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Liban - Gouvernement

Gouvernement : Vers la fin de « la période de grâce » ?

Le Hezbollah chercherait à mettre un terme aux tergiversations du CPL.

Lors d’un dîner dans l’Iqlim el-Kharroub, Saad Hariri a appelé vendredi soir toutes les parties à faire preuve de « modestie » pour faciliter la formation du gouvernement. Photo Dalati et Nohra

À l’heure où les parties politiques concernées affirment que les concertations multidirectionnelles pour la formation du nouveau cabinet se poursuivent loin du feu des projecteurs, à la veille d’une rencontre qui devrait avoir lieu dans les prochains jours entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et le président de la République Michel Aoun au palais de Baabda, les échanges d’accusations qui gagnent en ampleur au fil des jours donnent plutôt l’impression que le climat de confrontation n’est pas près de céder la place à une atmosphère de collaboration générale en vue de créer un climat de stabilité qui ouvrirait la voie aux réformes.

Cette prochaine rencontre Aoun-Hariri pourrait être l’occasion de revoir la mouture gouvernementale présentée par le Premier ministre désigné au chef de l’État le 3 septembre, à la lumière des observations de ce dernier.

Mais en attendant, les nœuds empêchant la naissance du gouvernement restaient entiers hier, sans perspective de règlement. La volonté du camp Courant patriotique libre-président de la République de s’assurer le tiers de blocage au sein de la nouvelle équipe ministérielle au nom du « mandat fort » et de la « présidence forte », pomme de discorde principale, restait ainsi intacte. Une volonté décriée et contestée par des milieux proches du courant du Futur, du Parti socialiste progressiste (PSP) et des Forces libanaises (FL).

Les deux gendres

Le CPL et ses détracteurs ont donc continué à s’écharper dans les médias et sur les réseaux sociaux durant le week-end.

Le ministre sortant des Affaires étrangères et chef du CPL, Gebran Bassil, en déplacement au Canada pour le congrès de la Lebanese Diaspora Energy, a ainsi accusé vendredi soir certaines formations politiques de saboter la formation du gouvernement afin de vouloir « faire échouer le président de la République et son projet de » compromis « entre toutes les composantes de la société libanaise ». « Leur objectif est connu de tous, ils veulent faire échouer le président de la République et son projet de compromis entre toutes les composantes libanaises », a ajouté M. Bassil, dans une attaque dirigée à la fois contre le PSP et les FL (voir par ailleurs).

Le chef du PSP Walid Joumblatt ne s’est pas privé, sur son compte Twitter, de taper sur le chef du CPL, en le comparant à Jared Kushner, conseiller et gendre du président des États-Unis Donald Trump. « Quelle théorie époustouflante que celle selon laquelle le fait de sanctionner, marginaliser et tuer les Palestiniens contribuerait au processus de paix. Il s’agit là d’une idée du gendre de Trump, Jared Kushner. La même conception est appliquée ici par le gendre au Liban pour assurer son hégémonie, et nul ne lui fait opposition à part nous. Nul ne paie le prix à part nous. Tout le reste constitue un groupe de statues qui ne cherchent qu’à se répartir les intérêts. Ne jouez pas avec le feu », a écrit M. Joumblatt. Il s’est aussitôt attiré une réponse du ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, sur le même ton. « Il n’est pas dans ton genre de comparer entre Gebran, fils de cette terre, et Jared, qui a judaïsé Jérusalem. Nous n’avons jamais dit de toi, fils de cette Montagne, que tu étais à l’image de Joulani (chef du Front al-Nosra) », a écrit M. Jreissati sur son compte Twitter, en rappelant le chef du PSP à son « bon sens ».

