L’enchaînement des scandales liés à la corruption se fait de plus en plus rapide. Samedi, le député et ancien ministre Waël Bou Faour a braqué les projecteurs sur la mise sur le marché d’un pesticide vétérinaire pour les abeilles périmé. Ce produit est censé traiter un grand tueur des abeilles, nommé varroa destructor. Cet acarien parasite des abeilles se nourrit de leur sang et provoque des malformations, à terme fatales. Il est d’autant plus dangereux qu’il se transmet rapidement entre ruches et serait donc l’un des principaux suspects dans le mystère de l’effondrement des colonies d’abeilles constaté dans le monde depuis le milieu des années 1990.
« Ces pesticides, portant le nom d’Apivar supposés traiter cette maladie qui touche les abeilles et qui constitue une grande menace pour les apiculteurs, sont vendus sur le marché libanais alors qu’ils ont été volés au ministère de l’Agriculture », a révélé M. Bou Faour lors d’une conférence de presse tenue samedi consacrée à ce sujet. « Lorsque les apiculteurs ont retiré le label sur lequel figure le nom du laboratoire pharmaceutique collé sur les boîtes de pesticides, ils ont découvert que ces boîtes ont été distribuées par le ministère de l’Agriculture et qu’elles n’étaient pas destinées à être vendues », explique-t-il.
Selon le député du bloc du Rassemblement démocratique, la dernière fois que le ministère de l’Agriculture avait lancé un appel d’offres pour le traitement subventionné des ruches et finalement remporté par le pesticide vétérinaire Apivar, c’était en 2016. « Cela signifie que les boîtes vendues sur le marché font partie de celles qui ont été achetées par le ministère en 2016. Comment ont-elles frayé leur chemin vers le marché local, d’autant que leur date d’expiration est fixée à janvier 2018 ? » s’interroge-t-il. « Les boîtes vendues actuellement sont périmées et on leur a collé de nouveaux labels sur lesquels la date d’expiration a été fixée au mois de mars 2020 », enchaîne M. Bou Faour.
Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, le ministre dénonce tout d’abord l’inaction du corps judiciaire vis-à-vis de ce scandale. « Depuis que j’ai soulevé ce problème, aucun juge ne m’a contacté pour s’enquérir de l’affaire. J’irai notifier le parquet après la fête de l’Adha et je leur présenterai les boîtes de pesticides périmées », a-t-il annoncé. Selon lui, un certain Afif Abou Chedid, cadre du CPL, serait impliqué dans cette affaire. « La corruption est devenue un mode de vie au Liban, il ne s’agit plus de cas isolés », a-t-il conclu.
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commentaires (4)
Vraiment plus personne, dans ce pays, en qui l'on puisse avoir confiance ? Ceux qui parmi nos dirigeants promettent haut et fort de lutter contre la corruption...où sont-ils ? Le Libanais...ne sait-il vraiment plus travailler honnêtement, qu'il soit simple citoyen ou responsable ? Irène Saïd
Irene Said
17 h 55, le 20 août 2018