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Liban - Sécurité

Le mohafez de Baalbeck ciblé par des menaces de mort

Le ministère de l’Intérieur conseille à Bachir Khodr d’éviter de se rendre dans la localité.

Les menaces contre le mohafez de Baalbeck-Hermel seraient-elles liées à l’opération de Hammoudiyé ?

Une série de menaces de mort adressées au mohafez de Baalbeck-Hermel ont poussé hier le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, à saisir la justice pour engager des poursuites contre ceux qui en seraient responsables. Les menaces, qui avaient commencé à déferler dès l’annonce de la mise en place d’un plan de sécurité visant à mettre un terme au chaos qui prévalait depuis un certain temps dans cette région, se sont récemment intensifiées, notamment à travers les réseaux sociaux. Elles seraient liées au rôle présumé du mohafez dans le raid mené il y a deux semaines par l’armée contre le baron local de la drogue à Hammoudiyé, Ali Zeid Ismaïl.

Cette opération de grande envergure s’était soldée par la mort de huit personnes, dont Ali Zeid Ismaïl, surnommé l’Escobar local, cinq de ses proches recherchés par la justice, sa mère et un toxicomane. Ali Zeid Ismaïl, qui faisait l’objet de plus de 3 000 poursuites judiciaires et mandats d’arrêt, était accusé de trafic de drogue, de vol de voitures, de falsification et de trafic d’armes.

Sur la base d’informations qui lui étaient parvenues, M. Jreissati a précisé que M. Khodr a fait l’objet de menaces après avoir été « accusé d’être à l’origine du plan de sécurité qui a été exécuté » dans la Békaa. L’opération musclée engagée le 23 juillet dernier contre le réseau de narcotrafic de Ali Zeid Ismaïl avait suscité la colère d’habitants de la région et la réprobation de certains responsables libanais.
M. Jreissati a également indiqué que le ministre sortant de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a demandé au mohafez de ne plus se rendre à son bureau afin d’éviter le risque d’une tentative d’assassinat. Il lui a également fait savoir qu’il « est désormais en danger et qu’il devrait prendre toutes les précautions nécessaires », notamment de ne plus gérer son administration à partir de Baalbeck.

Dans un entretien accordé à la chaîne MTV, M. Khodr a établi un lien implicite entre son parrainage du plan de sécurité mis en place et les menaces dont il fait l’objet. « Les menaces qui m’ont été adressées sont une preuve que je remplis bien ma mission », a-t-il dit. « J’ai la conscience tranquille. Les habitants de la région de Baalbeck-Hermel sont témoins de mon intégrité. Je ne possède pas un seul mètre carré dans la région. Je n’ai jamais accepté de pot-de-vin de qui que ce soit. Parfois, je dors même dans mon bureau lorsque je suis appelé à rester à Baalbeck », a-t-il déclaré.


(Lire aussi : Les tentatives d’exploitation politique de l’opération de Hammoudiyé)



« Torpiller le plan de sécurité »
Unanimement, les clans de la localité ont assuré, à travers des déclarations de presse, n’avoir rien à voir avec ces menaces. Des représentants de certains clans ont même assuré soutenir l’action du mohafez ainsi que le plan de sécurité qui, selon plusieurs témoignages sur place, a soulagé la population locale, prise en otage par les affrontements que se livrent les trafiquants de drogue et les hors-la-loi qui sévissent dans la région. Un notable de la localité a assuré que « ces menaces n’ont absolument rien à voir avec l’opération de Hammoudiyé, qui a uniquement fait quelques mécontents au sein de la famille et amis proches de Ali Zeid Ismaïl ». Ce notable se demande d’ailleurs comment deux ministres – MM. Jreissati et Machnouk – peuvent conseiller au mohafez, un grand administrateur de l’État, de ne plus se rendre à Baalbeck et sur son lieu de travail alors que la promotion du plan sécuritaire fraîchement mis en place se poursuit.
 « Si l’État ne peut même pas garantir la sécurité du gouverneur, comment peut-il prétendre protéger le citoyen lambda ? » s’interroge le notable en soulignant que ces déclarations vont « torpiller le plan de sécurité ». Et de se demander enfin si cet épisode n’est pas lié « d’une manière ou d’une autre à la visite à Baalbeck du président du Parlement, Nabih Berry, qui était prévue ce dimanche ».


(Pour mémoire : Les habitants de Brital en colère contre l’armée, le Hezbollah, leurs députés et l’État...)


Selon cette source, M. Berry devait se rendre sur place pour faire acte de présence dans la localité au lendemain des critiques qui lui avaient été adressées par Jamil Sayyed, député de Baalbeck-Hermel. Ce dernier avait laissé entendre que le président de l’Assemblée avait « manqué à son devoir » dans la région, n’ayant rien fait pour contribuer à son développement notamment, soulignant que « la Békaa est une bombe à retardement ».

Le plan de sécurité a été mis en place aussitôt après par les autorités libanaises, mais son efficacité est critiquée par plusieurs observateurs, d’autant que des trafiquants de drogue « bien plus importants que Ali Zeid Ismaïl » sont toujours en liberté, n’ayant pas été inquiétés pour l’instant.
 Un habitant de Baalbeck relève d’ailleurs que l’un des plus gros caïds de la région, Nouh Zeaïter, était vu jusqu’à très récemment « dans des festivités et activités sociales organisées par Amal ou le Hezbollah ». Les deux formations chiites ont cependant avalisé le plan de sécurité de l’armée, dans une volonté d’en finir avec les débordements qu’ils n’arrivent plus à juguler. D’ailleurs, soutient une source locale, l’opération menée contre Ali Zeid Ismaïl ne faisait pas partie du plan de sécurité. « C’est une affaire dont les circonstances sont particulières », se contente-t-elle d’indiquer.


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Une série de menaces de mort adressées au mohafez de Baalbeck-Hermel ont poussé hier le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, à saisir la justice pour engager des poursuites contre ceux qui en seraient responsables. Les menaces, qui avaient commencé à déferler dès l’annonce de la mise en place d’un plan de sécurité visant à mettre un terme au chaos qui prévalait depuis...

commentaires (1)

L’état ne doit pas se laisser intimider par ces manifestations sinon c’est la fin certaine de toute autorité ,stabilité , paix et liberté pour l’ensemble des libanais.

L’azuréen

14 h 54, le 11 août 2018

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Commentaires (1)

  • L’état ne doit pas se laisser intimider par ces manifestations sinon c’est la fin certaine de toute autorité ,stabilité , paix et liberté pour l’ensemble des libanais.

    L’azuréen

    14 h 54, le 11 août 2018

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