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Attaque au couteau à Trappes : un tueur au profil trouble au cœur de l'enquête

Les motivations de l'homme de 36 ans qui a tué sa mère et sa sœur, un acte revendiqué par l'EI, restent floues.

Un policier derrière un cordon de sécurité sur le site de l'attaque à Trappes, près de Paris, le 23 août 2018. AFP / Thomas SAMSON

Atteint de troubles psychiatriques "importants" et suivi pour radicalisation islamiste: les enquêteurs tentaient vendredi de cerner le profil de Kamel S., auteur de la sanglante agression au couteau dans la région parisienne revendiquée par le groupe État islamique mais dont les motivations restent floues.

L'homme s'est attaqué jeudi matin à trois personnes dans une petite rue de Trappes, petite commune populaire à l'ouest de Paris, avant d'être abattu par la police: sa mère, 71 ans, et sa soeur, 49 ans, ont succombé à leurs blessures. Une passante de 66 ans, grièvement blessée, était toujours entre la vie et la mort vendredi à la mi-journée, selon une source judiciaire.

Si les faits ont été rapidement revendiqués par le groupe jihadiste EI, les autorités, elles, estiment que le caractère terroriste de l'attaque n'est pas établi à ce stade: le parquet antiterroriste ne s'est pas saisi de l'affaire, une enquête a été ouverte au parquet de Versailles pour "assassinat, tentative et menaces de mort". "A ce jour, les motivations de l'auteur demeurent incertaines", a indiqué la source judiciaire vendredi soir, précisant que les "investigations techniques" et les auditions de l'entourage de Kamel S. se poursuivaient.

Alertées par le voisinage, les forces de l'ordre ont retrouvé l'homme de 36 ans retranché dans le pavillon familial, criant de l'intérieur: "Allah Akbar, si vous rentrez je vous fume", selon le parquet. Ressortant de la maison les mains "dissimulées dans le dos", il a ensuite "refusé d'obtempérer" aux sommations des policiers. Les enquêteurs ont commencé à exploiter les données de sa téléphonie et son matériel informatique pour étudier la personnalité de cet homme né à Trappes.

Chauffeur de bus, il avait été licencié en octobre 2016 pour avoir violé l'obligation de neutralité liée à sa fonction, selon une source au sein de l'entreprise de transport. Il avait alors arrêté son bus en tenant des "propos incohérents" et en "invoquant Allah", poussant l'entreprise à signaler les faits aux autorités. Il avait dans la foulée été fiché pour radicalisation islamiste.



"Déséquilibré"
Kamel S. avait été condamné en 2003 pour une "infraction militaire" - une désertion - et avait ensuite fait l'objet de trois procédures distinctes, mais qui n'avaient pas entraîné de poursuites. Celle engagée pour apologie du terrorisme après son licenciement a été classée sans suite en 2016. Séparé de la mère de ses trois enfants, selon une source proche du dossier, Kamel S. vivait chez sa mère dans un pavillon, a indiqué un voisin rencontré par l'AFP. La famille connaissait des tensions autour de l'héritage paternel, selon une source proche de l'enquête: Kamel S. avait déposé une plainte pour abus de confiance contre ses deux soeurs, plainte classée sans suite en 2017.

Il avait "un problème psychiatrique qui apparaît important", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb jeudi, parlant davantage d'un profil de "déséquilibré" que d'un "engagé" pouvant répondre aux "ordres et consignes" d'une organisation jihadiste telle que l'État islamique.

"C'était quelqu'un de super gentil, super ouvert, une personne très bien même si c'était un petit nerveux", a jugé pour sa part auprès de l'AFP Saïd, un électricien de 35 ans qui était au collège avec lui. "Je prenais souvent le café avec lui, ça faisait un mois que je l'avais pas vu", a aussi témoigné Pascal, 59 ans, un riverain habitant un immeuble voisin, qui balaye l'hypothèse terroriste: "c'est un mec qui a pété les plombs".

Ces faits interviennent alors que la France vit depuis 2015 sous une constante menace terroriste depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent qui ont tué 246 personnes. La dernière attaque en date remonte au 12 mai quand un assaillant de 20 ans armé d'un couteau avait tué un passant avant d'être abattu par la police à Paris.

Située à 30 km à l'ouest de Paris, Trappes est durement touchée par le chômage et a vu une cinquantaine de ses habitants partir combattre en Irak et en Syrie depuis 2013, selon une source antiterroriste.



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