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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Trump pris dans la tourmente suscitée par ses propos

Le président américain s’est retrouvé isolé jusque dans son propre camp qui a fustigé son attitude face à ses alliés en Europe et à son homologue russe à Helsinki.

Le président américain Donald Trump est apparu faible lundi lors de sa rencontre à Helsinki avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Brendan Smialowski/AFP

Du jamais-vu. Un président américain qui tourne le dos à ses plus proches alliés qu’il considère comme ses ennemis… Qui attaque sa propre administration pour défendre le président d’un autre pays, lequel le moins qu’on puisse dire est considéré comme hostile aux États-Unis. Donald Trump l’a fait.

il y a deux jours, le président américain avait estimé que l’Union européenne est l’ennemi des États-Unis. « Je pense que nous avons beaucoup d’ennemis. Je pense que l’Union européenne est un ennemi, avec ce qu’ils nous font sur le commerce. Bien sûr, on ne penserait pas à l’Union européenne, mais c’est un ennemi », a estimé le chef de la Maison-Blanche. Des propos toutefois nuancés, puisqu’il a également estimé que la Russie et la Chine sont des ennemies. 

Donald Trump a continué sur sa lancée lundi, lors de sa première rencontre en tête à tête avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à Helsinki. Il a ainsi adopté un ton conciliant face à M. Poutine en éludant toute critique envers la politique du Kremlin. Pire, il a mis en doute les conclusions de la justice et des services de renseignements américains qui ont conclu à la réalité d’une interférence russe dans l’élection présidentielle de 2016. Interrogé sur la question, M. Trump a affirmé que cette information lui avait été fournie par le chef de la CIA, mais qu’il n’avait aucune raison de la croire. « Le président Poutine a été extrêmement ferme et affirmatif dans son démenti aujourd’hui », a affirmé le président américain, alors que vendredi dernier, un grand jury américain avait inculpé 12 membres des services de renseignements russes pour avoir piraté les systèmes informatiques de Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidentielle de 2016.

Donald Trump a également tenu la « stupidité » de son propre pays pour unique responsable de la dégradation des relations américano-russes. Enfonçant le clou hier, M. Trump a affirmé avoir eu des entretiens avec son homologue russe « bien meilleurs » qu’avec ses partenaires de l’OTAN.


(Lire aussi : Trump assure que sa langue a fourché face à Poutine...)


Discréditer les USA
Il était évident qu’une rencontre entre les deux présidents serait déséquilibrée en faveur du dirigeant russe, ancien du KGB et au pouvoir depuis près de 20 ans, alors que le locataire de la Maison-Blanche est considéré novice en politique. Mais de là à discréditer ses propres services de renseignements et à croire les paroles du président d’un pays que lui-même considérait comme ennemi il y a quelques jours, il n’y avait qu’un pas, que Donald Trump a franchi. En foulant aux pieds le fondement de la politique étrangère américaine depuis des décennies, le président  Trump a considérablement discrédité les États-Unis, lui dont le slogan comme candidat était « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique). 

D’ailleurs, le ras-le-bol occidental commence à se faire sentir. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a exhorté la semaine dernière le président américain à « mieux considérer » ses « alliés ». « Chère Amérique, considérez mieux vos alliés, après tout vous n’en avez pas tant que ça », a déclaré M. Tusk. Même son de cloche côté allemand. « Des accords unilatéraux au détriment des alliés vont aussi nuire aux États-Unis ; celui qui frappe ses partenaires risque finalement d’être perdu », a prévenu le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas. Il ne s’agit pas de la première attaque allemande contre le président américain. M. Maas avait vertement critiqué Donald Trump après l’échec du G7 au Canada le mois dernier, estimant que le président américain a « détruit » une grande partie de la confiance entre les États-Unis et l’Europe.


(Lire aussi : Trump mord (à pleine dents) à l’hameçon russe        


« Honte », « trahison », « tragique erreur », « faiblesse »
Sur le plan intérieur, les Américains ont du mal à comprendre un président qui a soutenu un dirigeant étranger face à sa propre administration. L’attitude de Donald Trump a soulevé un tollé à Washington, y compris parmi les républicains. John Brennan, ancien directeur de la CIA, a estimé que le comportement du président américain devait réveiller le patriotisme américain. « Non seulement les propos de  Trump étaient imbéciles, mais il était totalement acquis à Poutine. Patriotes républicains, où êtes-vous? » s’est-il interrogé.

Le sénateur républicain John McCain, ancien candidat à la présidentielle, a estimé que le sommet avec Poutine était une « tragique erreur » car, dit-il, le président américain « n’a pas défendu l’Amérique ». Pour M. McCain, le sommet d’Helsinki restera comme un épisode peu glorieux dans l’histoire des présidents américains. De son côté, Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants, a invité M. Trump à comprendre que la Russie n’était pas l’alliée de Washington.

Le sénateur républicain Lindsey Graham a estimé que les propos tenus par Donald Trump à la conférence de presse avec Poutine envoyaient aux Russes un signal de « faiblesse » des États-Unis. Son collègue du même parti Jeff Flake a jugé « honteux » les propos tenus par Donald Trump en présence de M. Poutine. « Je ne pensais pas qu’un jour je verrais notre président imputer, aux côtés du président russe, la responsabilité de l’agression russe aux États-Unis. C’est une honte », a écrit Jeff Flake sur Twitter. Newt Gingrich, un proche du président et ancien président du Congrès, a estimé que M. Trump a commis « la pire erreur de sa présidence, qui doit être rectifiée sur-le-champ ».

Les démocrates n’y sont pas allés de main morte. Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, a fustigé l’attitude de M. Trump, déclarant qu’il « renforce nos adversaires tout en affaiblissant nos défenses et celles de nos alliés ». « Flatter des dictateurs ne fait pas avancer les intérêts américains. Cela nuit à notre sécurité », a quant à lui déclaré l’ancien vice-président Joe Biden.


(Lire aussi : Échec au roi..., le commentaire d'Anthony SAMRANI)



Volte-face de Trump
Face au tollé général, Donald Trump a assuré hier admettre les conclusions de ses services de renseignements selon lesquelles la Russie a bien interféré dans la campagne présidentielle en 2016, cherchant à apaiser la vive controverse. Le locataire de la Maison-Blanche est revenu sur ses déclarations, expliquant s’être mal exprimé à Helsinki quand il a dit n’avoir aucune raison de ne pas croire les dénégations de M. Poutine sur l’interférence de Moscou dans l’élection, insistant sur son « respect » pour les agences fédérales de son pays.
Reste à savoir si ce retournement va calmer les esprits aux États-Unis, mais aussi chez les alliés de Washington.



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Du jamais-vu. Un président américain qui tourne le dos à ses plus proches alliés qu’il considère comme ses ennemis… Qui attaque sa propre administration pour défendre le président d’un autre pays, lequel le moins qu’on puisse dire est considéré comme hostile aux États-Unis. Donald Trump l’a fait.il y a deux jours, le président américain avait estimé que l’Union...

commentaires (5)

Tom et Jerry bien fatigués sur cette photo illustrant l'article. Ils trouveront bien d'autres aventures, d'autres rencontres...ils ne peuvent exister sans elles ! Irène Saïd

Irene Said

16 h 44, le 18 juillet 2018

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Tom et Jerry bien fatigués sur cette photo illustrant l'article. Ils trouveront bien d'autres aventures, d'autres rencontres...ils ne peuvent exister sans elles ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 44, le 18 juillet 2018

  • Tout le monde sait qu’il n’y a aucune bourde sauf pour les détracteurs de trump Ça cote de popularité est en nette augmentation pour l’américain de campagne c’est l’homme providence ... heureusement qu’il y a les services secrets des 2 pays qui communiquent sinon le monde serait dans la M jusqu’au cou ... SURTOUT IL N’Y PAS DE GUERRE NI D’ENNEMI ... si les médias l’argumente c’est juste pour vendre du papier

    Bery tus

    15 h 34, le 18 juillet 2018

  • SANS DOUTE IL A COMMIS DES GAFFES DANS SES PROPOS. MAIS LA COOPERATION AMERICANO-RUSSE EST NECESSAIRE DANS CE MONDE DE CRISES ET DE GUERRES QUE NOUS VIVONS ! LE MONDE EST EN EBULLITION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 21, le 18 juillet 2018

  • Il y a presque un siècle Laurel et Hardy... donald, le remake, en solo, à l'américaine "the Cuckoo song"... Quelle comédie!

    Wlek Sanferlou

    03 h 36, le 18 juillet 2018

  • Rien ne va se calmer après cet incroyable scandale: Trump a définitivement commis la bourde fatale que les américains ne lui pardonneront pas! En tous cas, son comportement vis à vis de Poutine de longue date est très suspect et il y a certainement une collusion entre les deux lors des élections, et peut être que Poutine lui fait du chantage et que l’histoire réelle finira par être dévoilée par la commission d’enquête que Trump essaye de discréditer en criant à la chasse aux sorcières et aux fake news. Il y a définitivement matière à un “impeachment”! Histoire passionnante à suivre de près!

    Saliba Nouhad

    00 h 54, le 18 juillet 2018

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