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Liban - Rencontre

Martin Huth : La contribution allemande au Liban se poursuivra, et je dis « Auf Wiedersehen » !

Martin Huth.

« Le Liban fait désormais partie de nos vies et ce n’est pas facile de partir. » C’est l’ambassadeur d’Allemagne Martin Huth qui tient ces propos, à la veille de son second départ du Liban. Il y était déjà venu entre 2002 et 2006, avant de revenir en tant qu’ambassadeur en 2015. Son fils aîné a achevé sa scolarité au Liban et pendant toutes ces années, l’ambassadeur et son épouse se sont fait beaucoup d’amis. Cette fois, au bout de trois ans, la seconde mission se termine et l’ambassadeur Huth est sur le point de partir. Grâce à ses fonctions, il a accompagné le Liban dans une période délicate, qui a commencé par la vacance à la tête de l’État libanais, suivie de l’élection présidentielle, la guerre du jurd, l’amplification de la crise des réfugiés syriens, ainsi que des visites cette année du président allemand Steinmeier et de la chancelière Angela Merkel. « Les liens bilatéraux entre le Liban et l’Allemagne se sont resserrés, dit-il, puisque cette année seulement, il y a eu les visites du président et de la chancelière ainsi qu’une rencontre à Bruxelles entre le Premier ministre libanais et le ministre allemand des AE. »

Selon lui, l’objectif de l’Allemagne a toujours été de consolider la démocratie au Liban, ainsi que le bien-être de ce pays, et il pense que son pays a pu contribuer dans ce domaine à travers sa participation au Groupe international de soutien au Liban.


(Pour mémoire : « Depuis la crise syrienne, nous sommes le plus important donateur européen au Liban », souligne l’ambassadeur allemand)


Un grand pas en avant
L’ambassadeur précise être parfaitement conscient de l’impact des développements en Syrie sur la situation locale, notamment avec les réfugiés syriens accueillis au Liban et qui constituent un très grand nombre proportionnellement à sa population. À ce sujet, M. Huth rappelle que son pays a été l’un des principaux contributeurs avec une contribution de près d’un milliard de dollars au cours des trois dernières années. Avec les agences internationales de l’ONU et avec le gouvernement libanais, M. Huth estime avoir établi une coopération réussie dans l’intérêt des réfugiés et des pays hôtes, avec l’espoir qu’au final la situation puisse se stabiliser en Syrie et que le souhait des réfugiés de rentrer chez eux puisse alors se réaliser. En même temps, les relations bilatérales se sont développées sur le plan de la gestion de l’eau, des énergies renouvelables, des formations, de la coopération sécuritaire et des échanges culturels. Plus encore, lors de la visite de la chancelière allemande, il a été décidé d’ouvrir à Beyrouth une antenne de la Chambre de commerce germano-arabe pour l’échange commercial. Selon lui, il s’agit là d’un grand pas en avant.

Interrogé sur son plus beau moment passé au Liban, Martin Huth répond qu’il y en a plusieurs. Lorsqu’il est arrivé au Liban, le pays semblait bloqué et puis, il y a eu l’élection du président Michel Aoun à la tête de l’État et la formation rapide d’un gouvernement dirigé par Saad Hariri. Les deux événements ont donné le sentiment d’une réelle volonté d’aller de l’avant, qui a poussé la communauté internationale à donner une nouvelle impulsion à son aide au Liban, à travers notamment les conférences de Rome, de Paris et de Bruxelles. De même, encouragé par ces conférences internationales, le Parlement a voté pour la première fois depuis 15 ans la loi sur le budget en 2017, suivie d’une autre pour 2018. Il y a trois mois, le Liban a connu des élections législatives pour la première fois depuis 9 ans. « Tous ces moments vécus au Liban sont positifs et je peux leur ajouter, à titre personnel, ma grande joie le 22 novembre 2017 après la conclusion de la crise qui avait eu lieu pendant ce mois-là. »


(Pour mémoire : L’incubateur Maria Goeppert-Mayer ou comment conjuguer les innovations libanaises avec le savoir-faire allemand)


La Finul
Au sujet de la Finul dont le mandat doit être renouvelé, l’ambassadeur d’Allemagne rappelle que son pays y participe depuis 2006, en aidant le Liban à surveiller ses eaux territoriales, grâce à la présence de la corvette allemande Braunschweig, et au fait que l’Allemagne a fourni au Liban un système de radar côtier et qu’elle entraîne les forces navales libanaises. L’Allemagne organise ainsi plusieurs formations par le biais d’un petit noyau de forces installé en permanence au Liban. Elle soutient aussi le Land Border Regiment Program, avec l’objectif de contrôler la frontière avec la Syrie.

L’objectif de la Finul : maintenir la paix au sud du fleuve Litani. Cet objectif a été globalement atteint en dépit de quelques violations à la frontière. Mais en général, on peut dire que le calme règne au Sud, grâce notamment à la présence de la Finul. On peut même désormais voir le long de la côte du sud le retour d’une action touristique. « Comme le montrent les développements en Syrie, la guerre n’apporte que mort, destruction et déplacement de population, dit-il. Des deux côtés de la frontière, au sud, les gens sont fatigués de la perspective de guerre. Je suis convaincu qu’un jour, la raison finira par prévaloir. » L’ambassadeur profite d’ailleurs de cette occasion pour rendre hommage à l’armée libanaise et à son commandement.

