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À La Une - Italie

Drame de Gênes : enterrements dans la colère, cinq disparus encore recherchés

Les secouristes cherchent encore 10 à 20 disparus, susceptibles d'être passées sur le pont et qui n'ont plus donné de nouvelles depuis l'effondrement.

Des proches des victimes de l'effondrement du pont Morandi, à Gênes, prient devant les cercueils installés dans une chapelle ardente, le 17 août 2018. AFP / MARCO BERTORELLO

L'Italie a commencé vendredi à enterrer, en pleine polémique, les dizaines de personnes tuées dans l'effondrement du pont autoroutier à Gênes pendant que les sauveteurs continuaient à rechercher cinq disparus. Les services de la protection civile ont dans la soirée sensiblement revu à la baisse le nombre des personnes encore recherchées, au nombre de cinq contre 10 à 20 en début de journée. Certaines d'entre elles ont en effet pu être localisées.
Le bilan officiel provisoire du drame est toujours de 38 morts et 15 blessés. Dix blessés se trouvaient vendredi encore à l'hôpital, dont six jugés dans un état grave, a fait savoir la préfecture. 

Des funérailles solennelles sont prévues pour samedi en fin de matinée dans un hall du centre d'exposition de cette ville du nord, avec une messe célébrée par l'archevêque de Milan en présence de toutes les plus hautes autorités de l'Etat dont le président Sergio Mattarella. 

Cette cérémonie officielle s'annonce toutefois compliquée pour les institutions italiennes : selon un comptage, noms à l'appui, du journal La Stampa, les familles d'au moins 17 des 38 personnes ayant péri dans la catastrophe survenue mardi préfèrent s'abstenir.
"C'est l'Etat qui a provoqué cela, qu'ils (ses dirigeants) ne se montrent pas : le défilé des politiques a été honteux", a réagi dans les colonnes de ce quotidien Nunzia, la mère d'un des quatre jeunes de Torre del Greco morts sur la route de leurs vacances et enterrés vendredi après-midi dans leur ville, une commune de Naples (sud).
"Mon fils ne deviendra pas un numéro dans le catalogue des morts provoquées par les manquements italiens", s'est pour sa part insurgé sur les réseaux sociaux Roberto, le père d'un autre des garçons. "Nous ne voulons pas une farce de funérailles, mais une cérémonie à la maison, dans notre église de Torre del Greco", a-t-il dit.  

Des funérailles se sont aussi déroulées dans plusieurs autres villes italiennes, par exemple dans une église de Pise où deux jeunes fiancés qui ont perdu la vie dans le drame, une infirmière et un anesthésiste, voulaient se marier l'an prochain, ont rapporté les médias italiens.

Dans une chapelle ardente à Gênes, les familles veillaient les morts, hagardes devant dix-huit cercueils alignés et recouverts de fleurs, dont celui, de couleur blanche, d'un enfant, a constaté un photographe de l'AFP. Des proches y posaient de petits mots écrits à la main, tout en l'embrassant. 


(Reportage : A Gênes, le pont s'est écroulé et la vie s'est arrêtée )


Polémiques tous azimuts
La féroce controverse entre le gouvernement italien et la société autoroutière gestionnaire de l'ouvrage, Autostrade per l'Italia, occupe tout le terrain médiatique, avec une rhétorique de surenchère. Le gouvernement a annoncé son intention de révoquer la concession d'Autostrada per l'Italia sur le tronçon d'autoroute où se trouve le pont effondré.

"On ne peut pas mourir en payant le péage en Italie", a ainsi lancé jeudi le vice-Premier ministre Luigi Di Maio, ministre du Développement économique et chef de file du populiste Mouvement 5 étoiles (M5S).
"Si j'avais été un dirigeant d'Autostrade per l'Italia, j'aurais suspendu quelques péages, mais dans l'heure qui a suivi" le drame, a déclaré l'autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite).
"Nous ne pouvons pas attendre la justice pénale", a estimé le chef du gouvernement, Giuseppe Conte. "Autostrade avait le devoir et l'obligation, l'engagement, d'assurer l'entretien de ce viaduc et la sécurité de tous ceux qui voyageaient dessus".

La société, qui appartient au groupe Atlantia, lui-même contrôlé à 30% par la famille Benetton, a assuré que ses contrôles de sécurité étaient sérieux. La holding de Benetton, Edizione (actionnaire de référence), a exprimé sa proximité aux familles jeudi et indiqué qu'elle fera tout pour pointer du doigt les responsabilités dans ce drame.
Atlantia a déclaré qu'une reconstruction du pont pourrait "être achevée dans les cinq mois" une fois le site accessible après la fin des recherches et des relevés d'enquête. Atlantia, dont le titre a plongé en bourse, a critiqué une annonce gouvernementale faite "en l'absence de toute certitude sur les causes effectives" du drame. Le groupe a prévenu que la révocation coûterait cher en indemnités à l'Etat. Selon des médias italiens, cela se chiffrerait en milliards d'euros.

Autre cible du gouvernement italien : l'Union européenne et sa politique d'austérité, accusée par le nouveau gouvernement populiste italien d'empêcher les investissements. La Commission européenne a réagi en assurant avoir encouragé l'Italie à investir dans ses infrastructures et en rappelant que les Etats membres étaient "libres de fixer" leurs priorités.

Alors que le championnat de football doit reprendre ce week-end, les matches prévus dimanche de la Sampdoria et du Genoa, les deux équipes de Gênes, ont été reportés à une date ultérieure. Pour les autres rencontres, les joueurs observeront une minute de silence et porteront un brassard noir.

Samedi, à l'occasion d'une journée de deuil national pour les victimes, les lumières sur les bâtiments emblématiques de Rome comme le Colisée, la fontaine de Trevi et la place du Capitole, resteront éteintes de 22h00 à 23h00.

Le nord de l'Italie se préparait pour sa part à un premier week-end de retour de vacances compliqué avec, conséquence de la catastrophe de mardi, la fermeture d'un axe majeur à Gênes.    


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