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Liban - Décryptage

Juillet 2006-juillet 2018 : la guerre sous une autre forme, selon le Hezbollah

Le douzième anniversaire du déclenchement de la guerre de juillet 2006 est passé discrètement cette année. Ni discours du secrétaire général du Hezbollah ni cérémonie particulière, les Libanais étant trop occupés à se débattre dans leurs problèmes quotidiens et la classe politique à débattre des exigences des uns et des autres dans le cadre de la formation du gouvernement. Pourtant, cette guerre, et surtout son issue ont constitué un changement stratégique dans le rapport des forces dans la région. C’était en effet la première guerre israélo-arabe à ne pas opposer des armées régulières à l’armée israélienne. C’était aussi la première guerre israélo-arabe à durer aussi longtemps, 33 jours, tout en perturbant l’intérieur israélien, à cause du lancement des missiles du Hezbollah. C’était enfin la première guerre israélo-arabe à ne pas se terminer par une victoire israélienne, mais au contraire par le retrait de l’armée attaquante de toute la portion de territoire libanais qu’elle avait envahie.

Certes, au Liban, il y a eu un grand débat interne au sujet de l’évaluation des résultats de cette guerre. Pour le camp du 14 Mars de l’époque, le Hezbollah n’a pas remporté une victoire puisque le coût payé par le pays en destructions et à cause des effets du blocus qui lui a été imposé était exorbitant. Mais, en général, les experts en stratégie militaire ainsi que ceux qui suivent les médias israéliens sont d’accord pour dire que cette guerre a constitué une cuisante défaite pour les Israéliens. Ceux-ci en avaient en effet fixé les objectifs dès le début des opérations militaires en parlant d’éliminer le Hezbollah, pour finir par dire, aux derniers jours de la guerre et lorsque les négociations pour l’arrêt des hostilités avaient commencé à l’ONU, qu’il s’agissait de libérer les soldats israéliens capturés le 12 juillet et d’affaiblir le Hezbollah en obtenant son retrait du Liban-Sud jusqu’à la limite du fleuve Awali (Saïda). C’était d’ailleurs les principales dispositions de la résolution 1701 qui prévoyait aussi la dynamisation du rôle de la Finul qui devait épauler l’armée libanaise, laquelle devait à son tour se déployer de façon importante au Sud. De même, les responsables israéliens avaient affirmé pendant cette guerre qu’ils avaient réussi à détruire les capacités du Hezbollah à lancer des missiles...


(Lire aussi : Mines et sous-munitions : Les deux tiers du Liban-Sud nettoyés)


Aujourd’hui, 12 ans plus tard, force est de constater que le parti chiite, par la voix de ses responsables, affirme posséder plus de 100 000 missiles et avoir augmenté donc sa puissance en effectifs et en armes, ayant désormais des drones, mais maintient le flou sur sa possession d’armes de défense antiaérienne. En douze ans, le Hezbollah est devenu une force militaire dont il faut tenir compte dans la région, au point que l’administration américaine a désormais décidé de lui imposer des sanctions économiques directes pour l’affaiblir en asséchant ses sources de financement.

Certes, au Liban-Sud, le calme règne depuis l’adoption de la résolution 1701, mais les responsables du Hezbollah ne cessent d’affirmer que le parti se tient prêt à toute éventualité, alors que l’armée, qui a dû mener des batailles le long de la frontière libano-syrienne, n’a pas pu augmenter ses effectifs dans la région. C’est dans ce contexte que le parti chiite considère que les résultats de la guerre de 2006 ont instauré une sorte d’équilibre de la terreur, qui oblige les parties concernées à respecter, bon gré mal gré, le principe de cessation des hostilités.

Avec le recul, on peut donc dire que la guerre de 2006 n’a atteint aucun de ses objectifs déclarés : les soldats israéliens capturés ont été libérés dans le cadre d’un processus de négociations indirect entre le Hezbollah et les Israéliens via une médiation allemande, et le Hezbollah n’a pas été affaibli. Au contraire, il a augmenté sa puissance au point d’être considéré comme une force ayant joué un rôle déterminant dans la guerre en Syrie, aux côtés des forces du régime.