La chance de la CEDRE
 L’ambassadeur appelle toutefois les Libanais à ne pas laisser passer le moment créé par la conférence de Paris (CEDRE) pour lancer des réformes essentielles qui permettraient d’aider les parties les plus vulnérables et qui seraient le plus touchées par une faillite financière. Pour M. Huth, il serait dommage de laisser passer une telle chance, surtout après les élections législatives qu’il qualifie de démocratiques, rappelant que les Allemands avaient 7 personnes parmi les observateurs européens. La mission des observateurs européens a d’ailleurs rédigé un rapport global sur ces élections avec des défis à relever. Mais ce que l’ambassadeur déplore, c’est le nombre limité de femmes élues députées. Il souhaite aussi qu’un gouvernement soit formé rapidement pour qu’il puisse travailler de pair avec le Parlement dans l’intérêt du Liban.

La participation du Hezbollah au gouvernement est-elle un handicap à ses yeux ? Selon lui, le Hezbollah a participé aux élections en tant que parti politique et il a conservé le même nombre de sièges de députés que lors des précédentes élections. « De toute façon, l’UE a choisi de faire une distinction entre sa branche armée et son aile politique. Il y a certes eu des discussions récemment pour que l’UE reconsidère son approche, mais tout dépendra du comportement du Hezbollah au cours des prochaines années et de son respect des institutions libanaises et de l’État libanais. » De même, l’UE suit de près le travail des centres pour le retour des réfugiés syriens gérés par le Hezbollah. « Pour nous, le gouvernement formé à la suite des élections législatives démocratiques est le seul acteur légitime pour traiter ce dossier. »


(Pour mémoire : Martin Huth : Le Liban n’est pas seul)


Pour un retour sûr et volontaire des réfugiés
M. Huth précise que son pays est attaché au principe approuvé internationalement qui exige un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés chez eux, ajoutant que le Liban lui aussi s’est engagé à respecter ce principe. Donc, tant que les conditions requises pour un retour organisé et à grande échelle des réfugiés syriens chez eux sous l’égide du HCR ne sont pas réunies, son pays ne peut que respecter la volonté de certains réfugiés de rentrer chez eux spontanément. « Mais il faut d’abord que leur décision soit prise sans pression extérieure, qu’ils soient pleinement conscients de ce qui les attend en Syrie. L’ONU doit les en informer et s’assurer que leur protection est assurée », c’est-à-dire que les garanties données avant leur retour soient pleinement respectées une fois qu’ils sont en Syrie. Mais en même temps, selon lui, la communauté internationale n’a jamais exigé de laisser les réfugiés syriens en permanence au Liban, ni a voulu les encourager dans ce sens.

Selon lui, le HCR œuvre depuis des années déjà à assurer un retour digne des réfugiés chez eux. Il cherche à surmonter les obstacles qui entravent un tel retour. « Au lieu de le critiquer sous prétexte que rien n’a été fait, il faudrait au contraire les aider pour assurer un retour digne et sûr aux réfugiés face aux obstacles maintenus ou érigés par le régime syrien, qui consistent tantôt dans l’obligation pour les hommes de faire le service militaire et de les envoyer ainsi sur les lignes de front et tantôt par le refus de laisser les organisations de l’ONU avoir accès aux localités qui accueillent les réfugiés rentrant chez eux. La loi numéro 10 récemment promulguée en Syrie est un exemple de la politique du régime syrien qui n’est pas propice à faciliter un retour durable des réfugiés vers leurs lieux d’origine. »

Bien entendu, l’Allemagne comprend parfaitement le fait que les réfugiés syriens constituent un poids lourd pour le Liban. Et c’est pour cette raison qu’elle a donné à ce pays une contribution de plus d’un milliard de dollars depuis 2015. « Nous admirons la générosité des Libanais envers ces réfugiés qui ont non seulement subi le traumatisme de l’exode, mais de plus, ont souvent survécu à des persécutions. L’Allemagne va poursuivre ses contributions au Liban et en même temps, nous sommes ouverts à l’idée d’établir un dialogue sérieux pour voir comment lever les obstacles qui entravent le retour digne et sûr des réfugiés chez eux », assure-t-il. Pour lui, en tout cas, cette page se ferme, mais il refuse de dire adieu à ses amis libanais, seulement « Auf Wiedersehen ».

« Le Liban fait désormais partie de nos vies et ce n’est pas facile de partir. » C’est l’ambassadeur d’Allemagne Martin Huth qui tient ces propos, à la veille de son second départ du Liban. Il y était déjà venu entre 2002 et 2006, avant de revenir en tant qu’ambassadeur en 2015. Son fils aîné a achevé sa scolarité au Liban et pendant toutes ces années, l’ambassadeur et son épouse se sont fait beaucoup d’amis. Cette fois, au bout de trois ans, la seconde mission se termine et l’ambassadeur Huth est sur le point de partir. Grâce à ses fonctions, il a accompagné le Liban dans une période délicate, qui a commencé par la vacance à la tête de l’État libanais, suivie de l’élection présidentielle, la guerre du jurd, l’amplification de la crise des réfugiés syriens, ainsi que des visites...
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MERCI

Gebran Eid

12 h 09, le 06 août 2018

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    Gebran Eid

    12 h 09, le 06 août 2018

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