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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

A Helsinki, Trump prend le parti de Poutine

Au côté de son homologue, le président américain a balayé d’un revers de main les accusations concernant les ingérences russes dans la présidentielle américaine.

Vladimir Poutine offrant un ballon de football à son homologue américain lors de leur rencontre hier à Helsinki. Yuri Kadobnov/AFP

Vladimir Poutine s’est montré assidu dans son défaut de ponctualité. Le président russe a par le passé fait patienter la reine d’Angleterre et le pape François. Son arrivée retardée d’une demi-heure au palais présidentiel d’Helsinki, pour un premier face-à-face avec le président américain, était certainement programmée. Mais Donald Trump est parvenu à renverser la situation en attendant à son hôtel que le maître du Kremlin arrive au point de rencontre le premier, pour ensuite lui emboîter le pas. Cette petite vexation déjouée ne changera pas l’image générale. Celle d’un président hôte de la Coupe du monde de football qui a enchaîné à cette occasion les poignées de main avec les grands de ce monde, donnant ainsi l’impression que Donald Trump a patiemment attendu son tour. Le langage corporel a ensuite rempli les « vides » imposés par la traduction du russe à l’anglais et de l’anglais au russe lors de la conférence de presse préliminaire : les regards vers le hors-champ et les mains nerveusement disposées en triangle de Donald Trump contre le flegme habituel du président russe, légèrement avachi sur son siège. De la principale manche de cet rencontre, le tête-à-tête en seule présence de leurs interprètes, est d’abord ressorti le langage convenu de la diplomatie : les pourparlers se sont déroulés dans « une atmosphère franche et de travail », que M. Poutine considère « très réussis et très utiles », voire « mieux que super » pour son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. M. Trump s’est lui félicité d’un « dialogue direct, ouvert et très productif », estimant que les deux hommes avaient « commencé à mieux se comprendre ».


(Lire aussi : Échec au roi..., le commentaire d'Anthony SAMRANI)


« Une seule sinistre question »
Le récit lisse de la confrontation a ensuite pris des couleurs. Ce sommet en bonne et due forme entre l’Américain et le Russe constituait un tabou en raison des investigations sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016. L’enquête a été relancée de façon spectaculaire trois jours avant le sommet, par l’inculpation de 12 agents russes accusés d’avoir piraté les ordinateurs du Parti démocrate. Donald Trump a balayé d’un revers de main le sujet, prêtant le flanc à des accusations de complaisance à l’égard du Kremlin. « Je ne vois aucune raison » de croire que les Russes se sont ingérés dans la présidentielle de 2016 et « le président (Poutine) conteste avec force » une telle ingérence, a lancé le président des États-Unis, préférant endosser la version russe plutôt que les conclusions de ses propres services de renseignements. Interrogé sur le même dossier, Vladimir Poutine a fait mine de parler à cœur ouvert. « Oui, je voulais qu’il (Donald Trump) gagne parce qu’il parlait de normalisation des relations », a confié le président russe.

Outre-Atlantique, on reproche au président américain de s’être couché devant le Kremlin. « La Maison-Blanche est maintenant confrontée à une seule, sinistre question : “Qu’est-ce qui peut bien pousser Donald Trump à mettre les intérêts de la Russie au-dessus de ceux des États-Unis ?” » s’est interrogé le chef de l’opposition démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, sur Twitter. Même son de cloche dans la maison républicaine. « Cette réponse du président Trump sera considérée par la Russie comme un signe de faiblesse », a regretté le sénateur Lindsey Graham. L’ancien patron de la CIA John Brennan, en fonction de 2013 à 2017, a dénoncé « un acte de trahison » du président américain.
Donald Trump avait déjà tendu la joue américaine en attribuant, avant la rencontre, les mauvaises relations entre Washington et Moscou à « des années de stupidité de la part des États-Unis » et à la « chasse aux sorcières » menée selon lui par le FBI.


(Lire aussi : Trump classe la Russie parmi les "ennemis" des Etats-Unis avant son sommet avec Poutine)


« Un interlocuteur intéressant »
Les signes d’« alchimie » entre les deux hommes n’étaient pas éclatants. Du moins le trait était-il trop forcé pour être vrai. Les deux dirigeants ont affiché une proximité un peu potache en clôture de conférence de presse, lorsque M. Poutine a offert à l’Américain un ballon du Mondial 2018. L’ex-agent du KGB a qualifié d’« absurdité » les dossiers compromettants sur Donald Trump, servant à son homologue américain un discours qu’ils affectionnent tous les deux, hostile aux médias et à l’« État profond ». Les deux hommes ont ensuite été invités par la presse à tirer le portrait de l’autre. Donald Trump est un « interlocuteur intéressant » selon Vladimir Poutine, qui « sur certaines questions (…) s’en tient à ses opinions », a-t-il détaillé en citant l’exemple de la décision du président américain de quitter unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien.

