Rechercher
Rechercher

Liban - Communautés

Raï du Canada : Les responsables libanais détruisent plus qu’ils ne construisent

Le patriarche maronite a de nouveau appelé à la formation d’un gouvernement « neutre » et d’« état d’urgence ».

Le patriarche et le consul libanais Wadih Farès entourés de Libanais du Canada. Photo ANI

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est revenu hier à la charge, adressant de vives critiques à l’encontre de la classe politique libanaise qui tarde à s’entendre sur une formule pour former le gouvernement et tirant de nouveau la sonnette d’alarme au niveau économique.

« Est-il possible que chacune des parties politiques tienne à sa quote-part sans tenir compte de la quote-part du pays, comme s’il n’existait pas, ou comme si elle n’était loyale qu’envers elle-même et non envers le pays ? » a déclaré le patriarche lors d’une cérémonie organisée dans le salon de l’église Notre-Dame du Liban à Halifax (Nouvelle-Écosse), au Canada, où il effectue depuis vendredi une tournée paroissiale durant laquelle il présidera la cinquième conférence des archevêques maronites de l’étranger et des directeurs monastiques.

« Cela est inacceptable, a-t-il martelé. Quatre mois ont passé depuis la tenue des législatives et la désignation de Saad Hariri au poste de Premier ministre en mai dernier et le gouvernement n’a toujours pas été formé. Le Parlement de son côté est incapable de quoi que ce soit. Entre-temps, les pays étrangers nous observent et se demandent de quelle trempe sont faits les hommes politiques du Liban. Cela est triste. »

« Que disent de nous ces pays en constatant que chacun des hommes politiques campe sur ses positions et est attaché à ses revendications ? a déploré le patriarche. Il n’y a pas de gouvernement, le pays est paralysé, le peuple s’appauvrit, le danger augmente sur le plan économique et financier, et les jeunes émigrent par manque d’opportunités de travail. » Et de se demander s’il se trouvait une partie qui « se sentirait responsable » de ce pays et qui serait prête à « faire des concessions pour que le Liban puisse se redresser ».

« Nous avons déjà proposé la formation d’un gouvernement neutre et d’état d’urgence », a rappelé le patriarche. « Ce gouvernement sera responsable des réformes exigées lors de la conférence dite CEDRE (tenue à Paris en avril dernier) pour pouvoir bénéficier des 11 milliards de dollars qui avaient été approuvés », a-t-il expliqué. Lors de la conférence, les pays donateurs se sont engagés à assurer des crédits à des taux avantageux pour aider économiquement le Liban à condition que des réformes soient entreprises. « Ce gouvernement sera aussi chargé d’œuvrer à une unité nationale entre les différentes parties qui se nuisent mutuellement (…) et qui ont besoin qu’on les réconcilie », a avancé Mgr Raï, affirmant de nouveau que « la situation économique au Liban passe par une phase très dangereuse ».

« Vous ne pouvez pas réduire

le Liban à votre taille »

Saluant les réalisations des Libanais de l’étranger, le patriarche a affirmé qu’il existait « un grand fossé entre eux » et la « classe politique ». « Grâce aux Libanais de l’étranger, la communauté internationale a tenu trois conférences d’aide au Liban, ce qui prouve que ces États aiment le Liban et son peuple », a-t-il ajouté, en référence à Rome II pour le soutien à l’armée, CEDRE à Paris pour le soutien à l’économie libanaise et la conférence de Bruxelles sur les déplacés.

Par ailleurs, Mgr Raï a décerné au consul honoraire du Liban à Halifax, Wadih Farès, la médaille patriarcale Saint-Maron, en signe d’appréciation de son action humanitaire et sociale et des services rendus au Liban et à la diaspora.

Plus tôt en journée, le patriarche avait, lors du lever du voile sur la statue de l’Émigré libanais à Halifax, attaqué également la classe politique. Il a dans son discours souligné que cette statue adresse trois messages aux responsables. Il les a ainsi appelés à « laisser tomber leurs intérêts et calculs d’épicier pour le bien du pays et de l’État libanais », « oser s’aventurer et aller de l’avant pour reconstruire un État qui existait, mais qui va à la dérive » et sortir de leur « repli sur eux-mêmes ». Il a par ailleurs affirmé que les responsables politiques ne pouvaient pas « réduire le Liban à leur taille ».

Samedi, lors d’une rencontre avec la diaspora libanaise à Halifax, le patriarche a qualifié d’« inacceptable » le fait que le pays « reste sans gouvernement ». « Le patriarcat ne se taira pas sur tout ce qui se passe de négatif » au pays du Cèdre, a-t-il ajouté. « Nous allons faire face aux vents violents qui soufflent sur le Liban », a-t-il dit, estimant que la situation actuelle « ne reflète pas les traditions du pays ». Devant la délégation de presse qui l’accompagnait, il a affirmé que « les responsables libanais détruisent plus qu’ils ne construisent ».

Hier en soirée, Mgr Raï et la délégation qui l’accompagnait se sont rendus à Montréal, deuxième étape de sa visite au Canada. Celle-ci se poursuivra jusqu’au 1er octobre et englobera également Toronto, Cornwall et Ottawa. Le patriarche s’envolera par la suite pour le Vatican.

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est revenu hier à la charge, adressant de vives critiques à l’encontre de la classe politique libanaise qui tarde à s’entendre sur une formule pour former le gouvernement et tirant de nouveau la sonnette d’alarme au niveau économique.« Est-il possible que chacune des parties politiques tienne à sa quote-part sans tenir...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut