L'ancien secrétaire d'Etat américain John Kerry, à San Francisco, le 13 septembre 2018. Justin Sullivan/Getty Images/AFP
Rencontres "illégales", "sans précédent" qui "sapent" la politique étrangère des Etats-Unis: l'ex-secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a admis cette semaine avoir continué à rencontrer l'actuel chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, a suscité la colère de Donald Trump et du camp conservateur.
"John Kerry a eu des rencontres illégales avec le très hostile régime iranien, cela ne peut servir qu'à saper notre bon travail au détriment du peuple américain", s'est plaint sur Twitter, dans la nuit de jeudi à vendredi, le président américain.
"Il leur a dit d'attendre la fin de l'administration Trump !", "C'EST MAL !", a-t-il protesté, laissant entendre que ces entretiens avaient eu lieu sans être portés à la connaissance de la diplomatie américaine.
Sans se prononcer sur la légalité de ces réunions, l'actuel chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a accusé vendredi son prédécesseur démocrate de "saper activement la politique des Etats-Unis".
"Ce qu'a fait le secrétaire Kerry est inconvenant et sans précédent", "c'est littéralement du jamais vu" et "bien plus qu'inapproprié", a protesté le ministre républicain. "On parle d'un ancien secrétaire d'Etat qui discute avec le principal Etat soutien du terrorisme au monde, et, d'après lui-même", "il leur disait de patienter jusqu'à la fin de cette administration", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
(Lire aussi : Kerry : Assad avait fait, en 2010, une proposition secrète de paix avec Israël)
Selon ce porte-parole, l'ex-ministre a eu "une longue conversation téléphonique plus tôt cette année avec le secrétaire Pompeo", à l'occasion de laquelle il a "longuement détaillé ce qu'il avait appris de la position iranienne". "Rien n'a été caché à cette administration", a-t-il assuré.
En campagne de promotion de ses mémoires, l'ancien ministre des Affaires étrangères du président démocrate Barack Obama, qui avait négocié l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 et avait tissé une relation personnelle avec son homologue iranien, a reconnu l'avoir "vu à trois ou quatre reprises" depuis son départ du gouvernement et l'arrivée du milliardaire républicain à la Maison Blanche en janvier 2017.
Prié de dire par l'animateur radio conservateur Hugh Hewitt s'il tentait de donner des conseils à Mohammad Javad Zarif pour faire face à la décision de l'administration Trump de se retirer de cet accord nucléaire, John Kerry a répondu mercredi : "Non, ce n'est pas mon travail". "J'ai seulement tenté de comprendre ce que l'Iran serait prêt à faire pour améliorer la situation au Moyen-Orient", a-t-il plaidé.
Il a assuré avoir dit au ministre iranien : "Vous devez reconnaître que le monde n'apprécie pas ce qui se passe avec vos missiles, avec le Hezbollah, avec le Yémen", en écho au discours de l'actuel gouvernement américain qui dénonce le comportement "malveillant" de Téhéran dans la région.
Les commentateurs conservateurs ont aussitôt dénoncé un acte de "trahison", certains allant jusqu'à estimer qu'il méritait "la prison".
En 2015, pendant que John Kerry négociait avec l'Iran dans le but affiché de l'empêcher de se doter de la bombe atomique, une lettre ouverte aux dirigeants de la République islamique, signée par la plupart des sénateurs républicains, avait provoqué un tollé similaire. Ces 47 sénateurs y soulignaient que le président Obama allait quitter son poste en janvier 2017 et qu'ils n'étaient donc pas tenus par ses engagements non ratifiés par le Congrès.
Les démocrates les avaient aussitôt accusés de saper la diplomatie des Etats-Unis.
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LA LIBRE EXPRESSION
16 h 59, le 15 septembre 2018