Dans le même sillage, le ministre sortant de l’Environnement Tarek el-Khatib (CPL) s’est déchaîné samedi contre le ministre sortant de l’Éducation Marwan Hamadé (proche du PSP), sur fond de la querelle mimétique que se sont livrées les deux partis depuis plusieurs jours en termes de limogeage de fonctionnaires. Accusant M. Hamadé d’« abus de pouvoir à travers l’exploitation de la tutelle (syrienne) » autrefois, M. Khatib a ajouté : « Votre comportement n’a pas changé. Vous continuez d’attaquer la présidence de la République avec impolitesse. Mais aujourd’hui, toute la différence est qu’il y a au palais de Baabda un président fort qui repose sur une base populaire solide comme les cèdres du Liban. Il n’est plus permis de prendre pour cible la présidence par le biais de vocables peu recommandables sans que votre haine ne fasse un effet boomerang. »

Il convient de rappeler que le problème entre les deux partis est lié à la persistance du camp CPL-présidence de la République à ne pas accorder trois portefeuilles au PSP dans une volonté de réduire l’influence de M. Joumblatt, toujours décisive dans les équilibres gouvernementaux précédents.

Et, au-delà du conflit CPL-PSP stricto sensu, c’est le député druze au sein du groupe parlementaire Amal, Anouar el-Khalil, qui s’en est pris hier au président de la République, l’accusant d’empêcher la formation du gouvernement. « Le seul nœud qui empêche la formation du gouvernement se trouve chez le président qui demande ce que l’on ne peut demander », a dénoncé M. el-Khalil. Plus tard dans la journée, M. el-Khalil a publié un communiqué pour affirmer qu’il avait exprimé cet avis « en sa qualité personnelle de député » et non en tant que « secrétaire général du bloc du Développement et de la Libération ».

Le contentieux avec les FL

Le front CPL-FL est resté calme, lui, quand bien même le contentieux reste entier entre les deux formations. Après avoir abandonné leurs revendications de cinq portefeuilles, les FL avaient fait des concessions vis-à-vis du camp CPL-présidence de la République, acceptant l’idée de quatre ministères et l’idée de céder la vice-présidence du Conseil et de ne pas obtenir de portefeuille régalien. « Cependant, cette volonté de collaboration s’est heurtée à des appétits gargantuesques de la part du CPL, indique une source autorisée FL. Plus nous étions disposés à faire des concessions pour débloquer le processus, et plus l’on nous en demandait », ajoute cette source, qui évoque une « vraie guerre d’élimination contre les FL ». Le parti se heurte actuellement à une volonté aouniste de le priver du portefeuille de la Justice, qu’il convoite. « Nous ne pouvons poursuivre sur cette pente déclinante vers laquelle certains cherchent à nous pousser. (…) Nous ne pouvons pas faire davantage de concessions. On ne réussira pas à isoler les FL », a indiqué samedi le député Eddie Abillama, dans un entretien à la radio.

Pour un analyste politique proche du 14 Mars, le problème serait entièrement libanais, contrairement aux allégations de certains, même si l’obstruction permanente du processus ne peut, in fine, que favoriser les interventions étrangères et l’impact des événements régionaux. Pour cet analyste, ce problème est le suivant : « Le CPL, et plus particulièrement son chef Gebran Bassil, a ouvert trop tôt la bataille pour la prochaine présidentielle, ce qui est de nature à affaiblir de facto le mandat Aoun, à mille lieues de l’idée de la présidence forte qu’il défend par ailleurs. Cela est de nature à envenimer les relations du CPL et de la présidence avec les autres composantes politiques du pays, notamment chrétiennes. C’est cela qui explique la guerre menée contre les FL et les Marada, mais aussi contre le PSP. »

Et le Hezbollah ?

Mais selon un autre analyste politique proche des milieux haririens, le Hezbollah, qui souhaiterait une formation rapide du nouveau cabinet face aux multiples échéances régionales et internationales qui pointent à l’horizon – verdict du Tribunal spécial pour le Liban, sanctions US contre l’Iran, développements régionaux – serait « décidé à mettre un terme aux tergiversations de Gebran Bassil, parce que la période de grâce qui était accordée au président est terminée ». Selon cet analyste, la voie de sortie serait que le gouvernement soit formé sans tiers de blocage au chef de l’État.

