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Rien à cacher

Il y a quelque chose de merveilleux dans notre époque pourtant pétrie de désillusions : c’est qu’elle vomit les homophobes, les racistes, les misogynes et les intolérants. Le mot « race » a d’ailleurs été abrogé cet été de la Constitution française. Rayer un mot, c’est l’empêcher de signifier. Supprimer le mot « race » de la loi suprême est une manière d’annoncer que la navrante et si colonialiste répartition de l’espèce humaine en races est définitivement obsolète. Voilà un pas qui vaut bien, tout autant que le premier pas sur la Lune, des milliards d’années-lumière et de poussière d’étoile. L’homophobie, cette cruauté des temps modernes, fait son chemin dans la même direction. Le Liban commence à faire de petits pas vers la dépénalisation de l’homosexualité. Car oui, on oublie que l’homosexualité est encore considérée dans notre pays comme criminelle, au mieux pathologique. Notre petite société, frileuse, rigide, conventionnelle, commence à se défaire de ses instincts tribaux pour inclure les différences qui la terrifiaient. La misogynie, étonnamment, est à la traîne. Car le mal ici vient surtout des femmes elles-mêmes, de la manière dont elles éduquent leurs filles et leur transmettent dans un même paquet le culte du mâle et le manque d’estime de soi. Radicale, la misogynie, comme en Arabie saoudite, soulève des révoltes qui commencent à aboutir. Banale, comme chez nous, elle passe quasi inaperçue. Il suffit pourtant d’écouter les discours des politiques qui ne cillent jamais en déclarant que « la politique est une affaire d’hommes » (le mot « homme » signifiant ici des vertus admises comme impropres aux femmes, telles que le courage et la fermeté). Les livres d’histoire de nos enfants occultent le rôle des femmes dans notre pays pour n’évoquer que celui des « grands » hommes. Il est pourtant d’autres victoires que celles d’une communauté contre une autre, et d’autres conquêtes que celles d’un bout de territoire pour y cultiver son blé et ses traditions, y installer les siens et les isoler du vaste monde. 


Qu’on se le dise, et les enfants du millénaire en seront les champions et les témoins : c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour l’humanité. Elle éclot à peine, elle connaîtra des heurts, mais à son plein épanouissement, elle sera irréversible. Cette ère est celle du refus des tabous et des lois tacites de tout ordre. « Pour l’essentiel, écrivait Malraux, l’homme est ce qu’il cache : un misérable petit tas de secrets. » Malraux avait prédit que notre siècle serait religieux et c’est ainsi qu’à l’évidence il a commencé, si violemment que cela passera vite. Mais pour ce qui est du petit tas de secrets, nul, à notre époque, ne voudra en laisser derrière lui. Rien dans les placards, rien dans les tiroirs. Les jeunes d’aujourd’hui ne veulent rien avoir à cacher, à s’interdire ou à non dire. Ni leurs orientations sexuelles, ni leurs petites trahisons, ni leurs échecs, ni leurs goûts et dégoûts. De toute manière, leur vie est consignée par Google et leurs parcours traqués entre caméras et satellites. Si presque tout est exposé à la vue de tous, autant l’assumer. Leur notion de la vérité est fraîche et désinvolte. Elle élargit le champ de la liberté.

Il y a quelque chose de merveilleux dans notre époque pourtant pétrie de désillusions : c’est qu’elle vomit les homophobes, les racistes, les misogynes et les intolérants. Le mot « race » a d’ailleurs été abrogé cet été de la Constitution française. Rayer un mot, c’est l’empêcher de signifier. Supprimer le mot « race » de la loi suprême est une...

commentaires (3)

Jusque il ya quelques mois , on entendait en France et dans d'autres pays connus pour être civilisés ", des insultes racistes telles que : sale pèdé , sale arabe , sale noir etc .. certes les lois, sanctionnant le racisme de toutes sortes ,est appliquée . Mais la réalité est d'autant plus prosaïque que triviale . Sans oublier madame Fifi , que la méchanceté des (in) humains est universelle . Juste pour dire que les occidentaux ne sont pas si civilisés et si tolérants que certains pourraient le croire..

Hitti arlette

16 h 55, le 02 août 2018

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Commentaires (3)

  • Jusque il ya quelques mois , on entendait en France et dans d'autres pays connus pour être civilisés ", des insultes racistes telles que : sale pèdé , sale arabe , sale noir etc .. certes les lois, sanctionnant le racisme de toutes sortes ,est appliquée . Mais la réalité est d'autant plus prosaïque que triviale . Sans oublier madame Fifi , que la méchanceté des (in) humains est universelle . Juste pour dire que les occidentaux ne sont pas si civilisés et si tolérants que certains pourraient le croire..

    Hitti arlette

    16 h 55, le 02 août 2018

  • Malraux avait prédit que notre siècle serait SPIRITUEL, pas religieux.

    Gerard Avedissian

    13 h 49, le 02 août 2018

  • Les races existent depuis la nuit des temps pour les humains, comme pour tous les êtres vivants.Ce qui est critiquable, c'est d'avoir tiré parti d'un constat, à savoir qu'au milieu du XIXème siècle l'Afrique en était au stade tribal et économiquement à la fin du néolithique, qu'elle ne savait ni lire ni écrire, tandis que que l'Europe en était au stade industriel et avait déjà inventé l'électricité et le moteur à explosion, bref d'avoir tiré parti de ce fait pour affirmer sa supériorité et et son devoir "d'éduquer" ces peuples taxé "d'inférieurs" sur la base de ce retard, certes indiscutable. Mais aurait-on pu aussi s'abstenir de venir chez eux, et se borner sagement à les laisser évoluer "naturellement" comme dans une sorte de réserve continentale? Dans ce "néolithic park", les maladies diverses (malaria, notamment, mais lèpre aussi et tant d'autres éradiquées par des centaines de bons Dr Schweitzer), auraient maintenu la démographie à un niveau minimal. Mais sur le plan seulement humanitaire était-ce possible?

    Emmanuel Pezé

    10 h 54, le 02 août 2018

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