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Liban - Liban-Sud

Au Liban-Sud, « sur un foyer de guerre, construire un foyer de paix »

À Qaouzah, une laïque consacrée française édifie, sur un terrain de l’archevêché maronite, une maison d’accueil couleur arc-en-ciel.

L’Arche de la paix en construction.

Près du village de Qaouzah (Liban-Sud), la forêt Saint-Joseph est un havre de silence. Entre les arbres, on aperçoit une vallée verdoyante semée d’arbustes en fleurs et d’arbres qui dispensent une ombre bienfaisante. Voilà la frontière entre Israël et le Liban. En juillet 2006, ce paradis était devenu un enfer, lieu de conflit et de discorde. Béatrice, une consacrée (une personne qui dédie sa vie à Dieu hors d’un ordre religieux) française dynamique a une ambition : faire de ce foyer de guerre un foyer de paix. Le nom du village porte en lui tout le projet : Qaouzah signifie arc-en-ciel. Le but est de construire un arc-en-ciel entre les différentes communautés du Proche-Orient, de bâtir un pont entre chrétiens et musulmans.

En 2009, la Délégation catholique pour la coopération (DCC) envoie Béatrice au Liban comme volontaire. Pendant deux ans, elle enseigne le théâtre et la musique aux enfants du collège Saint-Joseph des sœurs des Saints-Cœurs, dans le village de Aïn Ebel. Les classes dont elle s’occupe sont mixtes, composées d’élèves chrétiens et musulmans. À travers l’enseignement, elle découvre que le dialogue entre membres de religions différentes est possible et se rend compte de combien il peut être riche et fécond.

En 2011, le synode des Églises orientales exprime son inquiétude quant au déclin de la vie contemplative en Orient. Ce constat ravive chez Béatrice l’appel à la vie monastique reçu dans son enfance. Elle a une conviction : tout homme doit apporter à sa vie une dimension contemplative afin de retrouver une paix intérieure. Elle aspire également à « vivre et rayonner la paix au Proche-Orient ». Elle élabore alors le projet d’un lieu où chacun, chrétien comme musulman, pourra venir chercher l’apaisement et prier pour la paix.

En exposant son idée à l’archevêque maronite de Tyr, Chucrallah Nabil el-Hage, elle ne savait pas encore qu’elle répondait à une aspiration profonde du prélat. Ce désir de construire la paix au Proche-Orient est ancré en lui depuis longtemps. Le jour même de son ordination, Mgr Hage avait fait écrire sur le carton d’invitation : « Nabil el-Hage, prêtre pour la paix au Proche-Orient ». Fruit de la collaboration entre ces deux apôtres de la conciliation, l’Arche de la paix commence à s’édifier sur la colline Saint-Joseph qui appartient à l’archevêché de Tyr. 

Une arche refuge
En juin 2015, de petits ermitages furent achevés. Régulièrement, des retraitants viennent y passer un week-end ou quelques jours afin de retrouver la paix. « À l’écart de ce monde qui nous fait courir à perdre haleine, ils trouvent un lieu calme où se ressourcer », explique « sœur » Béatrice. Tous furent bâtis dans le style traditionnel avec un intérieur très simple : une table basse, des poufs et des tapis en constituent tout l’ameublement. Béatrice souhaite, en effet, que ce projet soit avant tout celui des Libanais. Elle s’efforce donc d’y associer les villageois de Qaouzah et des environs. « Je le leur répète sans cesse : ces ermitages sont pour vous, ce sont les vôtres ! Je veux réveiller ici l’amour du Proche-Orient et la volonté d’y amener la paix. »

Quant à l’arche elle-même, sa construction a débuté il y a maintenant deux ans. Elle comprendra une chapelle pour l’exercice du culte ainsi que plusieurs salles où se tiendront des séminaires et des conférences. Ce sera un lieu d’accueil, d’hospitalité et de dialogue. Sœur Béatrice souhaite faire venir des intervenants spécialistes de la religion chrétienne et de l’islam. Ils exposeront la notion de paix dans la Bible et dans le Coran. L’objectif est que tous les croyants puissent discuter ensemble, dans une volonté commune de réconciliation et de construction de la paix. Elle projette aussi de mettre en place d’autres ateliers (une initiation à la danse sacrée par exemple), dont certains seront animés à plusieurs voix par des psychothérapeutes et des théologiens. Elle rappelle en effet que « la première paix que chacun doit chercher est la paix intérieure. Il pourra ensuite la transmettre ». 

