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Lifestyle - This is America

Joyeux Noël, mais en juillet

« Christmas in July », sous un soleil de plomb. Pour les Américains, l’occasion de croire au père Noël ou, du moins, de le célébrer autrement...

Un père Noël en juillet au bord de la mer! Photo Bigsock

Que vient faire la Nativité en plein été et durant le mois le plus chaud de l’année? Aux États-Unis, on aime les célébrations qui se suivent, à un rythme effréné, toute l’année, sans se ressembler. Tout est prétexte à festoyer, même l’envie d’interrompre l’été et d’ouvrir une parenthèse de fraîcheur virtuelle. Une réminiscence des basses températures associée à la symbolique, haute en couleur et en réjouissances, de la période de Noël. Cette idée apparemment incongrue revient à la jeune et dynamique responsable d’une colonie de vacances pour filles du sud du pays. Pour booster son programme de cet été 1934 et l’imagination des enfants, elle leur propose de recréer la magie des fêtes de fin d’année. Ainsi fut lancée la course à la décoration du sapin, à la préparation de la hotte des cadeaux du bonhomme rouge et autres répétitions des chorales de White Christmas et Jingle Bells. Tout fut ressorti, et jamais colonie de vacances (d’été) ne fut si fructueuse. Les autres n’ont pu que suivre. Même Hollywood, qui a produit quelques années plus tard, en 1940, un film intitulé Christmas in July (Le Gros Lot). Écrit et réalisé par Preston Sturges, il s’agit de l’adaptation de sa pièce  A Cup of Coffee créée en 1931, racontant l’histoire du jeune Jimmy MacDonald, qui décide de participer à un concours de slogans organisé par une marque de café, espérant bien sûr remporter un des prix, le premier étant de 25 000 dollars. Ses collègues décident alors de lui faire croire, avant que les résultats ne soient divulgués, qu’il a gagné le concours. Aussitôt cette (fausse) victoire annoncée, il se dépêche d’acheter des cadeaux à ses proches et d’abord une bague à sa fiancée Betty. Lorsqu’il se rend compte de la supercherie, Jimmy est désespéré et Betty aussi ! Avant que le jury du concours, qui avait tardé à délibérer, n’annonce le nom du vainqueur. Et c’était bien Jimmy ! Un vrai miracle de Noël, a-t-il sans doute pensé.

Comme un 25 décembre
Aujourd’hui, ce sont les adultes qui ont rejoint les plus jeunes dans ce remake de Noël célébré le 25 juillet, comme un 25 décembre. Les nappes rouges et quelques boules dorées et argentées sont ressorties. Des Christmas parties arrosées de champagne sont organisées en pleine chaleur avec, en prime, à l’arrivée des invités, le traditionnel bol d’eggnog (lait de poule). Les décorations sont revisitées avec les produits de la saison : petits sapins découpés dans une pastèque, fraises littéralement déguisées en père Noël et, en guise de bas de laine, des tongs noëlisées à souhait.
Un peu plus sérieusement et en en remontant le temps, on peut trouver une autre origine à ce Noël de juillet. En effet, cette approche inattendue est évoquée dans l’opéra Werther, un drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux de Jules Massenet. D’après un livret d’Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, cet opéra s’inspire du roman épistolaire de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther. L’histoire, qui a lieu en 1780, s’étale sur trois saisons (été, automne, hiver). Au premier acte, qui débute en juillet de cette même année, un dignitaire allemand, veuf et père de neuf enfants, fait répéter aux plus jeunes d’entre eux des chants de Noël, au grand amusement de ses amis. L’un d’entre eux s’exclame : « Chanter Noël en juillet... c’est s’y prendre à l’avance. »
Dès 1950, le marché s’est emparé de cette nouvelle opportunité de drainer des consommateurs. Et d’abord les éditeurs de cartes de vœux qui ont imaginé des versions adéquates. Les grilles des télévisions ont inscrit des programmes dans le même ton. Et tous les commerces profitent de cette occasion pour casser leurs prix. Ce ne sont pas les soldes de « Black Friday », mais presque. La frénésie des achats à bas prix se fait cette fois-ci sous une bannière rouge.

Enfin, certaines familles américaines, dont les membres sont dispersés à travers le pays ou le monde, ont adopté ce Noël estival, une période de vacances pour la majorité, afin de passer ensemble ce qu’ils qualifient de « quality time ». Pas besoin pour les pays de l’hémisphère sud, (les Comores, Madagascar, l’Angola, la Polynésie française, la Nouvelle-Guinée, les îles Samoa et l’Afrique du Sud) de chercher midi à quatorze heures ! Leur hiver débute en juin et leur offre des Noëls ensoleillés que souvent, eux, voudraient enneigés...
Last but not least, il y a ceux qui inversent les saisons par pur plaisir et fantaisie. Ce sont les adeptes du Dry Christmas, las des Noël blancs, qui transportent la fête et ses réveillons dans des sites désertiques. L’Égypte et la Jordanie sont ainsi devenues les hauts lieux des 25 décembre et jour de l’An dénudés de tout leur scintillement.
Différentes, certes, elles sont toutes des occasions répétées de faire la fête et, peut-être, d’avoir plus souvent des raisons de croire au père Noël.


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