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À La Une - Reportage

Dans l'Eglise officielle de Chine, on prie toujours pour le régime

Les quelque 12 millions de catholiques chinois sont divisés entre une Eglise officielle, dite "patriotique", dont le clergé est nommé directement par Pékin, et une Eglise "souterraine", fidèle au pape.


L'évêques Joseph Li Shan lors d'une messe dans la Cathédrale du Sud à Pékin, le 22 septembre 2018. AFP / Nicolas ASFOURI

Comme à chaque messe, les fidèles de l'Eglise "patriotique" ont prié samedi soir à la cathédrale de Pékin pour le régime communiste, sans mention de l'accord historique tout juste signé entre la Chine et le Vatican.
La messe de 18h30 a été célébrée une demi-heure après l'annonce d'un compromis entre Pékin et Rome sur l'épineuse question de la nomination des évêques. Un rapprochement historique en 67 ans de séparation entre l'Eglise et Pékin.

Les quelque 12 millions de catholiques chinois sont eux-mêmes divisés entre une Eglise officielle, dite "patriotique", dont le clergé est nommé directement par Pékin, et une Eglise "souterraine", fidèle au pape.

Dans le vaste édifice néo-gothique de la cathédrale de Pékin, au cœur de l'Eglise officielle, l'évêque Joseph Li n'a pas évoqué dans son homélie l'accord avec le Vatican. Mgr Li est l'un des évêques chinois reconnus à la fois par le régime et le Vatican. Il célébrait samedi soir 80 baptêmes et a consacré son sermon au thème de la foi et de la fidélité. Lors de la prière universelle, l'assemblée prie pour les dirigeants du pays, mais le nom du pape François n'est pas prononcé.

Dans le sanctuaire plein à craquer, les fidèles semblent tout ignorer de l'accord enfin intervenu avec le Vatican... et même de la querelle autour de la nomination des évêques. Rien d'étonnant: les médias officiels se gardent d'évoquer la figure du pape, un dirigeant étranger qui reconnaît le régime rival de Taïwan. Et l'existence même d'une Eglise souterraine est un sujet tabou.
"C'est à Dieu de décider ce que cela signifie pour l'Eglise. En tant que pratiquants, nous prions pour que le meilleur advienne", résume Madeleine, une fois informée du rapprochement Rome-Pékin.
D'autres espèrent que l'accord permettra enfin à l'Eglise d'exister en dehors de l'influence d'un régime officiellement athée. "Nous devons prier Dieu et défendre la souveraineté de l'Etat", observe un croyant, Paul Yu, à la sortie de la messe. "Mais notre Eglise doit aussi rester à l'écart de l'Etat".


(Lire aussi : "Nulle part où prier": des catholiques chinois désemparés)


Des espions
Dans l'Eglise souterraine, des fidèles redoutent que l'accord signifie à terme une mise sous tutelle par l'Eglise officielle avec la bénédiction de Rome, au risque que les croyants se retrouvent étroitement surveillés par le régime.

Le prêtre d'une communauté catholique clandestine dans le Hebei, la province qui entoure Pékin, assure qu'elle a toujours été loyale envers le Vatican et le restera. "Certains fidèles et certains prêtres acceptent cette évolution mais d'autres ont du mal à s'y faire parce qu'ils n'ont pas confiance dans le Parti communiste et le gouvernement", témoigne-t-il, sous couvert d'anonymat. "Ils ne croient pas à la sincérité du gouvernement", ajoute le prélat, convaincu que certains membres de son église travaillent pour les autorités "en tant qu'espions".

Le régime du président Xi Jinping a engagé ces dernières années une reprise en mains drastique des communautés religieuses, particulièrement catholiques et musulmanes. Au point que le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a accusé vendredi Pékin de "fermer des églises, brûler des bibles et obliger les fidèles à signer des papiers renonçant à leur foi".


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Comme à chaque messe, les fidèles de l'Eglise "patriotique" ont prié samedi soir à la cathédrale de Pékin pour le régime communiste, sans mention de l'accord historique tout juste signé entre la Chine et le Vatican.La messe de 18h30 a été célébrée une demi-heure après l'annonce d'un compromis entre Pékin et Rome sur l'épineuse question de la nomination des évêques. Un...

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