C’est dans ce contexte que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a appelé vendredi soir les différentes factions politiques à « faire preuve d’un peu de modestie et à penser davantage au pays » afin de parvenir à former un gouvernement, estimant que la situation économique du pays doit être « prise en considération ».

À l’heure où les parties politiques concernées affirment que les concertations multidirectionnelles pour la formation du nouveau cabinet se poursuivent loin du feu des projecteurs, à la veille d’une rencontre qui devrait avoir lieu dans les prochains jours entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et le président de la République Michel Aoun au palais de Baabda, les échanges...

commentaires (5)

Notre pays jadis comparé...à la Suisse... est le plus sale de la région du Proche Orient et couvert d'ordures partout le courant électrique rachitique internet hoquetant l'eau est gaspillée et polluée de par la négligence des responsables l'économie sombre dans le néant, la misère du peuple sans travail donc sans revenus assurés augmente... notre ministre des affairs étrangères accumule les bourdes partout où il voyage, mais protégé en tout par son beau-papa nous sommes la risée d'une partie de la Communauté internationale nos responsables s'insultent publiquement par twitters interposés et se font une guerre impitoyable pour obtenir un ministère à leur goût dans le futur gouvernement etc., etc., de quelle "période de grâce" est-il question ??? Irène Saïd

Irene Said

15 h 41, le 17 septembre 2018

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Commentaires (5)

  • Notre pays jadis comparé...à la Suisse... est le plus sale de la région du Proche Orient et couvert d'ordures partout le courant électrique rachitique internet hoquetant l'eau est gaspillée et polluée de par la négligence des responsables l'économie sombre dans le néant, la misère du peuple sans travail donc sans revenus assurés augmente... notre ministre des affairs étrangères accumule les bourdes partout où il voyage, mais protégé en tout par son beau-papa nous sommes la risée d'une partie de la Communauté internationale nos responsables s'insultent publiquement par twitters interposés et se font une guerre impitoyable pour obtenir un ministère à leur goût dans le futur gouvernement etc., etc., de quelle "période de grâce" est-il question ??? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 41, le 17 septembre 2018

  • A MOINS DE ME TROMPER , J'AI OUI SUR UNE CHAINE TELE SALIM AOUN SE DEFENDRE- CONFIRMANT DONC - QUE LE CPL ETAIT DANS ""SON DROIT DE REPRESAILLES"" vs M hamade.... car ils devenaient impatients de toujours etre ceux qui se taisaient face aux autres qu'ils accusent de tous les maux bien sur- ET QUE DONC, NORMAL, le citoyen libanais devra SUBIR les conneries des uns et des autres , les 2 fonctionnaires dechus SACRIFIES sur l'autel du Liban Fort de par le president fort et ses sbires forts du cpl. TRES NORMAL salim aoun a trouve. DEGUEULASSE VOUS PENSEZ? PRIERE TROUVER UN ADJECTIF ENCORE + DÉGUEU.

    Gaby SIOUFI

    12 h 45, le 17 septembre 2018

  • Mandat fort, présidence forte, hégémonie forte, moutarde forte à Francfort. Lavage de linges sales à l'étranger... Plus honteux que cela n'existe que dans le royaume du Roi Dagobert. Pauvre Liban.

    Un Libanais

    10 h 20, le 17 septembre 2018

  • ILS VEULENT FAIRE ECHOUER LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET SON PROJET DE COMPROMIS ENTRE TOUTES LES COMPOSANTES... SE RIRE DES LIBANAIS EST UNE TENTATIVE VAINE... LE BLOCAGE ETANT EXCLUSIVEMENT GENDRISSIMO-BEAUPERIEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 42, le 17 septembre 2018

  • en fait je me dis qu'avec ces energumenes au pouvoir, on aura jamais ni l'electricite, ni l'eau salubre, ni l'internet, ni le telephone, ni rien. il faut juste profiter du spectacle de kleptomanes, on finance tout ca apres tout

    George Khoury

    08 h 16, le 17 septembre 2018

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