Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a affirmé dans un communiqué publié mardi par son bureau de presse au sujet du projet russe de rapatriement des réfugiés syriens qu'il ne faisait "la course avec personne" et que ce dossier relève de ses responsabilités nationales et ne peut faire l'objet de "surenchères".
Le Liban accueille environ 1,5 million de réfugiés syriens - dont un million inscrits auprès de l'ONU - pour une population locale de 4,5 millions.
Le ministère russe de la Défense a indiqué vendredi avoir proposé aux Etats-Unis de coopérer pour assurer le retour des réfugiés syriens vers leur lieu de résidence d'avant le conflit. Le plan concernerait notamment ceux qui ont fui en Jordanie et au Liban.
M. Hariri répondait implicitement aux propos tenus lundi par des sources proches de la présidence de la République, selon lesquels Baabda avait déjà évoqué la question des réfugiés avec la Russie il y a quatre mois, un dossier pareil ne pouvant pas être laissé, selon ces sources, à "des conseillers et des aides".
Le conseiller de Saad Hariri aux affaires russes, Georges Chaabane, a été reçu samedi à Moscou par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, qui lui a présenté les détails des propositions annoncées par le chef du Centre de contrôle de la défense nationale, le général Mikhail Mizintsev, sur l’organisation du retour des réfugiés dans les lieux où ils vivaient avant la guerre.
"Georges Chaabane a détaillé à M. Hariri sa dernière réunion avec Mikhaïl Bogdanov, et les propositions russes relatives au retour des réfugiés syriens se trouvant au Liban et en Jordanie, indique le bureau du Premier ministre. M. Hariri souligne que son rôle au niveau du dossier des réfugiés fait partie de ses responsabilités nationales et qu'il refuse que ce rôle soit placé au cœur de surenchères et de courses politiques à objectifs médiatiques et populistes inutiles". "M. Hariri ne fait la course avec personne. Il fait seulement la course contre le temps pour aider les frères syriens et leur assurer un retour sûr et rapide chez eux, poursuit le communiqué. Par conséquent, le Premier ministre appelle toutes les forces politiques et les médias libanais à se tenir (...) loin des conflits internes".
Toujours selon le communiqué, "M. Hariri salue les efforts de la communauté internationale en vue d'assurer le retour des réfugiés syriens chez eux et a dans ce cadre fait le suivi des propositions faites par le ministère russe de la Défense". "M. Hariri a par le passé, lors ces deux visites officielles à Moscou, parlé des répercussions de la crise syrienne sur le Liban au niveau économique, social et sécuritaire et a souligné les souffrances importantes auxquelles doit faire face le Liban", rappelle le bureau de presse du Premier ministre. Lors de ses réunions avec le président Vladimir Poutine, M. Hariri a souligné la nécessité qu'il y ait une solution politique en Syrie".
"Le Premier ministre Hariri a souligné l'importance du rôle de la Sûreté générale libanaise pour faciliter le retour des réfugiés et assurer le retour de tous ceux qui le demandent . Il souhaite que ces efforts soient complétés par des garanties internationales de mettre fin au drame syrien au Liban et dans les pays voisins", conclu le communiqué.
"J'ai été frappé par le fait que ce sont les Russes et les Américains qui ont décidé du retour des réfugiés syriens et non pas le régime syrien", a affirmé M. Hariri plus tard dans la journée.
Par ailleurs le Premier ministre désigné a affirmé au sujet de la formation du gouvernement qu'il poursuivait ses contacts. "Je vais rendre visite au président de la République prochainement, a-t-il dit. Je n'ai mis aucun délai pour la formation et je ne suis contraint par aucun délai".
Le dossier des réfugiés syriens était au menu des discussions mardi entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, ainsi qu'entre le ministre sortant de l'Intérieur, Nohad Machnouk, et son collègue de la Défense, Yaacoub Sarraf.
Lundi, environ 700 réfugiés syriens, installés dans le village frontalier de Ersal, dans la Békaa, et originaires du Qalamoun, ont quitté le territoire libanais vers la Syrie dans le cadre d'une opération de retour volontaire organisée par la Sûreté générale en coordination avec le régime syrien qui approuve au préalable les noms des réfugiés. Il s'agissait de la quatrième vague de rapatriements depuis la fin du mois de juin.
Le Hezbollah avait annoncé fin juin la mise en place d'une structure visant à aider les réfugiés à rentrer dans leur pays, en coordination avec les autorités libanaises et Damas.
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commentaires (2)
Le dossier du projet russe du rapatriement des déplacés syriens relève des prérogatives du Premier Ministre. Tout autre formation ou parti politiques n'ont rien à voir avec ce projet très important pour l'avenir du Liban. Aux cuisiniers opportunistes de ne pas se mêler de cette affaire.
Un Libanais
20 h 25, le 24 juillet 2018