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Lifestyle - Un peu plus

Avoir 15 ans à Beyrouth

Photo DR

C’est bon, les enfants ont repris le chemin de l’école, les étudiants ceux de l’université. Un rythme normal en principe. Lever, petit déjeuner, cours, études, dîner, brossage de dents, dodo. Rebelote. Sauf que rien ne se passe plus vraiment normalement au royaume des enfants et des ados. Et de plus en plus, rien ne se passe au royaume des parents.

Quasiment tout est devenu permis. Conduite à 14 ans (oui, mais on est à Faraya). Soirées jusqu’à l’aube quand on en a 15. Pump it up dans des clubs à 16 ans. Dans une certaine société (aisée bien évidemment), la tendance se répand à la vitesse de l’éclair. Oui, quand nous étions jeunes, nous avions envie de sortir en boîte. De boire un Whisky Coke et une Jamaïca « alcool » en cachette. Oui, on en grillait une en toussotant sur le palier de la maison. Oui, on faisait l’école buissonnière et le mur pour retrouver un petit ami transi ou les copains pour une virée nocturne. Ça faisait partie de l’adolescence. De la révolte naturelle contre les parents. De l’opposition par excellence. Couvre-feu à minuit, 1h00 à tout casser. Pas de boîte de nuit avant 17-18 ans. Et les punitions pleuvaient si on avait enfreint les règles. Pas de sortie pendant une semaine, flicage et contrôle d’urine en cas de pétard. Rien de méchant en somme pendant cette adolescence totalement ordinaire.

Et puis vint le XXIe siècle. Sa technologie, ses réseaux sociaux, son consumérisme à outrance, ses phénomènes d’influence et autres troupeaux de moutons de Panurge. « Tout le monde y va, je suis le seul à ne pas pouvoir aller écouter DJ Machin Chouette qui mixe jusqu’à 11h00 du mat’ ; la seule à ne pas avoir ce it-bag »… Et comme le Liban est un pays d’overdose où le qui mieux mieux est de rigueur, on va plus loin qu’ailleurs. Et on a souvent peur de marginaliser son gamin aux mauvaises fréquentations. On cède et l’effet boule de neige débute. Les gamins (parce que ce sont toujours des gamins) deviennent hors contrôle. Ça parle mal, ça gueule, ça sort quand même et ça ne réalise pas que ça ne va pas. Et quitte à passer pour des rétrogrades ou des vieux cons : se maquiller comme un camion volé, fréquenter les mêmes endroits que des jeunes qui ont la vingtaine et/ou plus, arborer une montre hors de prix, porter un sac trop griffé, conduire une voiture à 60k et manger dans des restos d’« adultes », fumer les e-cigarettes Juul, ce n’est pas de leur âge. Pas de leur âge parce qu’ils vont trop vite et surtout trop loin. Qu’ils n’ont plus ni cadre ni limites.

Mais ce n’est pas leur faute. C’est la nôtre un peu parfois. Mais c’est surtout celle des parents permissifs. Ceux-là même qui ont abandonné leur rôle et laissé sur le bas-côté leur mission parentale. Ce sont eux qui ont fait voler en éclats tous les codes et toutes les règles. Quelles que soient les raisons (trop de travail, pas le temps, pas la force de contredire…) et les causes de ce comportement dangereux, les conséquences sont terribles. Néfastes pour leurs enfants. Parce que si le monde vit de limites, de cadre, de frontières, de lois, de règles, les ados en ont encore plus besoin que le reste de la population. Parce que même si une fois de plus, ça fait vieille schnoque du XXe siècle, on sait mieux qu’eux ce qui est bien pour eux. Parce qu’on sait qu’aller dans un club électro à 16 ans, c’est courir des risques. Les risques de la tentation, mais aussi de l’agression. Et ce n’est pas une Fake ID scannée sur le téléphone qui donne suffisamment de maturité pour se protéger. À 16 ans, on a encore de l’acné, des braces, on a peur du noir, on n’a pas obligatoirement perdu sa virginité. À 16 ans, on rêve du prince charmant ou d’une voiture de course. On ne devrait pas rêver d’une montre à 5 000 dollars (et ne plus connaître la valeur de l’argent), ni de cette voiture qu’on recevra à nos 18 ans. Parce que ces cadeaux-là, ces permissions, les empêcheront de continuer à rêver. À continuer à avoir envie de faire la fête ou de désirer quelque chose. Parce qu’être un enfant gâté n’a jamais aidé personne. Et parce que comme disait ma grand-mère : eza halla2 hek…

C’est bon, les enfants ont repris le chemin de l’école, les étudiants ceux de l’université. Un rythme normal en principe. Lever, petit déjeuner, cours, études, dîner, brossage de dents, dodo. Rebelote. Sauf que rien ne se passe plus vraiment normalement au royaume des enfants et des ados. Et de plus en plus, rien ne se passe au royaume des parents. Quasiment tout est devenu...

commentaires (3)

Je partage parfaitement votre avis

Hyam Kahi

08 h 22, le 09 septembre 2018

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Commentaires (3)

  • Je partage parfaitement votre avis

    Hyam Kahi

    08 h 22, le 09 septembre 2018

  • A CET AGE ON NE FAIT QUE DES REVES... REVES QUI SE DILUENT TRES VITE DANS LE CHEZ NOUS A CAUSE DE L,ABRUTISSEMENT QUI A LA MAIN HAUTE SUR LE PAYS ! IL N,EST PERMIS QUE DE REVER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 02, le 08 septembre 2018

  • "Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait". "Layta el-chababa yaooudou yawman...

    Un Libanais

    10 h 08, le 08 septembre 2018

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