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Liban - Éclairage

Le conflit d’influence régional que cache le bras de fer interne

La vie politique au Liban est soumise à ce stade à des pressions nées des rapports conflictuels entre puissances étrangères : le litige interne autour de la formation du gouvernement est en réalité la traduction d’un conflit d’influence entre puissances internationales et régionales qui rivalisent sur qui aura la mainmise sur le pays, c’est-à-dire la carte de pression au Liban.

L’Iran considère avoir un droit acquis à ce niveau, l’axe irano-syrien ayant résisté aux guerres universelles menées contre lui, selon son point de vue.
L’axe qui lui est opposé défend la neutralité du Liban, du moins sa mise à l’écart de la guerre des axes, provoquée notamment par la politique expansionniste de Téhéran dans la région. Cette politique de distanciation serait d’autant plus légitime que l’alliance politique du 14 Mars avait opté constamment pour la politique de la main tendue à l’égard du Hezbollah : bien que sorti vainqueur des législatives de 2005 et de 2009, le 14 Mars avait tenu à former un gouvernement d’union nationale, avant que le 8 Mars ne se retourne contre lui en s’aventurant dans un gouvernement monochrome pro-iranien en 2010 qui a fini par échouer.


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Le sommet russo-américain d’Helsinki de juillet devait apporter certaines réponses sur la portée d’une coopération bilatérale entre Moscou et Washington, et ses effets sur le terrain syrien. Certaines forces au Liban, en l’occurrence le Hezbollah, ont préféré attendre le résultat de ce sommet pour se décider sur la formule du nouveau cabinet qu’elles souhaiteraient défendre.
Or, ce sommet s’est avéré peu rassurant pour les Iraniens. En effet, par-delà les parts d’ombre qui persistent autour de l’événement, il en ressort que le régime syrien, désormais confiant que le désistement du président Bachar el-Assad n’est plus au programme des décideurs, entend rétablir une influence au Liban, de sorte à utiliser ce pays comme levier.
Et cela n’est pas sans gêner l’Iran. D’abord parce que le conflit d’influence entre Téhéran et Damas a toujours prévalu au Liban, et s’était résolu en faveur du premier à la suite du retrait des troupes syriennes du pays suite à l’intifada de l’indépendance de 2005. Ensuite parce qu’un regain d’influence syrienne au Liban ôterait au Hezbollah le monopole de la guerre contre Israël, qu’il utilise pour envoyer des messages aux Américains.


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Dans ce cadre, les intérêts russes et iraniens commencent à connaître des divergences sur le terrain syrien, qui ne sont pas sans contraindre Assad à prendre position en faveur de l’un ou de l’autre. Or, plusieurs signes indiquent que la balance penche du côté des Russes.

Sur le dossier des réfugiés, Moscou a pris le pas sur l’initiative du Hezbollah pour leur retour, en imaginant un mécanisme appuyé officiellement par les trois présidences libanaises. La Russie aurait été mandatée par Washington pour gérer ce dossier, et le régime syrien n’a d’autre choix que de coopérer.
Sur le terrain militaire, la volonté russe de circonscrire la présence iranienne en Syrie a connu une première expression avec le recul temporaire des milices iraniennes à 60 miles des frontières syriennes avec Israël.
C’est dans la suite des tensions internes à l’axe irano-syrien dit de la moumanaa et à l’alliance russo-iranienne en Syrie que commence à s’exacerber la grogne au sein de la base populaire du Hezbollah.

Dans le contexte des développements régionaux, le parti chiite s’arme, au niveau de la formation du gouvernement, et jusqu’à nouvel ordre, des surenchères du Courant patriotique libre (CPL) qui souhaite obtenir à lui seul le tiers de blocage au sein du nouveau cabinet, et donc les deux tiers au Hezbollah et ses alliés, dont le CPL.

Quant au Premier ministre désigné Saad Hariri, il continue d’opter pour l’attente, sans basculer dans la confrontation avec le Hezbollah. Pour certains milieux politiques proches de la Maison du Centre, le dialogue et la coopération sont la solution inéluctable au Liban. À quoi bon perdre du temps dans des prises de position négatives, s’interrogent ces milieux, d’autant plus que la formation d’un cabinet d’union nationale semble l’issue la plus plausible au bras de fer actuel.


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