Washington semble de son côté sur la même longueur d’onde que Moscou dans sa façon d’aborder les relations internationales. La rencontre d’hier clôture le cycle des sommets internationaux, celui du G7 les 8 et 9 mai dernier, et celui de l’OTAN le 11 et 12 juillet, marqués par la désinvolture du président Trump envers ses alliés. Dernier arrivé et premier reparti au grand rassemblement du G7, le président américain avait choqué les autres participants en proposant subitement de réadmettre la Russie au club des nations le plus exclusif du monde. « La Russie devait être à ce rendez-vous. Pourquoi avons-nous un rendez-vous sans la Russie ? » s’était indigné l’ex-magnat de l’immobilier. Moscou avait était exclu du G8 par mesure de rétorsion suite à l’annexion de la Crimée en 2014. L’aspirant « électron libre » renvoie néanmoins l’impression d’être une mauvaise contrefaçon du Kremlin. Si la Russie n’est pas clairement assimilée à un système d’alliance en particulier, ses engagements envers ses alliés sont cohérents et stables, en témoigne son intervention en Syrie. En voulant « prendre en main » Vladimir Poutine, Donald Trump a probablement agi exactement comme ce dernier aurait voulu qu’il agisse. L’homme fort à Moscou se drape dans le rôle de l’homme convoité, auquel les affaires du monde sont suspendues.


(Lire aussi : Pour la Russie, Trump est un "partenaire")


Quatrième président américain
Le désir de Donald Trump de s’entendre avec Vladimir Poutine a pourtant des précédents. L’administration Obama ambitionnait également de « reprendre à zéro » la relation avec Moscou après la guerre russo-géorgienne de 2008, sous le signe de la « modernisation ». Sous-entendu, l’adoption de réformes internes en Russie en faveur de l’ordre libéral international dominé par les Américains. Dans la foulée du 11-Septembre 2001, l’administration Bush espérait rendre obsolète le concept d’« équilibre de la Terreur », une doctrine stratégique fondée sur la dissuasion nucléaire. En pratique, Washington s’était alors retiré du Traité antimissiles balistiques (AMB) signé en 1972, que les Russes tenaient pour pilier de l’équilibre mondial. La logique du retrait américain était que les deux ex-Grands avaient mis leur adversité de côté et qu’ils pouvaient se passer des garde-fous légaux. La Russie avait rejeté à la fois l’idée de jeter aux oubliettes l’AMB et la « marche » inévitable vers la démocratie façon yankee. C’est le quatrième président américain auquel Vladimir Poutine se frotte, après Bill Clinton, Georges Bush et Barack Obama. Une administration américaine « victime » de ses alternances sur laquelle Vladimir Poutine a fait ses dents. Donald Trump n’est probablement qu’un passage éphémère dans la longue histoire de son règne.


Vladimir Poutine s’est montré assidu dans son défaut de ponctualité. Le président russe a par le passé fait patienter la reine d’Angleterre et le pape François. Son arrivée retardée d’une demi-heure au palais présidentiel d’Helsinki, pour un premier face-à-face avec le président américain, était certainement programmée. Mais Donald Trump est parvenu à renverser la situation...

commentaires (5)

cote de popularite de Trump augmente au USA … il faut dire que Trump dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas !! il faut arreter cette hypocrisie entre service Russe et Américains … vous etes d'accords ensemble et vous vous partager les taches

Bery tus

21 h 06, le 17 juillet 2018

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Commentaires (5)

  • cote de popularite de Trump augmente au USA … il faut dire que Trump dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas !! il faut arreter cette hypocrisie entre service Russe et Américains … vous etes d'accords ensemble et vous vous partager les taches

    Bery tus

    21 h 06, le 17 juillet 2018

  • IL N,EST PAS SI BETE QUE CA... IL VEUT ARRIVER A SES FINS PAR D,AUTRES INTERPOSÉS SANS RISQUER LES VIES ET L,ECONOMIE AMERICAINES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 12, le 17 juillet 2018

  • "M. Poutine a offert à l’Américain un ballon du Mondial 2018.": pour lui faire comprendre que la balle est dans son camp?

    NAUFAL SORAYA

    10 h 01, le 17 juillet 2018

  • C,EST PAS TOUT MAUVAIS COMME CHANTE DANS CET ARTICLE. LA COOPERATION AMERIQUE-RUSSIE EST NECESSAIRE ET POSITIVE POUR LE MONDE. ET C,ETAIT UNE ERREUR LE G7 AU LIEU DU G8 ! CERTES C,EST PAS TOUT BON AUSSI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 06, le 17 juillet 2018

  • Je ne comprend pas ce zele envers les Russes... Les USA ne font que s’ingerer dans tous les pays du monde, aucun pays, et je dis bien aucun pays n’y echappe, si cela ne serait qu’un soit peu vrai, de quel droit les etats unis y aurait droit et pas les Russes???? Qui a definit cette regle mme Rech??? Qui a nommer les Usa maitre du monde? Une bonne relation de ces 2 pays menerait notre monde vers plus de tranquillite, je ne comprend pas les belliqueux...

    Bee S

    07 h 40, le 17 juillet 2018

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