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À La Une - Diplomatie

Merkel et Erdogan affichent une timide détente malgré de "profondes différences"

La seule annonce concrète à l'issue de la rencontre concerne la tenue éventuelle en octobre d'un sommet inédit sur la Syrie, axé sur le sort du dernier bastion rebelle d'Idleb et réunissant Russie, Turquie, Allemagne et France.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et la chancelière allemande Angela Merkel, après une conférence de presse à Berlin, le 28 septembre 2018. REUTERS/Fabrizio Bensch

Angela Merkel et Recep Tayyip Erdogan ont affiché vendredi un timide rapprochement entre leurs deux pays même si de "profondes différences" demeurent sur les droits de l'homme et la liberté de la presse en Turquie.

La seule annonce concrète à l'issue de la rencontre porte sur l'éventuelle organisation en octobre d'un sommet inédit sur la Syrie, axé sur le sort du dernier bastion rebelle d'Idleb et réunissant Russie, Turquie, Allemagne et France. Un dossier sur lequel Moscou a la main, tandis que Paris et Berlin n'ont guère eu d'influence jusqu'ici.

La Turquie et l'Allemagne, où M. Erdogan effectue une visite d'État jusqu'à samedi, sortent de deux années de brouille : depuis le putsch manqué de 2016, Ankara reproche à Berlin la timidité de son soutien.

Les autorités allemandes critiquent quant à elles la dérive répressive de la Turquie ou encore l'espionnage d'opposants turcs en territoire allemand.


(Lire aussi : En visite en Allemagne, Erdogan veut enterrer la hache de guerre)


Questions esquivées

Il y a encore de "profondes différences", a reconnu Mme Merkel à l'issue de cette rencontre, évoquant la liberté de la presse et le respect des droits de l'homme en Turquie.

Mais à l'heure du dégel entre les deux pays, la chancelière a aussi mis l'accent sur les intérêts communs avec Ankara. "Nous avons beaucoup de choses qui nous unissent", a-t-elle martelé.

L'Allemagne compte trois millions d'habitants de nationalité ou d'origine turque.

Et avec 7.500 entreprises allemandes travaillant en Turquie, Berlin a besoin d'une "économie turque stable", a expliqué Mme Merkel, à un moment où ce pays est frappé par une crise aiguë, en particulier liée à la chute de sa monnaie.

M. Erdogan s'est pour sa part réjoui que cette visite permette de repartir sur de nouvelles bases : "nous sommes parvenus à un consensus pour relancer les mécanismes de coopération".

Il a esquivé les questions des journalistes sur ses déclarations de 2017 au sujet de supposées "pratiques nazies" du gouvernement allemand ou l'échec de la candidature turque à l'Euro-2024 de football, attribuée jeudi à l'Allemagne.

Tous deux membres de l'Otan, Allemagne et Turquie ont par ailleurs des intérêts communs à lutter contre le terrorisme et à éviter tout nouvel afflux de migrants en provenance de Syrie, a souligné Mme Merkel. Les deux pays accueillent à eux deux plusieurs millions de réfugiés syriens.


(Pour mémoire : L'Allemagne et la Turquie veulent reprendre un dialogue étroit)


"Démocratie gravement menacée"

M. Erdogan, doté de pouvoirs accrus depuis le début de son nouveau mandat en juillet, s'était dans la matinée entretenu avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier dans sa résidence du Château de Bellevue, où il a reçu les honneurs militaires.

M. Steinmeier a abordé la question des prisonniers "politiques" détenus en Turquie, dont cinq Allemands toujours retenus dans les geôles turques.

Quelques milliers de manifestants, mais loin des 10.000 espérés, ont protesté sans incidents dans l'après-midi à Berlin à l'appel de groupes turcs et kurdes. Sur une banderole, M. Erdogan est représenté en train de tuer un journaliste avec une kalachnikov, sur une autre avalant une colombe. "C'est un scandale que le tapis rouge soit déroulé à Erdogan", a dit à l'AFP Nujiyan Gunay, la quarantaine.

Une autre manifestation est prévue pour samedi à Cologne où le président turc doit inaugurer une mosquée.

Au cours de la conférence de presse, un homme arborant un tee-shirt "Liberté pour les journalistes", a été évacué sans ménagement. Et M. Erdogan a confirmé vouloir l'extradition du journaliste et critique du pouvoir turc Can Dündar, qui s'est exilé en Allemagne, l'accusant d'être un "agent" ayant divulgué des "secrets d'Etat". Il a été condamné à cinq ans de prison dans son pays. "Je ne suis pas un agent, je suis un journaliste", a déclaré Cam Dündar vendredi soir au cours d'une conférence de presse, se disant poursuivi par la justice turque uniquement "pour avoir écrit un article de presse".

Mme Merkel a une nouvelle fois refusé de considérer, malgré le souhait d'Ankara, les partisans du prédicateur Fethullah Gülen comme faisant partie d'une "organisation terroriste", ceux-ci étant accusés d'avoir fomenté le coup d'Etat avorté de 2016. Fethullah Gülen rejette de telles accusations. "Nous prenons les informations de la Turquie au sérieux (...) mais ça ne suffit pas", a-t-elle dit.

En Allemagne, à gauche comme à droite, les appels à ce qu'Angela Merkel, affaiblie par une année de crises gouvernementales et par les tensions dans sa majorité sur la politique migratoire, s'étaient multipliés pour qu'elle reste ferme.

Elle et d'autres personnalités politiques n'assisteront d'ailleurs pas au dîner d'Etat organisé en l'honneur de M. Erdogan à la présidence.


Pour mémoire 

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Angela Merkel et Recep Tayyip Erdogan ont affiché vendredi un timide rapprochement entre leurs deux pays même si de "profondes différences" demeurent sur les droits de l'homme et la liberté de la presse en Turquie. La seule annonce concrète à l'issue de la rencontre porte sur l'éventuelle organisation en octobre d'un sommet inédit sur la Syrie, axé sur le sort du dernier bastion...

commentaires (2)

FALLAIT L,IGNORER COMPLETEMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 01, le 28 septembre 2018

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Commentaires (2)

  • FALLAIT L,IGNORER COMPLETEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 01, le 28 septembre 2018

  • Il y a le langage diplomatique : Pour parler de la Syrie... On parle de rapprochemen Merkel-Erdogan Il y a la réalité du terrain : La Turquie n'a jamais été une démocratie et depuis plus d'un siècle c'est le pays de toutes les violences et barbarie. Erdogan à eu la chance inouïe de faire entrer son pays dans le concert des nations civilisées de l'Europe... Il à gâché cette chance qui ne se représentera plus jamais (malgré le dossier de l'adhésion toujours ouvert mais qui se trouve au point zéro). Erdogan à sombré son pays dans les méandres de l'histoire... Pour de bon ! Vue de cet angle c'est une performance.

    Sarkis Serge Tateossian

    20 h 45, le 28 septembre 2018

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