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Liban - Gouvernement

Hariri et Bassil attendent « une nouvelle donne »

Pour la première fois, le chef du CPL déclare que son parti devrait conserver les ministères de l’Énergie et des Affaires étrangères.

Gebran Bassil, César Abi Khalil et Hussein Hajj Hassan inaugurant le barrage de Yammouné. Photo ANI

Le processus de formation du prochain gouvernement continue à faire du surplace en dépit des informations qui ont circulé récemment dans les médias concernant une possible rencontre entre le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Un entretien qui devait faire suite à la dernière rencontre entre le chef de l’État, Michel Aoun, et M. Hariri afin de défaire les nœuds empêchant encore la mise sur pied de la future équipe ministérielle. Il s’agit, notamment, du différend opposant le CPL aux Forces libanaises autour de leurs quotes-parts gouvernementales respectives et de la querelle entre le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et le chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslane, le premier insistant sur ce qu’il appelle (son) « droit » à nommer les trois ministres druzes dans un cabinet de trente.

Sauf que l’entretien Hariri-Bassil semble être reporté sine die. Et pour cause : il n’y a pas de nouvelles donnes qui nécessiteraient la tenue d’une telle rencontre, s’accordent à dire les milieux du CPL et du courant du Futur. Une façon pour les deux partis de se renvoyer la balle du blocage du processus, plus de deux mois après la désignation de M. Hariri pour former le gouvernement. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Eddy Maalouf, député aouniste du Metn, déclare : « Quand une nouvelle donne interviendra, MM. Hariri et Bassil pourront s’entretenir. » Commentant les accusations lancées récemment contre son parti selon lesquelles celui-ci entraverait la formation du cabinet, le député ne manque pas de faire état d’un « piège médiatique » tendu au CPL, par le biais duquel on cherche à accuser son chef (Gebran Bassil) de s’ingérer dans les tractations gouvernementales. « Il revient au Premier ministre désigné de former le gouvernement conformément à des critères unifiés clairs. Nous n’intervenons pas dans ce processus », insiste Eddy Maalouf. 

Tout comme lui, Moustapha Allouche, membre du bureau politique du courant du Futur, souligne que « rien n’a changé pour que se tienne la réunion Hariri-Bassil ». Contacté par L’OLJ, M. Allouche estime que « le problème réside principalement chez Gebran Bassil ». L’ancien député accuse ainsi implicitement le chef du CPL d’empêcher le chef du gouvernement de mener à bien sa mission. « Si Michel Aoun n’arrive pas à convaincre son gendre de faciliter la formation de l’équipe ministérielle, cela constituera un problème en soi », ajoute M. Allouche qui estime que le recours à une formule de 24 ministres serait peut-être la meilleure solution pour le chef de gouvernement. Il note, par ailleurs, que dans ce cas, son parti demanderait cinq ministères, alors qu’il réclame six dans un cabinet de trente.

En attendant la « nouvelle donne » qui dicterait une rencontre entre le Premier ministre et le chef du CPL, les divers protagonistes continuent de camper sur leurs positions respectives, compliquant davantage la tâche à Saad Hariri. C’est dans ce cadre que s’inscrivent des propos tenus hier par Gebran Bassil. Représentant le président de la République lors de la cérémonie d’inauguration du barrage de Yammouné (Békaa), le chef du CPL a réitéré son attachement à « des critères unifiés » que Saad Hariri devrait définir pour former son équipe. M. Bassil a été encore plus loin. Pour la première fois depuis le début des négociations gouvernementales, le chef du courant aouniste a évoqué publiquement les ministères que sa formation désirerait obtenir au sein du futur gouvernement. « En principe, notre bloc devrait conserver les ministères de l’Énergie et des Affaires étrangères », a-t-il lancé (voir par ailleurs). Des propos qu’Eddy Maalouf n’interprète pas comme des conditions préalables à la participation aouniste au gouvernement. « Au vu des tractations actuellement en cours, le CPL devrait conserver ces deux ministères », explique-t-il, insistant sur l’attachement du parti à la nécessité d’intégrer Talal Arslane à l’équipe Hariri.


(Lire aussi : Gouvernement : tout dépendra de la rencontre Hariri-Bassil...)