(Lire aussi : Au Liban-Sud, « sur un foyer de guerre, construire un foyer de paix »)


D’ailleurs, cette année, le souvenir de la guerre de 2006 coïncide avec la reprise par l’armée syrienne de la province de Deraa, où la révolte contre le régime avait commencé en mars 2011. Aux yeux du Hezbollah, c’est en tout cas la défaite israélienne de 2006 qui a provoqué la guerre en Syrie, dans une tentative de la part des Israéliens et des Américains de porter un coup fatal à l’axe de la résistance, en frappant la Syrie après avoir échoué à détruire le Hezbollah. Aujourd’hui, toujours selon le parti chiite, la guerre en Syrie est sur le point de se terminer sur le plan purement militaire et elle n’a pas non plus atteint son objectif principal, celui de renverser le régime et d’affaiblir l’armée syrienne, en imposant un régime plus conciliant à l’égard d’Israël. Mais la confrontation prend désormais une autre forme, celle de la guerre économique et de la volonté d’isoler l’Iran et ses alliés en poussant leurs milieux populaires respectifs à se révolter contre eux.

Pour le Hezbollah, la manœuvre est claire. Il s’agit de la troisième étape de la guerre contre l’axe dit de la résistance, après l’échec de la frappe contre le parti puis contre le régime syrien. Maintenant, c’est donc l’heure de frapper économiquement l’Iran et le Hezbollah. D’ailleurs, des voix s’élèvent au Liban pour affirmer que c’est à cause des sanctions économiques imposées à cette formation que la crise économique et sociale s’est aggravée et qu’elle ne sera pas réglée tant que le Hezbollah restera aussi puissant... Ce qui constitue une confirmation indirecte de l’échec de la guerre de 2006. Mais, pour le Liban, c’est un nouveau défi qui s’annonce.

Le douzième anniversaire du déclenchement de la guerre de juillet 2006 est passé discrètement cette année. Ni discours du secrétaire général du Hezbollah ni cérémonie particulière, les Libanais étant trop occupés à se débattre dans leurs problèmes quotidiens et la classe politique à débattre des exigences des uns et des autres dans le cadre de la formation du gouvernement....

commentaires (6)

Un calme absolu a la frontiere nord d"israel depuis 2006 L'armee Libanaise au sud Victoire de qui? Pendant que vous y etes Mm Haddad pourquoi ne pas affirmer que toutes les revolutions Arabes a partir de Tunis, le Caire , Dereea sont concu et realise par Israel? La Syrie connaissait un calme complet avec Israel et etait son meilleur " ami " La preuve est que Israel reclame aujourdh'ui son retour et a l'Iran et le HB de quitter la Syrie pour connaitre a nouveau ce calme

LA VERITE

15 h 42, le 14 juillet 2018

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Commentaires (6)

  • Un calme absolu a la frontiere nord d"israel depuis 2006 L'armee Libanaise au sud Victoire de qui? Pendant que vous y etes Mm Haddad pourquoi ne pas affirmer que toutes les revolutions Arabes a partir de Tunis, le Caire , Dereea sont concu et realise par Israel? La Syrie connaissait un calme complet avec Israel et etait son meilleur " ami " La preuve est que Israel reclame aujourdh'ui son retour et a l'Iran et le HB de quitter la Syrie pour connaitre a nouveau ce calme

    LA VERITE

    15 h 42, le 14 juillet 2018

  • La guerre des autres sur le territoire du Liban dure et perdure toujours. L'Etat libanais n'a rien à voir avec tout ce qui trame et combine sur son territoire.

    Un Libanais

    13 h 29, le 14 juillet 2018

  • LE BARATIN A L,HONNEUR TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD DANS VOTRE ANALYSE QUI DERAILLE DE PARTOUT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 05, le 14 juillet 2018

  • Comme d'habitude votre " décryptage " s'apparente a de la désinformation : Selon vous et le Hezbollah : 1 " la guerre en Syrie avait pour objectif de remplacer le régime par un régime plus conciliant envers Israel" !( comme s'il ne l’était pas) 2 la crise économique serait due au sanctions US contre le Hezbollah !

    Tabet Ibrahim

    08 h 18, le 14 juillet 2018

  • Curieusement, Mme Haddad feint de croire que c'est Israël qui a déclenché la guerre en 2006! Alors que l'évidence, appuyée par maint discours de Nasrallah montre que c'est l'inverse. De même, en Syrie, c'est bien l'attitude du régime qui a transformé en révolution, puis en guerre, ce qui n'était, au départ, qu'une simple révolte.

    Yves Prevost

    07 h 20, le 14 juillet 2018

  • J’ai arrêter a équilibre de la terreur !! Vos conseiller et expert en stratégie militaire vous ont ils dit qu’israel N’a employer que 30% de son effectif militaire ?!? Vous ont ils dit aussi que pour avoir un équilibre de la terreur il faudrait aussi que l’arme qui subit un invasion devrait Elle aussi pouvoir envahir ?!? Madame vos propagandes sont bon pour endormir l’intérieur Libanais ... mais ne valent rien pour les libanais de l’extérieur

    Bery tus

    07 h 16, le 14 juillet 2018

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