Le jardin de la paix
Autour de l’arche en construction s’étend un vaste parc en cours d’aménagement. Dans ce labyrinthe de rochers, de plantes et de bassins, beaucoup d’animaux ont trouvé leur place. Si leur rôle est d’abord utilitaire (le chien garde la propriété, les poules pondent des œufs, les brebis contribuent à débroussailler la forêt), leur présence a aussi une valeur symbolique : des colombes sont là pour symboliser la paix ; un dromadaire blanc insuffle au lieu l’énergie du désert. Cette joyeuse ménagerie marque enfin une volonté de réconciliation entre l’homme et la nature, entre Adam et le jardin d’Éden.

Pour achever ce beau projet, Béatrice a besoin de toutes les bonnes volontés. Certains paroissiens de Qaouzah et des villages voisins viennent parfois lui donner un coup de main. L’association chiite Verts sans frontières a également proposé son aide pour débroussailler la forêt. Le jardin de la paix est donc déjà l’œuvre de chrétiens et de musulmans. Sœur Béatrice y a planté une espérance : « De ce terreau multiconfessionnel émergera l’olivier de la paix. »

Près du village de Qaouzah (Liban-Sud), la forêt Saint-Joseph est un havre de silence. Entre les arbres, on aperçoit une vallée verdoyante semée d’arbustes en fleurs et d’arbres qui dispensent une ombre bienfaisante. Voilà la frontière entre Israël et le Liban. En juillet 2006, ce paradis était devenu un enfer, lieu de conflit et de discorde. Béatrice, une consacrée (une personne...

commentaires (8)

Super émouvant, bravo.

Eddy

12 h 25, le 07 juin 2019

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Commentaires (8)

  • Super émouvant, bravo.

    Eddy

    12 h 25, le 07 juin 2019

  • Pour les amis d'Andre Mallouk et leurs descendants qui auraient entendu parler de "son œuvre" André Mallouk, Philosophe et Théologien, riche d'une proximité de l' AUB, à enseigne la philosophi.e à l'Universite Notre. Dame au Canada, puis en France à fréquente les dominicains du "Saulchoir" et vécu un moment , "quasi ermite" dans la propriété "Eaux Vives" des mêmes dominicains à Soizy sur Seine Son sens de "l'Arabite" était remarquable

    Chammas frederico

    13 h 03, le 17 juin 2018

  • Riche idée que celle des ermitages disséminés avec un çetre ou "les ermites temporaires" peuvent vivre une "expérience monastique temporaire" près d'un centre ou ils peuvent trouver le minimum dont ils ont besoin tant matériellement qu'en guida ce spirituelle" ...sans nécessité " d'adhérer" à une religion différente de leur croyance ancestrale" Il faut féliciter et aider "sœur Béatrice" Une pensée pour le "père Mallouk" qui a tenté une expérience similaire au Foyer Nazareth" près de Fribourg en Suisse

    Chammas frederico

    11 h 36, le 17 juin 2018

  • UNE TRES BONNE INITIATIVE QUE JE SOUHAITE COURONNEE DE SUCCES ET QUI PUISSE METTRE AVEC LA PAIX FIN A LA PRESENCE DES MERCENAIRES IRANIENS DANS LA REGION ET RENDRE LA LIBERTE A SES HABITANTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 49, le 17 juin 2018

  • Que Dieu nous envoit des Beatrices pour chacune des régions libanaises. On en a tant besoin. Bon courage!

    Wlek Sanferlou

    16 h 18, le 16 juin 2018

  • Un M E R C I enthousiaste et chaleureux à Béatrice...(une Occidentale, notez-le bien) ! Fera-t-elle revivre le Liban au Sud que nous avons connu avant que ne viennent les comploteurs usurpateurs de notre terre pour accomplir leurs projets non-libanais ? Et y aura-t-il d'autres Béatrices pour faire la même chose au Nord, à l'Est et à l'Ouest de notre beau pays ? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 26, le 16 juin 2018

  • Recherchez dans l'histoire du Liban depuis sa création et même avant , il n'y a jamais eu de conflit entre les musulmans du Sud Liban et les chrétiens de cette région . POURQUOI enfoncer des portes ouvertes ?

    FRIK-A-FRAK

    10 h 55, le 15 juin 2018

  • Voilà l'exact modèle de ce qui devrait être fait dans la Qadicha! Merci Béatrice!

    Yves Prevost

    07 h 32, le 15 juin 2018

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