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À La Une - Roman

Le printemps syrien ou les promesses de l’aube…

Dans Quand Damas refleurira de Leïla Nachawati, la Révolution devient une sorte de parcours initiatique, une révélation pour tous ses personnages, les « affranchis de Damas ».    

À travers son premier roman, Quand Damas refleurira, Leïla Nachawati nous fait vivre au rythme des angoisses et espoirs de Sarah, son héroïne qui, comme elle d’origine hispano-syrienne, vit la révolution depuis l’Espagne. Photo D.R.

À travers son premier roman, Quand Damas refleurira, Leïla Nacha-wati nous fait vivre au rythme des angoisses et espoirs de Sarah, son héroïne qui, comme elle d’origine hispano-syrienne, vit la révolution depuis l’Espagne.

Ce roman aux multiples facettes évolue telle une toile tissée sous nos yeux ; la narration peut paraître à première vue déconcertante, voire discordante, mais au fil des pages le texte prend tout son sens. L’auteure n’a pas opté pour le récit linéaire traditionnel, loin de là… Le lecteur est chahuté et poussé dans ses retranchements. Les récits mettent en scène autant de personnages que de points de vue s’entrechoquant, sans liens apparents et pourtant tout s’emboîte parfaitement. Là où le désordre semble régner, tout fait sens.

Cette Révolution devient une sorte de parcours initiatique, une révélation pour tous ces « affranchis de Damas ». Il en va ainsi pour Rudayna, Mazen, Walid, Hussein, Yamal… L’heure de l’apprentissage a également sonné pour Wafa loin de se douter qu’elle entame un tournant où aucun retour n’est possible. Elle, si craintive, se laissera emporter par une sorte de vertige où plus rien ne sera pareil. Après tant d’hésitations, ce qui paraissait alors improbable devient une évidence.

Pour Sarah – et l’auteure –, écrire devient une urgence. Ne pas oublier… C’est une course contre la montre qui se joue sous nos yeux. Transmettre à sa fille est une nécessité.

La rencontre avec Osama, l’amour, le vrai mais aussi le plus impitoyable, le père de sa fille, est un véritable séisme au plus profond de son intimité. Mais pour lui, être hors de son pays est devenu insoutenable ; il lui est impossible de dissocier sa trajectoire de celle de son pays. L’homme de sa vie était fiancé à la Révolution. Comment pouvait-elle lui en vouloir ? Les sentiments les plus contradictoires hantent Sarah : la transmission, le ressentiment, le déracinement et l’acceptation se bousculent.

L’héroïne et Nachawati portent en elles deux héritages familiaux, deux tragédies nationales : l’Espagne franquiste d’un côté, effleurée en filigrane dans le roman, la dictature des Assad de l’autre.

L’auteure ne peut s’empêcher de faire un retour sur le massacre de Hama qui, en 1982, est « le point de départ de la période la plus sombre » de l’histoire de cette Syrie martyre. La tragédie se répète et ne semble guère trouver d’écho favorable. À l’époque, « être originaire de Hama était devenu un crime en soi », mais que dire aujourd’hui de ces Syriens assoiffés de liberté, de justice et de dignité ?

Après la chute des régimes tunisien et égyptien, une question hantait les rues syriennes : « À quand notre tour ? » Les Syriens pouvaient-ils imaginer la tournure tragique que prendraient les événements ? Les Printemps arabes avaient suscité tant d’attentes et d’espoirs… Tout cela va être rapidement enterré.

Comme il est loin ce temps où certains pensaient que le régime tomberait une fois passé le seuil des 10 000 morts. Combien de morts aujourd’hui ? Et un régime plus que jamais présent et déterminé à rester. Une opposition poussée hors du pays, liquidée méthodiquement… Et pourtant cette société cadenassée, ce système de surveillance et de dénonciation bien huilé ne viendront pas à bout des rêves, même si le régime a tout mis en œuvre pour condamner à l’oubli tous ces héros des premiers temps réduits à la clandestinité, à la mort ou à la fuite. 

Cette Révolution confisquée, trahie, bafouée, qu’en reste-t-il si ce n’est un océan de désillusion et un monde déchiré et fracassé ?

Pour Nachawati, « ce roman se veut un fragment de plus dans cette mosaïque, ce gigantesque graffiti créé par la population dans l’affirmation de son droit à l’expression, et sa rébellion contre ceux qui n’ont pas d’autres armes que la violence pour les réduire au silence ».

Damas refleurira demain, mais au prix de combien de destins brisés et de vies piétinées ?
 
 
BIBLIOGRAPHIE   
Quand Damas refleurira de Leila Nachawati, traduit de l’espagnol par Claire-Marie Clévy, Presses de la Cité, 2018, 408 p.


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À travers son premier roman, Quand Damas refleurira, Leïla Nacha-wati nous fait vivre au rythme des angoisses et espoirs de Sarah, son héroïne qui, comme elle d’origine hispano-syrienne, vit la révolution depuis l’Espagne.Ce roman aux multiples facettes évolue telle une toile tissée sous nos yeux ; la narration peut paraître à première vue déconcertante, voire discordante, mais au...
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