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Élevages

Un vieil ami me racontait un jour un épisode de son enfance dans le Beyrouth des années 1930. Orphelin de père à un très jeune âge, il avait grandi sous la protection d’un oncle bienveillant. La ville avait encore un aspect bucolique. Sur le toit de la maison familiale, il avait commencé vers 10 ans un élevage de poules, fier de procurer à sa petite tribu les œufs du petit déjeuner et les repas du dimanche, et de rendre ainsi un peu de ce qui lui était donné. Hélas, il arriva que l’une de ses poules tombe malade et ce fut aussitôt une hécatombe dans le précieux poulailler. En un rien de temps, il se retrouva sans le moindre poussin à regarder grandir. Le coq fauve et bleu dont il était si fier, et qui était si vigoureux, oublia à son tour de se réveiller et ne se réveilla plus. Pour consoler l’enfant, son oncle l’emmena en promenade dans les dédales du quartier juif, à Wadi Abou Jmil, chez une de ses amies qui s’appelait Rosa. L’homme et son neveu s’engouffrèrent dans ce qui était en ce temps-là un inextricable lacis de ruelles, de treilles, d’échelles, d’escaliers, d’impasses, de toits communicants, d’arcades et de petits ponts. La visite chez Rosa divertit l’enfant qui sécha enfin ses larmes. Au retour, l’oncle demanda au neveu s’il avait retenu l’itinéraire. Ce dernier s’efforça de se remémorer le parcours et, triomphalement, retrouva l’entrée du quartier. C’est bien, je suis fier de toi, lui dit son tuteur. À présent, essaye de te souvenir : as-tu vu une seule poule sur notre chemin ? L’enfant répondit par la négative, et l’oncle de lui asséner cette conclusion aussi imparable que savoureuse : « Souviens-toi, petit, ce que les juifs ne font pas, il ne faut pas le faire. » La communauté juive a décidément toujours été une référence en termes de bon sens et de sens des affaires.
Depuis l’épisode de la découverte d’un élevage aviaire dans les locaux du siège administratif d’EDL, je ne cesse de penser à cette petite histoire. L’immeuble, érigé en 1965, annonçait, avec son architecture audacieuse pour l’époque, l’entrée du Liban dans la modernité. L’eau a coulé sous les ponts (en s’étiolant tristement). Il manque des lettres à la grande enseigne qui grésille dans la nuit face au port. Une poule traversant, aussi inconsciemment que peut le faire une poule, la cour de ce bâtiment naguère flamboyant, ça vous caquette une sorte de signal d’alarme. Ça ne dit rien, mais ça dit tout, tant est insolite la présence de la rustique volaille là où ne devraient séjourner que de très sérieux comptables et techniciens. Ce n’est même pas par provocation qu’un obscur employé a « emprunté » quelques bureaux pour y monter tranquillement sa petite affaire. C’est simplement parce que les bureaux étaient vides. Les poules d’EDL ne sont que la partie visible, ou du moins révélée, de la faune variée qui hante les administrations libanaises ; signe que celles-ci sont de moins en moins gérées par leurs occupants naturels. Ceux qui ont tenté d’obtenir un document officiel, ou simplement de s’acquitter d’une amende, me comprendront. Dans tous les coins, maculés de poussière ou de café renversé, par terre ou sur des étagères qui s’effondrent, s’entassent des milliers de documents parfois fatidiques. Et pourtant, elle tourne, nous dit-on. Et le poulailler d’EDL semblait florissant. Mais comment diable marchent les affaires de la maison Liban ?

Un vieil ami me racontait un jour un épisode de son enfance dans le Beyrouth des années 1930. Orphelin de père à un très jeune âge, il avait grandi sous la protection d’un oncle bienveillant. La ville avait encore un aspect bucolique. Sur le toit de la maison familiale, il avait commencé vers 10 ans un élevage de poules, fier de procurer à sa petite tribu les œufs du petit déjeuner...

commentaires (5)

dans tout autre pays le ministre de l'electricite aurait demissionne deja et les directeurs de EDl aurait ete renvoyes Mais au Liban le CPL garde jalousement ce ministere directement ou par personne interpose et ne va quand meem pas dire qu'il est responsible de ce marasme evident il n'ose meme pas dire ou se situe les endroits qui ne payent pas d'electricite fournie car tout le monde sait que c'est chez leur allie Mais soyez sur ce minitere reviendra au CPL a nouveau pour les recompenser de leur travail extraordinaire depuis x annees

LA VERITE

18 h 25, le 09 août 2018

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Commentaires (5)

  • dans tout autre pays le ministre de l'electricite aurait demissionne deja et les directeurs de EDl aurait ete renvoyes Mais au Liban le CPL garde jalousement ce ministere directement ou par personne interpose et ne va quand meem pas dire qu'il est responsible de ce marasme evident il n'ose meme pas dire ou se situe les endroits qui ne payent pas d'electricite fournie car tout le monde sait que c'est chez leur allie Mais soyez sur ce minitere reviendra au CPL a nouveau pour les recompenser de leur travail extraordinaire depuis x annees

    LA VERITE

    18 h 25, le 09 août 2018

  • TRISTE PAYS

    Obeid Laurent

    11 h 06, le 09 août 2018

  • PRIERE LIRE D,ETABLES REGIES ETC... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 43, le 09 août 2018

  • NOUS SOMMES PLEINS D,ETABLES REGIS PAR DES PANURGES ET DE MOUTONS BELEURS... UN POULAILLER DE PLUS N,AURAIT PAS FAIT TROP MAL S,IL N,ETAIT PAS CHEZ LES LOUEURS DES BARGES FERRAILLES TURQUES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 09 août 2018

  • Mais quand on vous dit que l'Administration libanaise est UNE FERME! ET POURQUOI PAS UN POULAILLER?

    Georges Airut

    05 h 07, le 09 août 2018

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