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À La Une - Yémen

Les houthis toujours à Sanaa, les discussions de Genève en suspens

Les rebelles craignent que la coalition militaire dirigée par Riyad ne cherche à empêcher leur délégation de rentrer dans la capitale yéménite une fois les pourparlers finis. 

Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Khaled al-Yamani, à Genève, en Suisse, le 7 septembre 2018. REUTERS/Denis Balibouse

Une délégation de rebelles yéménites houthis se trouvait toujours à Sanaa vendredi, réaffirmant ses trois conditions pour participer aux pourparlers de Genève, dont celle de pouvoir rentrer dans la capitale yéménite au terme des discussions.
Dans le même temps, plusieurs sources militaires ont fait état de tentatives des forces de la coalition menée par l'Arabie saoudite, qui intervient au Yémen en soutien au gouvernement, pour se rapprocher de la ville portuaire de Hodeida, tenue par les rebelles. Le sort d'Hodeida est l'un des sujets qui doivent être discutés à Genève.

Les pourparlers de Genève sont les premiers depuis l'échec en 2016 d'un processus de paix qui avait duré plusieurs mois au Koweït. Mais l'absence des rebelles jette une ombre sur ces discussions avant même qu'elles ne commencent.
Vendredi soir, le bureau de l'émissaire de l'ONU Martin Griffiths a indiqué qu'il donnerait une conférence de presse samedi matin, vraisemblablement pour annoncer l'abandon de cette tentative de pourparlers.
Un peu plus tôt, le Conseil suprême révolutionnaire des houthis avait indiqué dans un communiqué que les insurgés "soupçonnaient de plus en plus la coalition de chercher à (les) insulter". Il a dit craindre que cette coalition militaire, qui a imposé un blocus aérien au pays, ne cherche à empêcher la délégation des houthis de revenir dans la capitale Sanaa, aux mains des insurgés depuis 2015, une fois les consultations de Genève finies. Le Conseil rappelle dans son communiqué diffusé sur Telegram qu'après les pourparlers de Koweït en 2016, la délégation des houthis était restée bloquée trois mois à Oman en raison du blocus aérien.

Les rebelles ont posé trois conditions pour aller à Genève où les discussions devaient initialement débuter jeudi.
Outre leur demande de pouvoir rentrer au pays, ils exigent de partir dans un avion omanais et de transférer des blessés vers Mascate, avait déclaré jeudi à l'AFP un membre de leur délégation, Hamid Assem. 

Mais un membre de la délégation du gouvernement yéménite, Hamza Alkamali, a estimé que ces blessés étaient des "combattants". "Ils disent qu'ils veulent transférer certains blessés, ce qui était acceptable. Nous avons vérifié les noms et la plupart des noms envoyés à la coalition sont des combattants", a-t-il expliqué.


(Lire aussi : Au Yémen, les Sudistes veulent faire entendre leur voix)


Des "excuses"
Entretemps, la délégation gouvernementale à Genève s'impatiente. Elle avait indiqué jeudi qu'elle déciderait de sa position "dans quelques heures". "Nous sommes venus à Genève (...) prêts et avec la volonté de (nous) plonger dans les discussions" sur les mesures de confiance, a déclaré le ministre des Affaires étrangères yéménite, Khaled al-Yamani, sur la chaîne de télévision Sky News des Emirats arabes unis. "Les excuses qu'ils ont données sont une tentative de dissimuler quelque chose d'important, et c'est que les insurgés se disputent pour savoir qui parmi eux les représentera à Genève", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre yéménite Ahmed ben Dagher a accusé dans un tweet les rebelles de "ne parler que le langage de la force" et d'"utiliser les négociations pour obtenir plus d'armes".



Les organisations humanitaires notamment ont placé leurs espoirs dans le succès des pourparlers de Genève. Vendredi, dans une lettre au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, les patrons de 10 ONG, parmi lesquelles Save the Children, ont salué les efforts de Martin Griffiths comme "confinant à l'héroïsme".
"Ses consultations cette semaine représentant le meilleur espoir de paix que le Yémen a connu depuis deux ans", estiment-ils, appelant Antonio Guterres à exiger des parties un "cessez-le-feu immédiat".

L'ambassadeur américain au Yémen, Matthew Tueller, a de son côté fait part de sa déception devant le manque d'avancées. Si la délégation des houthis ne vient pas, "nous tenterons de trouver un moyen de rassembler à nouveau le groupe de Sanaa avec le gouvernement afin de trouver un moyen pour donner de l'espoir aux Yémenites".

La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées par la coalition menée par Riyad, aux houthis, soutenus par l'Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays. 
Le conflit a fait quelque 10.000 morts et entraîné la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.


Repère
Plus de trois ans de guerre depuis l'intervention de la coalition arabe au Yémen


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