Rechercher
Rechercher

Liban

Le projet WAII financé par l’UE vise à lutter contre les conduites addictives à Tripoli

Mis en place en 2016, le projet WAII est un programme qui vise à sensibiliser les jeunes à la lutte contre l’usage des drogues.

À Tripoli, d’après un questionnaire réalisé auprès de 137 parents, près de 60 % d’entre eux ne savent pas où aller pour trouver des informations concernant les substances addictives (drogues, alcool, médicaments, etc.) ou les traitements adéquats pour ne plus être dépendant. Afin de lutter contre ce manque d’informations et de prise en charge, le projet WAII a été mis en place à Tripoli et dans sa région en octobre 2016. Chapeauté par l’ONG libanaise Oum el-Nour et la fondation Sadafi, WAII a pour but de briser les tabous autour de la drogue et notamment de prévenir et de sensibiliser les plus jeunes.

Le projet est financé par l’Union européenne et s’inscrit dans le cadre du programme de l’UE pour la justice sociale au Liban. Il compte parmi huit projets semblables exécutés dans le cadre du programme européen en question.
Pour mettre en chantier le projet WAII, Oum el-Nour a travaillé en lien avec dix ONG du secteur pour les former, grâce à des interventions s’étalant sur trois jours, aux problématiques de l’addiction et les aider à prévenir les comportements dépendants. Oussama Attar est membre de l’ONG Ribat qui a profité de ces sessions de formation. À la suite de celles-ci, il a mis en place un programme de « compétences de vie » avec 80 jeunes. Ce projet ciblait particulièrement les thèmes de la décision et de la coopération. « Travailler sur la décision, le leadership, c’est apprendre aux jeunes à savoir dire non, et par extension à dire non à la drogue, même s’il y a une pression de groupe derrière, souligne M. Attar. Pour la partie coopération, nous avons mis en place des activités sportives. »

Pratiquer une activité physique offre une hygiène de vie qui éloigne possiblement de la drogue. « Nous connaissons les jeunes qui viennent et nous ne savons pas s’ils consomment car le sujet est très tabou, relève M. Attar. Ici, nous jouons vraiment la carte de la prévention », poursuit-il. D’après un questionnaire réalisé auprès de 445 jeunes Tripolitains, près de 30 % d’entre eux pensent que parler de drogue augmente la curiosité à leur propos, ce qui ne serait pas positif. Le travail des ONG sur le terrain est donc essentiel.

WAII a également mis en place des interventions dans les prisons d’hommes et de femmes de Tripoli, à al-Kobbé. Grâce à un questionnaire, ils ont identifié environ 300 consommateurs sur 1 000 détenus. Ceux et celles qui le souhaitaient ont pu bénéficier d’un suivi de la part du personnel médical de la prison. Les soignants de la prison ont également profité d’une formation pour être plus à même d’aider et de renseigner les détenus sur les substances addictives.


(Lire aussi : Toxicomanie : Hammoud presse pour une justice moins répressive et plus curative)


Répondre aux besoins de la population
Enfin, le projet a également lancé une hot line, un numéro que la population peut appeler pour obtenir des renseignements sur les substances addictives. « La plupart du temps ce sont des parents qui appellent pour leurs enfants afin d’en savoir plus, pour savoir comment reconnaître les signes d’une dépendance », indique Diana Alam, qui est en charge de cette ligne téléphonique. Certains appellent également pour leur conjoint ou leur conjointe. Beaucoup plus rarement, ce sont des personnes dépendantes qui contactent la hot line. « C’est très difficile d’admettre qu’on est dépendant, et encore plus de demander de l’aide, analyse la conseillère. Ce mode de communication et de sensibilisation fonctionne très bien car le centre est passé de 30 appels par mois à 30 appels par semaine. » C’est autour de mai 2017 que le dispositif a vraiment commencé à rencontrer du succès. WAII a à cœur de développer l’écoute. « Tripoli a une population majoritairement jeune », explique Bachir Aoud, chef de projet. « C’est pour cela que cibler la jeunesse est un enjeu. Pour cette raison, nous nous sommes également rendus dans des écoles pour sensibiliser ce public. »

L’un des autres enjeux du projet est de rassembler des statistiques concernant les comportements addictifs et les rapports aux drogues, que celles-ci soient dites dures ou alors que l’on parle d’alcool ou de médicaments. Pour pallier à ce manque, Oum el-Nour a réalisé une enquête de terrain. Les résultats sont parfois surprenants. À la question : « Certaines drogues comme le haschich sont-elles dangereuses ? », près de 23 % des parents ont répondu que non contre 14 % des jeunes. Cela signifie qu’un adulte sur cinq minimise les effets et les risques des drogues. Face à ce genre de réponse, le travail de prévention de WAII prend alors tout son sens. Le projet devrait se poursuivre jusqu’en septembre 2018.



Lire aussi

Pour sensibiliser contre la drogue, le chargé d'affaires saoudien à Beyrouth s'allie avec les motards

Hariri demande de hisser un drapeau blanc pour sensibiliser contre la drogue



À Tripoli, d’après un questionnaire réalisé auprès de 137 parents, près de 60 % d’entre eux ne savent pas où aller pour trouver des informations concernant les substances addictives (drogues, alcool, médicaments, etc.) ou les traitements adéquats pour ne plus être dépendant. Afin de lutter contre ce manque d’informations et de prise en charge, le projet WAII a été mis en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut