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Économie - Énergies renouvelables

Le Koura mise sur le chauffage à la briquette de biomasse

La troisième usine consacrée à cette nouvelle source d’énergie a été inaugurée récemment. Elle permettra notamment de remplacer le chauffage au fioul par des résidus d’oliviers recyclés.

L’usine de biomasse de Kfarhazir est la troisième au Liban à n’utiliser que des résidus d’élagage. Photo S.Ro.

Tous les ans, 5 000 tonnes de résidus végétaux issus de l’élagage d’oliviers partent en fumée dans la région du Koura. Sans raison pour les garder, les agriculteurs brûlaient les branches et les feuilles mises de côté après la taille des arbres.
Incendies, pollution, gaspillage : les raisons pour changer les vieilles habitudes ne manquaient pas. Pourquoi ne pas transformer ces résidus en combustible ? Et, au passage, réduire l’utilisation du fioul pour le chauffage, polluant pour l’environnement.

Inaugurée le 31 mai dernier, la nouvelle petite usine de briquettes de biomasse nichée dans les collines de Kfarhazir pourrait insuffler le changement dans la région. Elle a pour vocation de transformer 1 000 tonnes de résidus d’oliviers en 700 tonnes de briquettes tous les ans. Cela pourra répondre aux besoins d’un peu moins de 700 ménages.


Nouvelle source
« Nous proposons une nouvelle source d’énergie renouvelable et locale pour remplacer le fioul importé de l’étranger. L’impact environnemental des briquettes est donc bien inférieur », explique à L’Orient-Le Jour Sabine Saba, coordinatrice du projet à l’Université de Balamand chargée de sa mise en œuvre. « Les mois à venir détermineront la vision exacte d’élargissement du projet. Mais ce qui est certain, c’est que le potentiel existe ». Selon elle, l’usine de biomasse de Kfarhazir est la troisième au Liban à n’utiliser que des résidus d’élagages. Les deux autres usines se situent à Bkassine (Jezzine) et Aandket (Akkar). D’autres usines, comme celle de Kfarfakoud (Chouf) produisent des briquettes à partir d’autres sources comme le marc – extraits secs issus du pressurage de divers fruits.

Le terme de biomasse se réfère aux matières organiques dégradables d’origine végétale ou animale pouvant devenir des sources d’énergie. Elle peut provenir des produits, déchets et résidus provenant de l’agriculture, la sylviculture ou de l’industrie.

Le prix des briquettes n’a pas encore été finalisé, mais devrait être inférieur à celui du fioul, assure Sabine Saba. « L’usage principal visé par le projet est le chauffage domestique dans les poêles traditionnels libanais ou les cheminées. Donc il est certain que les ventes auront surtout lieu pendant les saisons froides », indique-t-elle. Surtout que le Koura se situe sur la route de Bécharré, destination hivernale prisée. « Cependant, vu que les briquettes pourraient avoir d’autres usages (barbecue, chauffage industriel), les périodes de ventes peuvent s’étaler en dehors (de l’hiver) », ajoute Sabine Saba. Côté distribution, les points de vente n’ont pas encore été finalisés.

Récemment embauché comme directeur de l’usine, Élie Maalouf sera notamment chargé de collecter le bois auprès des agriculteurs entre octobre et mars – la région en compte environ 7 000. Broyés plusieurs fois, les résidus d’arbre sont séchés à l’air chaud puis compactés en petites briquettes d’environ un kilogramme, chacune prête à être utilisée.


Don de l’UE
Le four interne fonctionne avec des briquettes défectueuses ou des résidus d’élagage (50 tonnes par an environ). Pour réduire la combustion interne, l’usine expérimente avec le séchage solaire. Selon Sabine Saba, « nous avons récemment produit des briquettes sans aucun séchage interne et donc sans combustion. Des tests seront effectués sur ces briquettes pour contrôler leurs propriétés ».

Quatre autres personnes ont été embauchées par l’usine, qui a pu voir le jour grâce à un don de l’Union européenne (UE) de près de 600 000 euros (700 000 dollars), soutenu par l’Université de Balamand (108 390 euros, ou 126 600 dollars), la Fédération des municipalités de Koura (41 600 euros, ou 48 000 dollars). En dehors de l’usine, deux employés sont requis pour le transport et la collecte des résidus.

Le projet de construction d’usine dans le Koura fait partie du projet Sustainable Action for Bioneergy Production (SABioP) sélectionné par l’Union européenne (UE) dans le cadre de son programme régional SUDEP qui inclut 12 projets au total dans 6 pays de la région Méditerranée. SABioP est implémenté et géré par le programme Économie de l’environnement et de l’énergie à l’Institut de l’environnement de l’Université de Balamand en partenariat avec la Fédération des municipalités à Koura et le Conseil de développement de Koura.

Cela fait trois ans que les trois partenaires travaillent sur SABioP. À partir de la fin de l’année, la Fédération des municipalités de Koura, propriétaire de l’usine, sera chargée de sa gestion. Il est prévu que les revenus de l’usine couvrent les coûts d’opération et de maintenance.



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Tous les ans, 5 000 tonnes de résidus végétaux issus de l’élagage d’oliviers partent en fumée dans la région du Koura. Sans raison pour les garder, les agriculteurs brûlaient les branches et les feuilles mises de côté après la taille des arbres.Incendies, pollution, gaspillage : les raisons pour changer les vieilles habitudes ne manquaient pas. Pourquoi ne pas transformer...

commentaires (1)

Je me demande si remplacer le chauffage à mazout (au fioul, c.a.d. "fioul" c'est "fuel") par des résidus d’oliviers correspond à un besoin réel. Ce que j'en ai compris c'est qu'il y a plutôt une demande de "airconditioning" (airco) et pas de chauffage, mais peut-être je me trompes.

Stes David

09 h 20, le 24 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • Je me demande si remplacer le chauffage à mazout (au fioul, c.a.d. "fioul" c'est "fuel") par des résidus d’oliviers correspond à un besoin réel. Ce que j'en ai compris c'est qu'il y a plutôt une demande de "airconditioning" (airco) et pas de chauffage, mais peut-être je me trompes.

    Stes David

    09 h 20, le 24 juillet 2018

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