) tout en courbes féminines et maternelles, et entrelacements… Une démarche issue cette fois d’une réflexion sensorielle toute en subtilité. Et qui révèle, néanmoins, sa puissance évocatrice dès que l’on entre dans la galerie, dont Marc Dibeh a su utiliser l’espace et la lumière pour générer encore plus d’émotion. Et d’empathie...



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