Concessions FL ?
À leur tour, les FL tiennent à une représentation gouvernementale conforme à leur poids populaire issu du scrutin de mai dernier. C’est ce qui se dégage des propos tenus samedi par Georges Okaïss, député FL de Zahlé. « Nous n’accepterons que le respect de nos droits », a déclaré M. Okaïss à Radio Liban libre.
M. Okaïss a, toutefois, fait état de possibles concessions de la part de sa formation. « Si nous acceptons quatre portefeuilles (alors que le parti en demande cinq, c’est-à dire l’équivalent du tiers des postes réservés aux chrétiens, conformément aux résultats des législatives) afin de faciliter le processus, il faut que nous obtenions la vice-présidence du Conseil, ou un ministère régalien, ou un portefeuille dit “consistant” », a-t-il souligné. La chaîne MTV avait d’ailleurs annoncé samedi aussi que le chef des FL, Samir Geagea, a donné ses directives au ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi (qui négocie au nom du parti), de freiner les négociations s’il reçoit une proposition prévoyant quatre ministres aux FL sans la vice-présidence du Conseil ou un portefeuille régalien.


(Lire aussi : Gouvernement : les solutions existent, mais attendent une décision, le décryptage de Scarlett Haddad)


Le nœud sunnite… à nouveau
Outre les nœuds chrétien et druze, Saad Hariri serait peut-être amené à défaire (à nouveau) celui lié à la représentation des députés sunnites ne gravitant pas dans son orbite. Même si M. Hariri lui-même avait fait barrage à cette éventualité en déclarant depuis Baabda le 28 juin dernier que les députés en question ne forment pas un bloc parlementaire unifié.
Farid Haykal el-Khazen, député du Kesrouan, est revenu hier à la charge en réclamant deux ministres qui relèveraient de la Coalition nationale. Un bloc parlementaire comprenant, outre M. Khazen, les trois Marada de Sleiman Frangié, Fayçal Karamé et Jihad Samad (sunnites) et Moustapha Husseini (chiite). « La coalition nationale est pluricommunautaire. Elle devrait donc être représentée par deux ministres, un chrétien et l’autre musulman », a lancé M. Khazen dans un entretien accordé à la chaîne al-Jadeed, insistant sur la nécessité de garder le ministère des Travaux publics aux mains du bloc (Marada).
En demandant deux ministres, M. Khazen faisait allusion à un ministre Marada et un autre qui serait sunnite. Mais dans les milieux proches du bloc, on semble conscient que celui-ci ne parviendra pas à obtenir deux portefeuilles. D’autant que l’on confie que « la priorité est au ministrable que désignera Sleiman Frangié ».


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commentaires (5)

L'art de la procrastination (moumatalla) nous amène à croire sérieusement que tout ira bien et mieux le jour de la naissance du Gouvernement. Le peuple deviendra optimiste à nouveau et recommencera à investir et à espérer des jours meilleurs, bien que rien n'aura changer.

Shou fi

14 h 58, le 30 juillet 2018

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Commentaires (5)

  • L'art de la procrastination (moumatalla) nous amène à croire sérieusement que tout ira bien et mieux le jour de la naissance du Gouvernement. Le peuple deviendra optimiste à nouveau et recommencera à investir et à espérer des jours meilleurs, bien que rien n'aura changer.

    Shou fi

    14 h 58, le 30 juillet 2018

  • Le CPL , de la poudre aux yeux.

    Jack Gardner

    09 h 52, le 30 juillet 2018

  • Si jamais l'énergie est allouée ( a nouveau ) au CPL, faudra pas pleurnicher ensuite.....

    Tabet Karim

    09 h 24, le 30 juillet 2018

  • BOYCOTTEUR : GENDRISSIMEMENT LE CPL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 06, le 30 juillet 2018

  • M CPL pourrait garder le ministere des affaires etrangeres mais il est INCONSEVABLE que ce parti garde le ministere de l'energie ( electricite ) ou il a echoue depuis des annees a trouver une solution et ou les accusations ( non fondees a ce jour ) pillulent Donnons le au FL et voyons si on trouvera une solution satisfaisante Si le ministere de l'energie veut aussi dire le gaz ou le petrole en mer Mediterannee il faut ABSOLUMENT le donner a un technocrate honnete et avec aucune consideration politique pour que les accusations de commissions qui ont deja fusees a tort et a travers soient noyees dans l'eau mais nous revons car nous sommes au Liban ou la lutte contre la corruption est pour en parler sans jamais agir depuis des annees

    LA VERITE

    00 h 50, le 30 juillet 2018

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